Pape Alé Niang, pourquoi votre place ne pouvait être qu’en prison

par pierre Dieme

Monsieur Pape Alé Niang, le titre de ma lettre peut sembler méchant et dénuée de compassion. Je comprends cette perception pour quiconque se limite au titre, sans entrer dans le détail de la lettre et prendre connaissance des arguments développés.  

En effet Pape Alé Niang, votre place est en prison car une célèbre citation d’un syndicaliste canadien, Michel Chartrand, nous apprend que : « Quand des bandits sont au pouvoir, la place d’un honnête homme est en prison ».  

Oui Pape Alé Niang, la majorité des sénégalais le savaient déjà que vous êtes un honnête citoyen, qui aime son pays plus que quiconque, qui rend service à son pays plus que quiconque, qui le défend avec le courage qui fait cruellement défaut à votre bourreau d’aujourd’hui.  

Vous auriez pu être milliardaire depuis belle lurette car bien plus crédible auprès de l’opinion que certains de vos confrères qui ont vendu sans hésitation leur âme au « monstre » gros et gras pour quelques milliers ou millions de francs. Ces journalistes alimentaires vendraient père et mère pour remplir davantage leur panse, à plus forte raison vendre leur patrie. Ne comptez donc pas sur leur solidarité. 

Pape Alé Niang, vous avez constaté comme les honnêtes citoyens que celui qui se présentait en 2012 comme l’espoir de toute une nation en est devenu la malédiction. Son incompétence ayant été très tôt décelée par les citoyens, il s’est alors lancé dans une ignoble conspiration contre ce peuple et contre la république, se transformant en monstre froid, sanguinaire, mais toujours planqué derrière des forces de défense et de sécurité manipulées, derrière des magistrats aussi couchés que corrompus. 

Pape Alé Niang, vous avez constaté comme les honnêtes citoyens que depuis que le monstre a révélé au monde son vrai visage, il ne s’entoure exclusivement plus que de prédateurs, d’hommes et de femmes sans foi ni loi, dénués de toute éthique et de morale. A contrario dès qu’il décèle en l’un de ses collaborateurs un soupçon de probité, de foi, de patriotisme, il le range au frigo ou l’aligne du côté de l’ennemi. Feu Alioune Badara Cissé en sait quelque chose, lui qui est parti avec honneur et dignité, ne laissant plus dans le bateau que des rapaces qui rivalisent de sadisme et de cleptomanie afin de gagner ou conserver des strapontins. 

Pape Alé Niang, vous avez constaté depuis le lancement de la conspiration du monstre, que les grands délinquants n’ont plus droit à la prison. Les criminels économiques épinglés par la CREI, par l’OFNAC, par l’IGE, par la Cours des Comptes, par le CENTIF, par tous les corps de contrôle existants bénéficient tous après cela de décrets de décrets nominations à de hautes fonctions ou de décrets de promotions. Leurs dossiers s’entassent dans des tiroirs, et les corps de contrôle qui les ont épinglés sont muselés. 

Pape Alé Niang, vous avez vu par contre que le monstre et ses bras armés dans le pouvoir judiciaire ne pourchassent plus que les journalistes intègres tels que vous, les chroniqueurs non alimentaires, les opposants à sa politique destructrice et kleptocratique, les adversaires politiques, les lanceurs d’alertes, les activistes qui défendent les libertés, les honnêtes citoyens qui dénoncent la mal gouvernance, les patriotes, les religieux non complaisants.  

En votre qualité de journaliste intègre, indépendant, incorruptible, patriote, courageux, qui a ouvert les yeux à tant de citoyens, qui a débusqué tant de crimes économiques et a refusé de les taire, qui a éventé tant de complots, vous ne pouviez pas du tout échapper à la prison. Rester aussi longtemps libre avec tous les scandales et complots que vous éventez au jour le jour commençait même à devenir suspect. Oui Pape Alé Niang, aussi triste que cela puisse être, la place de l’honnête homme que vous êtes est en prison quand ce sont des bandits qui sont au pouvoir.  

Mais leur fin est proche, ils le savent, même si l’on sait qu’ils se préparent à un bain de sang pour s’accrocher au pouvoir. Puisse le Bon Dieu rendre à vos bourreaux tout le mal qu’ils vous ont fait, et qu’ils font aussi subir aux centaines d’honnêtes citoyens qu’ils jettent en prison ou éliminent avec délectation.  

Boubacar SALL 

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