Prodac, faux billets, passeports diplomatiques… Les rapports de l’IGE mettent toujours en lumière les mêmes manquements. Macky Sall, lui, semble ne pas en avoir cure
Une gestion sobre et vertueuse des deniers publics, c’est ce que nous avait promis le premier des Sénégalais, Macky Sall, à son arrivée au pouvoir en 2012. Dix ans plus tard, le constat est unanime. En lieu et place d’une gestion sobre, c’est une gestion mafieuse que le régime de Benno Book Yaakar a instaurée !
Le président Macky Sall avait parlé de rupture, de gestion sobre et vertueuse, de transparence. Ce qui avait suscité un grand espoir auprès des Sénégalais. Malheureusement, on est encore loin de la matérialisation de ces proclamations de foi vertueuses. A chaque rapport d’un corps de contrôle, une gestion catastrophique des deniers publics est notée. Les rapports de l’Ige (Inspection générale d’Etat) mettent toujours en lumière les mêmes manquements. Macky Sall, lui, ne semble pas en avoir cure. Il met le coude sur tous les dossiers concernant « ses » amis qu’il protège comme une poule couve ses oeufs et défend ses poussins. Aucune faute de gestion n’est, jusqu’à présent, sanctionnée. C’est comme si c’est l’autorisation de récidiver qui est donnée aux voleurs des deniers publics.
Mame Mbaye Niang et les 29 milliards du PRODAC…
Le scandale des 29 milliards du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) est l’une des taches noires de la gestion mafieuse de Benno Book Yaakar durant ses 10 années au pouvoir. Ce scandale avait été révélé en 2018 par un rapport de l’Inspection générale des Finances (Igf) qui avait épinglé l’actuel ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, et les deux premiers coordonnateurs du Prodac (Jean Pierre Senghor et Mamina Daffé : Ndlr). Dos au mur dans cette affaire, le ministre de la Jeunesse au moment des faits avait été contraint de démissionner de son poste de ministre du Tourisme en son temps. Malgré cette démission, Mame Mbaye Niang n’avait pas voulu lâcher l’affaire. Il a maintes fois cherché à mouiller l’actuel Premier ministre Amadou Ba et l’accuser d’être derrière un « complot » visant à l’éliminer. « Je n’ai pas signé le contrat financier. C’est Amadou Bâ qui a signé ce contrat… », s’était défendu l’actuel ministre du Tourisme et des Loisirs. Les Sénégalais continuent de demander que cette affaire soit tirée au clair en vain. La présidente de l’Ofnac, Seynabou Ndiaye Diakhaté, et son équipe s’étaient d’ailleurs saisies de cette affaire en 2019 en prétendant tirer les choses au clair. Mais le dossier semble avoir été mis sous le coude par le président Macky Sall lui-même.
Trafics de faux passeports diplomatiques…
Dans le régime de la gestion « sobre et vertueuse », on trouve aussi des députés trafiquants de passeports diplomatiques. De faux certificats de mariage avec des députés pour l’obtention de passeports diplomatiques pour des épouses fictives : c’est ce que promettait El Hadj Diadié Condé, sur la base de ses relations avec les députés Mamadou Sall et Boubacar Biaye de la majorité présidentielle. Le cerveau de ce trafic, El Hadj Diadié Condé, et les deux députés avaient été tous épinglés et mis au gnouf pour quelques mois seulement. Mais avant même que cette histoire ne soit oubliée, surgit l’affaire des gendarmes de la Présidence et du ministère des Affaires étrangères. Dans ce deuxième dossier, les choses sont allées beaucoup plus vite, grâce notamment à l’implication personnelle de l’aide de camp du président de la République. Lequel a été à l’origine de la procédure sous la bénédiction du chef de l’Etat. L’ancien directeur de cabinet du président de la République devenu son actuel envoyé spécial, Mahmoud Saleh, avait été même invité à comparaître devant le juge récemment. Ces histoires de trafic de passeports diplomatiques éclaboussent le régime du président Macky Sall depuis ses débuts. En 2013 déjà, alors qu’Abdoul Mbaye était encore Premier ministre, éclatait le premier scandale des passeports diplomatiques sous son régime. Les mis en cause utilisaient la signature de l’ancien PM pour accomplir leur forfait. C’est d’ailleurs suite à une plainte de l’actuel leader de l’Alliance Pour la citoyenneté et le travail (Act) que la bande à I. K. avait été démasquée et mise hors d’état de nuire. Une affaire qui avait fait dire, à l’époque, au ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye que : « Partout, vous avez des trafiquants. Il y a des trafiquants de drogue comme il y a des trafiquants de passeports. Ce qui est important, c’est que nous avons nous-mêmes démantelé ce réseau. Et l’Etat entend mettre en place des mesures pour sécuriser davantage la délivrance des passeports. » On a vu ce que ça a donné !
Trafiquants de faux billets…
En sus du trafic de passeports diplomatiques, le régime de Benno Book Yaakar a aussi été éclaboussé par un trafic de faux billets de banque. Et c’est Seydina Fall Boughazeli, député au moment des faits et grand défenseur du président Macky Sall, qui avait été épinglé et emprisonné en 2019 pour trafic de faux billets de banque avant d’obtenir, quelques mois plus tard, une liberté provisoire. Mais le responsable apériste de Guédiawaye n’est pas le seul dans l’Apr et Benno à tremper dans le faux monnayage. Pas plus tard que dans la nuit de vendredi à samedi dernier, Cheikh Issa Ndiaye, fils de l’exministre de l’Intérieur et directeur des structures de l’Apr, Mbaye Ndiaye, et ses complices ont été arrêtés par la Section de recherches de la gendarmerie de Thiès. Ils étaient pistés depuis un moment par les enquêteurs de la Section de recherches de Thiès. Dans la malle arrière du véhicule des faux monnayeurs, des coupures de billets noirs en euros et en dollars estimées à un milliard FCFA avaient été trouvées.
45 milliards pour l’achat d’armes, 3 hectares de Le Dantec…la gestion vertueuse vire à l’accaparement maffieux !
Le « nébuleux » contrat de fourniture d’armements d’un montant de 45 milliards de francs CFA environ contracté entre le ministère en charge de l’Environnement et une société dénommée LAVIE COMMERCIAL BROKERS est une autre preuve de la gestion mafieuse des dirigeants de Benno Book Yaakar depuis leur arrivée au pouvoir en 2012. Selon la presse et les documents mis sur la place publique, ce contrat signé avec un marchands d’armes douteux faisant l’objet d’un mandat d’arrêt lancé par le Nigeria ne respecterait nullement les procédures de passation de marchés publics. Et c’est un euphémisme ! D’ailleurs, le Forum civil, les autres défenseurs des droits humains et autres acteurs politiques de l’opposition réclament la lumière sur ce dossier et demandent aussi l’auto-saisine du procureur de la République. Le dossier de la vente nébuleuse des 3 hectares de l’hôpital Le Dantec figure parmi les nombreux « deals » faits par les pontes du régime en place sur le dos du contribuable Sénégalais. Une transaction au cœur de laquelle on cite la Banque de Dakar. Bref, la liste des dossiers éclaboussant le régime de Benno Bokk Yaakar est longue comme un jour sans pain et toute une page de journal ne suffirait sans doute pas pour la contenir…