C’est à la Médina qu’on voit des maisons centenaires qui tiennent toujours. Ces maisons pour la plupart construites par les colons pour loger les travailleurs qu’ils embauchaient chez eux comme techniciens de surface, ménagères ou encore employés de l’administration coloniale.
114 bâtiments devraient être démolis, mais leurs propriétaires, pour la plupart, s’entêtent à ne pas quitter les lieux.
Ce quartier est né officiellement en août 1914, l’année de la deuxième épidémie qui a éclaté en mai 1914. C’est l’épidémie de la fièvre jaune. Et 14 ans plus tard, une épidémie de la peste envahit le centre-ville. Et les populations autochtones à nouveau furent appelées à se déplacer, mais cette fois-ci tout à fait hors du Plateau, vers «Xuru Xan» ou «Xan Xur» (dépression de Xan), aussi appelé «Tillén» (repère de till : chacals), où les Français avaient fait construire un village de ségrégation qu’ils ont voulu baptiser Ponty-Ville par arrêté n° 1467 du 19 septembre 1914, signé par le gouverneur William Ponty.
La Médina fut un coin de rêve pour de nombreux Sénégalais venus de l’intérieur du pays, mais aussi de nombreux Africains originaires des territoires limitrophes du Sénégal pour la plupart et venus chercher un mieux-être à Dakar, la capitale de l’Afrique-Occidentale française. Depuis lors, cette contrée de la capitale dakaroise enregistre un flux migratoire croissant qui s’est multiplié d’année en année. Ce boom démographique a causé l’entassement de la population venue de divers horizons pour trouver leur bonheur dans ce faubourg colonialiste devenu au fil des années l’eldorado. Ainsi, les maisons construites depuis des décennies n’ont pas été bâties pour recevoir beaucoup de personnes, mais plutôt un nombre restreint et limité d’habitants. Aujourd’hui, ces bâtiments reçoivent plus de monde et les étages se sont superposés. De vieilles bâtisses surchargées qui virent à la ruine.
Lors d’une visite du ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdoulaye Seydou Sow a fait savoir qu’il a donné des instructions à l’inspecteur général des bâtiments pour identifier l’effectif réel des bâtiments qui menacent ruine en relation avec les maires et sous-préfets et de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour que ces bâtiments ne créent des incidents déplorables. Il ajoute qu’il faudra en ce sens sécuriser les populations. L’inspecteur général des bâtiments a révélé dans une mission d’inspection qu’ils avaient identifié quelques bâtiments qui sont un danger pour la population au niveau de la Médina et qu’il avait donné des indications aux autorités locales pour que ces bâtiments soient évacués et démolis puisqu’ils constituent des menaces pour la sécurité publique.
Et le maire de la commune d’arrondissement a dit sous tous les cieux que 112 bâtiments sont recensés dans sa commune. Ces vieilles constructions menacent la quiétude de la population. Une sommation a été servie par la municipalité à ses occupants de vider les lieux. Malheureusement, le maire s’est heurté à l’entêtement de certains. Conséquence, à chaque effondrement de bâtiment, des pertes de vies humaines sont dénombrées. Le sous-préfet de Dakar-Plateau en visite ce mardi novembre 2022 après l’effondrement d’un pan de mur d’un immeuble à la rue 37×18, a soutenu que « Rendre grâce au Tout Puissant parce qu’il n’y a pas de perte en vie humaine. Le problème qui se pose aujourd’hui c’est la lancinante question des bâtiments menaçant ruine. J’ai été alerté tard dans la soirée vers 2 heures du matin de l’effondrement d’une dalle sis à la rue 37 angle 18 à la Médina. Ainsi informé des dispositions ont été prises pour secourir les victimes ainsi que des personnes qui avaient des blessures légères ont été évacuées par les sapeurs-pompiers. Le sous-préfet a procédé à l’évacuation des familles qui occupaient le bâtiment et a demandé que la maison soit démolie. Aujourd’hui cette question a été prise en charge par la mairie », fait savoir Djiby Diallo qui ajoute que « aux populations, aux bailleurs qui louent les maisons menaçant ruine qu’ils ont des responsabilités sur la vie de ces personnes ainsi les personnes qui acceptent de louer ces maisons. Dans ce même ordre d’idées, les propriétaires ont reçu des sommations pour quitter les dites maisons mais il y a toujours une résistance catégorique des occupants qui soutiennent qu’ils n’ont nulle part où aller. La vie humaine n’a pas de prix. On peut les accompagner à sortir des maisons, mais on ne peut pas les loger. On demande aux bailleurs de restituer les cautions à la mairie ».
L’autorité lasse de continuer à constater les dégâts causés par ces effondrements et face au refus des occupants de ces cercueils, annonce qu’« un plan d’opération est en cours pour la démolition des maisons. Une planification est prévue en ce sens. Comme les moyens ne sont pas encore réunis, on ne peut qu’anticiper pour prévenir. » C’est pourquoi il lance un appel à la solidarité des populations. « Nous appelons à une solidarité des populations parce qu’on n’a pas de capacité d’accueil pour reloger les victimes dans les écoles ou centres de formation. Nous demandons aux populations de quitter les maisons recensées menaçant ruine ».
Selon la législation, c’est à la mairie de procéder à la sommation des populations de quitter les bâtiments recensés et considérés comme danger. Après réception de la sommation, il revient aux propriétaires des maisons de procéder à à la démolition de leurs maisons. Le préfet en question n’a pas autorité pour ordonner le démolissement sauf en cas de force majeure et ultime recours.
Pourtant, l’AGETIP travaille à l’élaboration d’un projet qui va révolutionner le visage de la Médina : MÉDINA 2025. D’ailleurs, ce projet est en cours. Car la corniche ouest est en chantier. Ce projet d’envergure se déploie en plein cœur de la Médina sur plus de 8 hectares et bénéficie d’une situation exceptionnelle de par son axe central et sa position nodale dans la commune.
La première tranche de réalisation du projet global MEDINA 2025 sera la reconstruction du marché Tilène sur R+2 niveaux avec sous-sol et la construction des tours Al Madinah Business Center. Ces Tours abriteront le siège de la Mairie, des plateaux de bureaux en coworking aménagés aux normes internationales, des appartements de très grand standing, un centre commercial et un hôtel d’affaires. Selon l’AGETIP, la construction d’écoles primaires, d’un lycée comprenant 64 classes et d’un collège moderne sont prévus dans ce gigantesque projet qui va changer le visage et révolutionner la Médina, le visage du centre-ville de Dakar…
Dakaractu