Macky Sall au Forum de paix de Dakar : «Nous ne pouvons pas toujours compter sur le financement extérieur»

par pierre Dieme

Le Président Macky Sall a appelé lundi, les pays africains à la mobilisation générale pour mettre à disposition des moyens pouvant permettre au continent de jouer les premiers rôles dans la lutte pour la paix et la stabilité en Afrique. Rendre opérationnelle la Force africaine en attente et renflouer le fonds de la paix de l’Union africaine sont les deux urgences pour le chef de l’état qui procédait à l’ouverture officielle de la 8ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.

L’Afrique connaît le chemin qui lui reste à parcourir pour assurer son indépendance sécuritaire : alimenter le fonds de la paix de l’Union africaine et rendre opérationnelle la Force africaine en attente. Ce sont deux impératifs pour permettre à l’Afrique d’être en première ligne dans le combat pour la sécurité et la paix sur le continent. C’est l’un des messages forts envoyés par le Président Macky Sall lors de son allocution à la cérémonie inaugurale de la 8ème édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique. «Il urge pour nous de rendre opérationnelle la Force africaine en attente et de financer, de façon plus adéquate, le fonds de paix de l’Union africaine. Nous ne pouvons pas toujours compter sur le financement extérieur pour assurer notre propre sécurité et bâtir une architecture de paix viable», a indiqué le Président Sall. Démonstration par l’exemple, il a à ce sujet magnifié la partition du Sénégal et de l’Angola qui, à eux deux, ont contribué chacun pour un million d’euros pour permettre le déploiement immédiat d’une force africaine en Rdc et du Rwanda. «C’est un exemple, mais cet exemple doit être multiplié à l’échelle africaine pour que d’abord nous fassions les efforts internes de mobilisation, avant de demander l’appui de nos partenaires extérieurs», a relevé le Président Sall. «En posant la problématique des chocs exogènes, nous n’éludons pas pour autant les manquements dont les solutions relèvent de notre responsabilité afin de favoriser des conditions minimales de paix et de stabilité propices au développement», a concédé le chef de l’Etat. «Il en est ainsi des changements anti constitutionnels de gouvernement qui ont fait l’objet d’un sommet extraordinaire de l’Ua en mai dernier. Quelle qu’en soit la forme, ces pratiques ne sont pas acceptables, elles ne peuvent servir de remèdes à nos maux, au contraire, elles les aggravent et nous retardent sur le chemin du développement», a-t-il enchaîné sous ce registre.

L’Afrique épicentre du terrorisme international
Pour une rencontre qui se penche sur la sécurité en Afrique, forcément le terrorisme tient une place de choix, et à ce sujet, le président en exercice de l’Ua a pointé la non-prise en compte d’une réponse adéquate du fléau dans les schémas d’intervention des Nations unies. «Face au terrorisme, les opérations classiques de paix des Nations unies ont montré leurs limites. Il est temps de changer la doctrine. Des Casques bleus attaqués jusque dans leurs propres bases, sans capacités significatives de riposte, ne peuvent assurément pas protéger des populations menacées par des groupes terroristes. Comment d’ailleurs maintenir la paix quand elle n’est même pas rétablie», a-t-il posé. «En toute vérité, nous devons changer la doctrine des Opérations de paix qu’il convient de mettre à jour en intégrant pleinement la lutte contre le terrorisme, y compris en Afrique, dans cette nouvelle philosophie des Nations unies», croit-il savoir. «Si le continent est devenu aujourd’hui un des épicentres, sinon l’épicentre du terrorisme international, c’est bien parce que ce fléau est alimenté par plusieurs facteurs», s’est-il désolé, citant au nombre desdits facteurs : la criminalité transfrontalière, la prolifération illégale des armes, les flux financiers illicites et autres trafics, et la participation de combattants étrangers sur le continent africain. «Aujourd’hui, des Etats sont menacés jusque dans leur existence, des vies humaines perdues au quotidien, des services sociaux de base détruits et plus de 30 millions de personnes restent réfugiées ou déplacées à l’intérieur de leur propre pays», a-t-il dressé au tableau des affres du terrorisme sur le continent. Une gangrène qui gagne du terrain et ne doit pas être qu’une affaire africaine, selon le président de l’Ua. «C’est une menace globale qui relève de la responsabilité première du Conseil de sécurité qui est garant du mécanisme de sécurité collective en vertu de la charte de l’organisation des Nations unies», a-t-il dit. «L’inertie du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme en Afrique porte en elle-même la défaillance du système multilatéral», a-t-il poursuivi. Ces remarques explicitées, le Président Sall s’est voulu optimiste avec la mise en place, par le Secrétaire général des Nations unies, du Conseil consultatif de haut niveau sur le multilatéralisme efficace. Il espère ainsi que ce conseil fera œuvre utile en examinant des problématiques majeures telles que la paix, la sécurité, le climat, l’architecture financière internationale et l’espace numérique, entre autres.

L’édition 2022 du forum de Dakar porte sur le thème : «L’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilités et de souverainetés.» Les présidents angolais, Joao Lourenço, et capverdien, José Maria Neves, ont été les chefs d’Etat présents à la cérémonie. Au menu du forum, un panel de haut niveau, deux plénières et six ateliers avec 300 participants, selon les organisateurs. Une résolution est attendue à la cérémonie de clôture qui se tient mardi dans l’après-midi.

Par Alioune Badara NDIAYE

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