Trahie par son amoureux, auteur de sa grossesse : Nicole Faye accouche en catimini, enveloppe le bébé avec un foulard et le met dans un seau

par pierre Dieme

Pour préserver son honneur, la jeune fille, Nicole Faye, qui a contracté une grossesse avant le mariage, a choisi de mettre un terme à la vie de son nouveau-né. Pour ces faits qualifiés d’infanticide, elle a comparu, ce mardi, à la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Pour ce crime, Nicole Faye encourt 5 ans de prison ferme. Elle sera édifiée sur son sort le 6 décembre prochain. 

Certaines femmes vendraient tous leurs biens pour avoir un enfant. Mais d’autres, pour ne pas être la risée de leur entourage, s’offrent le luxe de tuer ces pauvres innocents indésirés. Tel est le cas de Nicole Faye qui a été appelée à la barre de la chambre criminelle de Dakar, ce mardi, pour répondre du crime d’infanticide. Les faits qui lui valent sa comparution se sont produits au quartier Ouest Foire dans la nuit du 25 avril 2020.  L’accusée qui était alors âgée de 30 ans, venait de mettre au monde un bébé. Après la délivrance, Nicole a décidé d’abréger les jours de cet enfant issu d’une relation hors mariage.

Comment ? Après avoir accouché dans la salle de bains, elle enveloppe le corps inerte de l’enfant dans un foulard avant de l’introduire dans un seau qu’elle a soigneusement dissimulé sous son lit. Dans un premier temps, elle tente de se rendre toute seule à l’hôpital avant d’abdiquer. Mal-en-point, elle a finalement été conduite par sa mère, chez un médecin vers les coups de 6h du matin pour être auscultée. C’est ainsi que l’homme de l’art a découvert que la demoiselle venait d’accoucher récemment avant d’aller la dénoncer. C’est sur ces entrefaites qu’une perquisition a été effectuée chez elle. À l’issue de cette fouille, le cadavre a été retrouvé.

Nicole Faye : «L’auteur de ma grossesse m’a fait croire qu’il est célibataire. Par la suite, il soutient qu’il est en instance de divorce. Finalement, il m’a trahie en épousant une seconde épouse au mois d’Octobre 2019»

Après presque trois (3) ans de détention préventive, Nicole Faye a finalement fait face, ce mardi, aux juges de la Chambre Criminelle du tribunal de grande Instance de Dakar. Étudiante en master 2 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la juriste en herbe a plaidé non coupable. Revenant sur la genèse des faits, elle raconte qu’elle a contracté la grossesse des œuvres de son amoureux avec qui elle a entretenu des relations sexuelles pendant presque 2 ans. Éperdument amoureuse de celui-ci, Nicole n’a récolté que des déceptions. « Notre relation s’est basée sur un mensonge. Au début, il m’a fait croire qu’il est célibataire. Par la suite, il soutient qu’il est en instance de divorce. Finalement, il m’a trahie, en épousant une seconde épouse au mois d’Octobre 2019. C’est sur les réseaux sociaux que j’ai appris cette union. À l’époque, j’étais en état de grossesse de 3 mois », a-t-elle relaté.

Nicole Faye : «J’étais obligée de cacher la grossesse à mon entourage. J’étais leur fille modèle »

Nicole précise également que depuis qu’elle a su son état, elle a tout fait pour informer son petit ami mais en vain. «À chaque fois, il lisait mes messages, mais il ne répondait jamais. J’étais obligée de cacher la grossesse à mon entourage. Je ne devais pas tomber enceinte. J’étais leur fille modèle. J’étais une référence. J’avais honte de leur avouer mon état », s’est-elle désolée. Revenant sur le jour de son accouchement, elle explique : « C’est au mois de mai que je devais accoucher. Mais, ce 25 avril, dans la matinée, alors que j’étais sur le point de faire le ménage, j’ai senti des douleurs alors que je montais les marches. Je me suis reposée un peu avant de poursuivre mes activités. C’est vers 19h, à l’heure de la rupture du jeûne que j’ai à nouveau eu des contractions. Surtout après avoir avalé la datte. J’ai eu des nausées. C’est ainsi que je me suis dirigée vers la salle de bain. Je ne cessais de transpirer. J’ai ainsi pris des médicaments. Mais au bout de quelques minutes, les contractions ont repris. Je suis retournée à la salle de bain», raconte-t-elle.

C’est à cet instant qu’elle a senti, dit-elle, la tête du bébé qui était en train de sortir. « Je n’ai fait aucun effort. Le bébé est sorti comme ça, avant d’atterrir sur les carreaux. » Quant aux allégations des faits enquêteurs selon lesquelles Nicole, après avoir mis au monde son enfant, l’a étranglé avec son foulard avant de le cacher dans un seau, elle les a battues en brèche : «Elle n’était pas vivante. Je l’ai soulevée avec le foulard que j’avais enroulé autour du cou car j’avais peur. Elle avait la peau noire voire cramée», s’est-elle justifiée.

Procureur : «Sa honte profonde n’a pas réveillé son instinct maternel»

Les dénégations de Nicole n’ont pas convaincu le représentant du ministère public selon qui le bébé était dans cet état car il était asphyxié. D’après le maître des poursuites, le certificat de genre de mort fait état d’une mort par strangulation.  «L’enfant est né avec le corps complètement cyanosé. La couleur normale de la peau a viré vers le bleu ou bleuté. Cela veut dire que le sang n’a pas bien circulé», a relevé le représentant du parquet. Selon le magistrat du parquet, l’accusée n’a pas voulu que l’enfant naisse. «Elle a eu à cacher sa grossesse. Elle n’a fait aucune visite prénatale. Au moment où elle a eu des contractions, elle est allée aux toilettes car elle savait que l’accouchement était imminent. Elle a dit à la barre qu’elle sentait le fœtus sortir mais elle n’a rien fait pour le retenir. Elle a tenu ces propos pour faire prospérer la thèse de l’accident. Il y a des faits qui ne trompent guère. La médecine actuellement est tellement en avance qu’on peut déduire de certaines informations des éléments qui renseignent si le bébé est né vivant», a-t-il martelé.

Selon le substitut du procureur, l’accusée s’est identifiée à une personne idéale parce que sa maman a placé en elle beaucoup d’espoir. « Elle n’a fait aucune visite prénatale. Elle et son enfant couraient beaucoup de risques. Elle n’a pas cherché à comprendre, elle est allée vers son objectif », poursuit le maître des poursuites. « Sa honte profonde n’a pas réveillé son instinct maternel », s’est-il désolé avant de requérir 5 ans de réclusion criminelle contre Nicole Faye.

Me Assane Dioma Ndiaye : «avant les faits, elle était militante des droits de l’homme. Elle a travaillé dans des ONG»

Les avocats de la défense ont, eux, plaidé la clémence du tribunal. « Toutes les personnes qui ont côtoyé Nicole savent qu’elle est polie, courtoise et correcte. Avant les faits, elle était militante des droits de l’homme. Elle a travaillé dans des ONG », a relevé Me Assane Dioma Ndiaye. Me Dior, quant à elle, estime que sa cliente est victime de la société. « Elle a été éduquée avec des vertus et au regard de la tradition sénégalaise. Elle est très attachée à sa mère », a relevé la robe noire. « Je demande solennellement à cette juridiction d’apporter à cette dame les plus larges circonstances atténuantes. Permettez-lui de reprendre ses études. Soyez clément à son endroit quelle que soit votre conviction », a supplié Me Konaté.

Suivant la logique de son avocat, Nicole , en larmes , a présenté ses excuses à sa mère, à sa sœur et à toutes les personnes qui lui ont apporté leur soutien durant cette épreuve. L’affaire mise en délibéré, elle sera édifiée sur son sort le 6 décembre prochain.

Adja Khoudia Thiam

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