Le député Abass Fall vide son sac

par pierre Dieme

Porte-parole du groupe parlementaire Yewwi askan wi (opposition), Abass Fall député élu sur la liste départementale de Dakar revient sur quelques dossiers chauds de l’actualité parlementaire ces derniers jours

Porte-parole du groupe parlementaire Yewwi askan wi (opposition), Abass Fall député élu sur la liste départementale de Dakar revient sur quelques dossiers chauds de l’actualité parlementaire ces derniers jours. De la question de non-distribution du projet de loi règlement 2021 pour lequel, son groupe après plusieurs jours de bataille médiatique a finalement saisi le président de la Cour des comptes pour réclamation, aux débats d’orientation budgétaire pour l’année 2023 en commission. Dans cet entretien exclusif accordé à Sud Quotidien, le responsable de Pastef à Dakar, parti d’Ousmane Sonko revient également sur d’autres sujets notamment la convocation de son leader par le doyen des juges d’instruction, les rapports entre sa coalition, Yewwi askan wi et Wallu dans le cadre l’inter-coalition.

Une semaine après le démarrage des travaux du débat d’orientation budgétaire en commission, quel bilan à mi-parcours ?

Je peux dire qu’au niveau de notre coalition, nous sommes satisfaits de la tournure que prennent les débats sur le plan technique. Vous savez que l’Assemblée nationale a un peu changé en termes de composition : l’opposition parlementaire est presque majoritaire. Nous avons réussi de part notre nombre, à imposer un débat beaucoup plus technique dans le fond. D’ailleurs, il y a beaucoup de ministres qui ont approuvé, lors de leur passage en commission, le comportement des députés de l’opposition. Nous avons fait une petite évaluation des travaux en commission la semaine dernière et je dois dire que nous sommes satisfaits à mi-parcours. Et véritablement, les gens vont découvrir lors des plénières ce que nous avons eu à faire lors de ces travaux en commission technique.

Vous voulez dire que vos préoccupations ont été prises en compte par les différents ministres qui sont déjà présentés devant vous ?

On peut dire que dans l’ensemble, nos préoccupations ont été prises compte par certains ministres mais pas tous puisque le dimanche dernier par exemple, un incident est survenu lors de l’examen du budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale. À la suite de cet incident, des députés de l’opposition notamment de notre groupe parlementaire (Yewwi askan wi) ont quitté la salle. Nous avons boycotté le vote du budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale parce que le ministre des Finances a fait preuve de beaucoup de mépris vis-à-vis des députés en refusant non seulement de répondre aux questions mais aussi en se permettant de donner des leçons de moral. On a failli bloquer les travaux de la commission n’eutété l’intervention des uns et des autres pour ramener le calme. N’empêche, c’est une très mauvaise image que nous gardons de ce ministre qui s’est très mal comporté vis-à-vis des parlementaires que nous sommes. Nous l’attendons de manière ferme au niveau de la plénière. Cependant, retenez que de façon générale, tout se passe bien, nous avons posé beaucoup des questions aux ministres, certains ont promis des réponses écrites sous peu et d’autres ont pris l’engagement d’apporter des réponses lors de la plénière. Nous attendons, mais dans tous les cas, les Sénégalais seront au niveau de la plénière, le travail qui a été abattu par leurs parlementaires que nous sommes et principalement ceux de l’opposition.

Où en êtes-vous avec le projet de loi de règlement 2021 ?

Jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu. Le gouvernement n’a pas mis à notre disposition ce texte parce dit-il, il y a des éléments manquants, dont la certification du de la Cour des comptes. Notre groupe parlementaire avait déposé, par l’intermédiaire de son président, une lettre au niveau de la Cour des comptes adressée au président de cette juridiction pour lui demander où est-ce qu’ils en sont avec ce projet de loi de règlement. Mais dans sa lettre de réponse que nous avons reçu le dimanche 30 octobre dernier, le président de la Cour des comptes nous a dit qu’ils travaillent sur la base, donc des délais de dépôt de document. Et que le gouvernement n’a pas déposé à temps le projet de loi de règlement. Donc, contrairement à ce que le gouvernement avait voulu nous faire croire en renvoyant la faute du retard dans la transmission de ce document au député, à la Cour des comptes, le président de cette juridiction nous a dit clairement que le retard qui a été accusé n’est pas de leur responsabilité. Donc, le gouvernement a cherché à mouiller la Cour des comptes alors que c’est lui qui est à l’origine de ce retard pour n’avoir pas déposé le document à temps pour permettre à la Cour d’effectuer convenablement son travail de vérification de la conformité des dépenses.

Pourquoi persistez-vous sur ce document ? Pourquoi ?

La loi de règlement est un dispositif indispensable dans le travail de contrôle parlementaire de l’action du gouvernement. Nos prédécesseurs avaient voté un budget, il est tout à fait normal avant de voter un autre budget pour le gouvernement, de vérifier comment le budget de 2021 a été exécuté. C’est la loi qui le dit, c’est un impératif, il nous faut savoir à quel taux, ce budget a été exécuté et qu’est-ce qui a été fait avec l’argent du contribuable sénégalais mis à la disposition du gouvernement par l’Assemblée nationale. Si, on n’a pas la loi de règlement, on ne peut que douter de la sincérité du budget qu’on présente. En plus, nous ne faisons que nous appuyer sur la loi notamment les dispositions du règlement qui disent de façon claire que dès l’ouverture de la session ordinaire, la loi de règlement doit être mise à la disposition des députés. Donc, nous ne faisons que demander l’application du règlement intérieur qui le dit. C’est aussi simple que ça.

De l’avis d’anciens parlementaires, votre demande d’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’affaire ducontrat 45 milliards d’achat d’équipements militaires au ministère de l’environnement souffre des vices de procédure qui plombent sa mise en œuvre. Que répondez-vous ?

Nous, nous sommes fondés sur le règlement intérieur pour faire demande d’une enquête parlementaire, on verra bien. Nous ne pouvons pas nous lever comme ça pour écrire une demande d’ouverture d’une enquête parlementaire sans pour autant voir si cela est conforme au règlement intérieur. Nous attendons de voir. De toute façon, j’ai reçu tout à l’heure la réponse du président de l’Assemblée nationale me disant qu’il accuse réception de ma lettre de demande d’ouverture d’une enquête parlementaire et que, conformément aux règlements intérieurs, il va nous revenir. Donc, nous attendons de voir.

Votre groupe parlementaire et celui de Wallu mènent chacun ses activités en solo. Est-ce la fin de l’esprit d’inter-coalition ?

Vous savez, ce n’est pas pour rien qu’on a des groupes parlementaires différents. Si, on voulait rester et faire bloc, on allait créer un seul groupe parlementaire. L’objectif de l’Inter coalition, c’était de montrer aux sénégalais que le Président Macky Sall n’est plus majoritaire dans ce pays. Mais, quand on vient à l’Assemblée, les groupes se constituent comme le dit le règlement intérieur, par affinité, par obédience politique… Aujourd’hui, ces groupes font le travail chacun de son côté puisque Wallu c’est Wallu et Yewwi c’est Yewwi. D’ailleurs, beaucoup disaient que l’intercorrélation n’existe pas. Mais, il faut savoir que c’était une stratégie qu’on a mise en place pour affaiblir le président Macky Sall, c’est ça qui a été fait, mais quand nous venons à l’Assemblée nationale, chaque groupe parlementaire effectue le travail qu’il a à faire. L’inter corrélation n’est pas une coalition politique parce que la coalition est formalisée. Cependant, je dois préciser que nous poursuivons le travail pour la réalisation de l’objectif qui nous avait poussé à mettre sur pieds cette stratégie électorale qui est l’inter coalition. Sur beaucoup de points, effectivement, nous travaillons ensemble. La preuve, c’est dans le bureau du vice-président du groupe parlementaire de Wallu que je vous accorde cet entretien. Ceci pour vous montrer les bonnes relations que nos deux groupes entretiennent dans le cadre de l’opposition. Nous travaillons ici, à l’Assemblée nationale de la façon la plus intelligente possible et il n’y a pas de différence entre Wallu et Yewwi au contraire, ça se passe très bien au niveau de l’Assemblée nationale. Vous avez remarqué également à chaque fois que mon collègue, vice-président du groupe Wallu, Bara Dolly prend la parole, il dit que c’est nous qui avons la majorité.

Le chef de l’Etat vous a-t-il cour-cuité sur la question relative à la restauration des droits civiques et politiques avec son projet d’amnistie annoncé ?

C’est un engagement que nous avons pris au niveau des deux coalitions de restaurer les droits de vote de Karim Wade et Khalifa Sall. Notre démarche n’est pas la même que celle du Président Macky Sall sur cette question. Sa décision soudaine de vouloir faire voter une loi d’amnistie est peut-être motivée par une volonté d’anticiper sur ce que nous comptons faire à l’Assemblée nationale parce que, comme vous l’avez dit, nous avons la majorité et que, si nous déposons cette proposition de loi, elle va forcément passer. Maintenant, on attend de voir ce qu’il va nous amener. Mais, je dois préciser que si le président de la République nous présente un projet de loi d’amnistie fourretout pour en faire profiter à ces compagnons qui ont été épinglés dans beaucoup de domaines pour malversations et autres, nous allons le rejeter en votant contre. Ce, d’autant plus qu’on a tous entendu Karim Wade dire par le biais de ses proches qu’il demande plutôt la révision de son procès et non une loi d’amnistie. De son coté, Khalifa Ababacar Sall non plus n’a pas fait une demande dans ce sens. Lors de la campagne électorale, on avait dit, une fois qu’on aura la majorité, on va les remettre leur droit maintenant, comment on va procéder, c’est à la conférence des leaders des deux coalitions de répondre à cette question.

Quel commentaire faites-vous sur cette audition annoncée de votre leader Ousmane Sonko dans le cadre de l’affaire sweet beauté ?

Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette convocation du président Ousmane Sonko. Nous attendons de voir ce que ça va donner. Cependant, je veux juste rappeler que les gens oublient que c’est lui-même (Ousmane Sonko) qui a exigé que ce dossier-là soit rouvert et que rapidement qu’il soit vidé parce qu’il n’acceptera pas qu’une fois, qu’il commence sa campagne pour la présidentielle de 2024 qu’on essaie de le perturber en le convoquant. Donc, c’est lui-même qui a tout fait pour que ce dossier soit remis sur la table. Rappelez-vous, c’est après sa sortie dans les médias où il avait annoncé qu’il ne va plus émarger chez le doyen des juges qu’on a commencé la même semaine l’audition des protagonistes du dossier. Il ne reste que lui et c’est tout à fait normal qu’il soit attendu. Je le dis, tout le monde sait que ce dossier est vide. Absolument rien ne peut être reproché au Président Sonko. Au contraire, la machine doit être déclenchée pour poursuivre ces gens qui sont derrière ce complot maléfique qui a coûté la vie à des Sénégalais et d’importants dégâts matériels.

Nando Cabral GOMIS 

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