Abdoul Mbaye ancien Premier ministre, relève que les ministres ne sont pas plus patriotes que les professionnels des médias qui savent faire la part des choses entre le secret qui protège la Nation et celui qui cache les magouilles et la corruption
La sortie, sur un ton menaçant, du ministre de Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Moussa Bocar Thiam, déclarant que la justice va sévir contre ceux qui divulguent des informations jugées secrètes par l’autorité suscite des réactions de désapprobation et de recadrage.
Réagissant à cette menace de l’ex-agent judiciaire de l’État et maire d’Ourossogui, l’ancien Premier ministre sous Macky Sall, Abdoul Mbaye, rappeler le rôle de la presse, relevant que les ministres ne sont pas plus patriotes que les professionnels des médias qui savent faire la part des choses entre le secret qui protège la Nation et celui qui cache les magouilles et la corruption. «Les ministres ne sont pas plus patriotes que les journalistes. Ces derniers savent faire la différence entre le secret qui protège la Nation et celui qui cache les magouilles et la corruption. C’est leur rôle que d’informer sur celui qui viole la loi pour couvrir la prévarication», a posté sur Twitter, le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT). Il s’agit là, en droit, d’un grave manquement d’un fonctionnaire, d’un homme d’État aux devoirs de sa charge : abus d’autorité, détournement de fonds publics, concussion.
Les menaces du ministre de tutelle
Invité de l’émission «Grand jury» sur la RFM, avant-hier dimanche, le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique a fait dans la menace, en répondant à question sur l’arrestation du journaliste Pape Alé Niang. «Nous allons revenir à l’ordre, ne pas autoriser qu’un journaliste ou qu’un consortium de journalistes puissent violer délibérément les secrets défenses qui peuvent nuire à la stabilité de notre pays, à l’honorabilité de nos Forces de défense et de sécurité. Nous devons tous y veiller et il appartient à l’État de prendre ses responsabilités et il le fera. Quelles qu’en soient les conséquences.» Me Moussa Bocar Thiam d’ajouter : «Un journaliste ne peut pas tout dire, tout révéler, quitte à nuire aux intérêts supérieurs de la Nation. C’est intolérable et inadmissible ! Cet intérêt public à informer disparaît, dès lors qu’il y a un intérêt public qui appartient à l’État du Sénégal à travers la stabilité du pays», a-t-il dit.
Se prononçant sur la marche programmée pour la libération du journaliste, il a joué sur la carte de la division des professionnels des médias. «Ce n’est pas le combat de tout journaliste qui est le combat des journalistes», a indiqué, Me Moussa Bocar Thiam, soulignant que l’infraction commise par le journaliste Pape Alé Niang ne concerne pas tout le secteur de la presse, encore moins la corporation. «Par rapport à l’affaire Pape Alé Niang, beaucoup d’acteurs le soutiennent par principe. Parce que c’est un membre de la corporation qui est en difficulté à partir avec la justice.
Mais l’infraction commise par un membre de la corporation, cette difficulté-là, n’est pas celle de l’ensemble du corps ou de la corporation, c’est un citoyen comme tout autre citoyen. Il a commis une infraction de droit commun. Et donc, c’est une question qui le concerne, mais ça ne concerne pas du tout l’ensemble des journalistes.
Je veux rappeler à mes camarades journalistes avec qui je partage le secteur, que ce n’est pas le combat de tout journaliste qui est le combat des journalistes. Parce que pendant des années on a tous constaté les dérives de langage dont il a fait preuve», a insisté le ministre de la Communication, Me Moussa Bocar Thiam, à l’occasion d’une visite effectuée hier lundi matin au siège de l’Union des radios communautaires du Sénégal.
Ibrahima DIALLO