Une manifestation de soutien du journaliste d’investigation sénégalais Pape Ale Niang a eu lieu ce samedi 12 novembre devant le siège de Médiapart dans le 11 arrondissement dans la capitale française. Des sénégalais de la diaspora venus de partout se sont joints à cette manifestation pour réclamer la libération immédiate du journaliste.
Après de nombreuses voix qui se sont levées au Sénégal, dans la sous-région mais également à l’international, c’est aujourd’hui autour de la diaspora sénégalaise de France toute couleur politique ou apolitique confondue d’exiger la libération du journaliste d’investigation Pape Ale Niang. Des intellectuels, des magistrats, des journalistes ou des fonctionnaires ont pris part à ce rassemblement de soutien. Après une prise de paroles des différents intervenants, la lecture d’un mémorandum s’en est suivie. Le mémorandum a été déposé auprès de l’organe de presse d’investigation Mediapart, par les organisateurs, un lieu symbolique selon eux : “Nous sommes venus déposer le mémorandum à Mediapart car ce lieu est symbolique pour tout journaliste d’investigations ».
Mediapart est un site d’information français créé en 2008 par les journalistes François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, Marie-Hélène Smiéjan et Godefroy Beauvallet. Reconnu pour le journalisme d’enquête et ayant une ligne éditoriale orientée à gauche, le site est disponible en français, anglais et espagnol. Détenu par une fondation à but non-lucratif, Mediapart joue un rôle important dans les révélations lors de l’affaire Woerth-Bettencourt en 2010, de l’affaire Sarkozy-Kadhafi en 2012, l’affaire Cahuzac en 2012/2013 et de l’affaire Benalla en 2018/2019. Les enquêtes de Mediapart sont à l’origine de plusieurs démissions, comme celle du ministre de l’Ecologie François de Rugy ou de la ministre de la Défense Michèle-Alliot-Marie.
Pour rappel, le journaliste d’investigation sénégalais Pape Alé, directeur du site d’informations Dakar Matin, a été arrêté le 6 novembre 2022 et incarcéré le 8 novembre. Selon ses avocats, il est poursuivi pour divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale, recel de documents administratifs et militaires et diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. Cette diffusion de documents intervient dans le cadre de l’affaire qui lie le leader du parti les Pastef Ousmane Sonko et Adji Sarr, une masseuse qui l’accuse de viol répété et de menace de mort, des accusations que le maire de Ziguinchor dénonce et qualifiant ce dossier de complot.
A Dakar, la Coordination des Associations de la Presse (CAP) a déjà demandé la libération du journaliste. Elle a également annoncé une série d’actions pour exiger la libération de leur confrères. Une marche de protestation est déjà prévue le 18 novembre dans ce sens. Un édito commun sera publié lundi 14 novembre 2022 dans les différents supports de la presse nationale «pour rappeler à l’opinion nationale et internationale que le monstre est de retour».
Autre action suite à cette manifestation des Sénégalais de la diaspora de France, la mise en place d’un Collectif pour la libération de Pape Alé Niang. L’objectif est de continuer à dénoncer la privation de liberté du journaliste, qui selon eux, est une “entrave à la liberté de la presse et un recul démocratique”.
ze-Africanews