Libérez le journaliste sénégalais Pape Ale Niang !
Si on chante les louanges régulièrement, et à juste titre, de la Révolution
française de 1789 on ne doit pas pour autant oublier la période qui suivit,
celle de 1793, qualifiée de « Terreur », dont les Robespierre, Danton,
Marat et consorts ont inspiré les dictateurs des 19 et 20 ème siècle tels que
Lénine en Russie et Pol Pot au Cambodge, et inspire encore aujourd’hui les tyrans actuels, russes, chinois, coréens, iraniens ou cubains pour ne citer qu’eux.
C’est au nom de cette même Terreur, que les régimes dictatoriaux et autoritaires de la planète répriment les libertés, dont la première d’entre
elles, la liberté d’expression et son corollaire la liberté de la presse. Tous ont en commun leur intolérance à toute contestation, politique, sociale ou religieuse, oubliant les propos du philosophe Voltaire « même si je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, je me battrai pour que vous
puissiez le dire ».
On est en revanche beaucoup plus surpris lorsque les poursuites judiciaires, les arrestations contre les journalistes, émanent d’Etats démocratiques, comme l’exemple vient de nous être donné par le
Sénégal pourtant réputé comme un des plus pays les plus vertueux d’Afrique.
C’est bien sa justice en effet qui vient d’embastiller Pape Ale Niang, administrateur du site d’actualités Dakarmatin.com au motif qu’il a révélé un scandale d’Etat, à savoir l’achat d’armes, pour 45 milliards de F Cfa, à un sulfureux marchand d’armes nigérian, commande passée par le
ministère … de l’environnement sénégalais, et non comme il paraîtrait plus juste par le ministère de la défense ou celui de l’intérieur. En quoi
les garde-forestiers sénégalais ont-ils besoin d’être équipés de fusils mitrailleurs ? Pourquoi avoir classifié cette transaction du sceau « secret
défense » ? L’Etat sénégalais aurait-il traité avec un trafiquant d’armes ?
Et pourquoi ce contrat n’a-t-il pas fait l’objet d’un appel d’offres comme c’est l’usage habituellement ?
C’est pour avoir soulevé ce lièvre a travers une enquête du « Consortium international de journalistes d’investigations » Occrp, que Pape Ale
Niang dort actuellement en prison. En le poursuivant judiciairement et en le détenant dans une geôle le pouvoir sénégalais, qui assure
actuellement la présidence tournante de l’Union Africaine, envoie un très mauvais signal et donne de lui une image internationale déplorable. Il
s’honorerait à lever cette détention arbitraire car la liberté de la presse n’est pas contrairement au permis de conduire un sauf-conduit délivré
par l’Etat, à moins comme disait Voltaire de vouloir exercer la tyrannie la plus odieuse.
François Mitterand, ancien président de la Vème
République, qui aimait à dire qu’il avait deux avocats, « l’un, Robert Badinter pour le droit et l’autre, Roland Dumas pour les affaires » (sic)
avait un jour confié « la liberté de la presse présente des inconvénients, mais moins que l’absence de liberté ». Voilà une parole d’expert que Macky Sall serait bien inspiré d’écouter.
Jean-Yves Duval, chroniqueur West News, directeur du site d’actualités Ichrono et de la radio Ichorono FM, rédacteur en chef de radio de la diaspora sénégalaise dans le monde, et ancien membre de
Reporters sans frontière