Le secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF), Christophe Deloire, a affiché son indignation sur l’affaire Pape Alé Niang. A sa sortie d’une visite rendue au confrère à la prison de Sébikotane, il a exhorté hier le président de la République Macky Sall à respecter ses engagements en matière de liberté de la presse. « Nous nous souvenons tous qu’à sa première élection, le président Macky Sall a formellement annoncé qu’aucun journaliste ne serait en prison au Sénégal pendant son exercice du pouvoir», a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, cité dans un communiqué de son organisation.
«Nous appelons le président Macky Sall à mettre fin sans attendre à cette infraction aux principes de la liberté de la presse», a ajouté M. Deloire à l’occasion de sa visite à Pape Alé Niang. Lors de sa rencontre avec M. Deloire, le journaliste est apparu «mobilisé, déterminé, évoquant ses dernières enquêtes, qui lui ont valu d’être incarcéré», dit RSF dans un communiqué. RSF vient d’élargir le champ d’action de son bureau de Dakar dirigé par notre confrère Sadibou Marone à l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, soit plus de 40 pays.
« Il vaut mieux à tout point de vue qu’il soit mis fin au plus vite à cette situation sinon il y a un risque évident pour l’image du Sénégal », a-t-il lancé, martelant qu’« un journaliste d’investigations n’est pas quelqu’un de l’administration (ou) qui travaille pour la police. C’est quelqu’un qui doit faire connaître la vérité, que le pouvoir peut être voudrait vouloir taire. » De plus, en tant qu’ancien journaliste d’investigations, a-t-il relevé, « j’ai sorti des centaines de documents, qui étaient classifiés et je n’ai jamais fait un jour dans un commissariat de police ou en prison. Il serait normal que cela soit la même chose au Sénégal. »
Ainsi, partant du principe que « c’est assez désastreux pour le Sénégal qu’un journaliste se trouve aujourd’hui en détention », il n’exclut pas de porter le combat au niveau international. « Si cette situation devait continuer, nous l’amplifierons, et nous porterons de manière plus forte au plan national cette situation intolérable », a-t-il menacé, soulignant que « d’une certaine manière, la mobilisation dépasse déjà les frontières parce que je suis là aujourd’hui. Mais, ce sera encore plus le cas. »
Dans son argumentaire, il n’a pas manqué de rappeler que « le président sénégalais Macky Sall, lorsqu’il a pris ses fonctions, s’est engagé à ce que pendant l’exercice de son pouvoir, de ses mandats, qu’aucun journaliste ne soit placé en détention. C’est un engagement qu’il a souscrit aussi devant moi, (lors du) forum de Paris sur la paix, c’était le 11 novembre 2018, je m’en souviens très bien. Il était là avec des chefs d’État et de gouvernement pour lancer le partenariat sur l’information et la démocratie. On avait tenu à ce que le Sénégal fasse partie des premiers États. Il (Macky Sall) avait renouvelé cet engagement. Cet engagement, ce n’est pas un petit engagement. Il y a une infraction évidente. »
Le Secrétaire général de (Rsf) de rappeler que ce n’est pas pour rien, après la création du bureau Afrique de l’Ouest au Sénégal, que l’ensemble des activités de (Rsf) sont couvertes depuis Dakar.
Aujourd’hui, le chef de l’État sénégalais est appelé « solennellement à mettre fin au plus vite à cette infraction à son propre engagement », par Christophe Deloire. Pour qui, « ce qui est important, c’est que le Sénégal doit être un exemple. Le Sénégal est un pays important dans la région. C’est un pays en fonction de ce qui s’y passe peut avoir des effets dans d’autres pays de la région et dans d’autres pays d’Afrique. D’autant plus que le président Macky Sall est aussi le président de l’Union africaine (Ua). Donc, il faut se rendre compte de l’impact de telles incarcérations et des effets négatifs qu’elles peuvent avoir sur la liberté de la presse et la démocratie dans les pays de la région. »
Donnant des nouvelles du journaliste, les confrères l’ont trouvé « combatif ». « On le connait, il a un état d’esprit de journaliste d’investigation. On a parlé du fond de l’affaire. C’est quelqu’un qui est attaché à parler de documents, de preuves, de son travail, et c’était impressionnant de voir un journaliste d’investigation dans une prison comme celle-ci », a-t-il ajouté.
Le journaliste Pape Alé Niang est en détention depuis 24 jours. « Ça suffit », a lancé Ibrahima Lissa Faye de la Cap.