Offensive pour le troisième mandat : les faucons s’affichent ! 

par pierre Dieme

Le Président Macky Sall peut-il ou non postuler à une troisième candidature pour 2024 ? La question semble pourtant clairement réglée par la Constitution dont l’Article 27, en son alinéa 2, dispose que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». 

Seulement voilà, certains membres de son entourage n’en ont cure. Peu leur importe ce que stipule la charte fondamentale à ce sujet et même ce que le Président, en personne, disait sur la question. Donnant à plusieurs reprises des assurances quant à sa volonté de respecter scrupuleusement la limite infranchissable des deux mandats consécutifs.

Prêts à tout pour l’encourager à faire sauter le verrou, ces faucons passent à l’offensive et affichent de plus en plus ouvertement leur position sur la question. Sans arguments juridiques valables, ils fondent tous leur position sur le bilan du Président qu’ils jugent « très positif ». Obsédés par la quête d’un troisième mandat, ils en oublient même les arguments développés par le principal concerné qui, au soir du 31 décembre 2018, s’était montré sans équivoque. «Si les Sénégalais me renouvellent leur confiance en février 2019, j’en serai à mon second et dernier mandat, parce que la Constitution me l’interdit. A la faveur du référendum de 2016, sans oublier la loi de 1991, le problème des mandats ne peut plus se poser au Sénégal », disait alors le Président Macky Sall à deux mois de la présidentielle 2019.  

Même son de cloche chez l’actuel ministre de la Justice, Garde des sceaux. Ismaïla Madior Fall, pour couper court à toute forme d’interprétation, soutenait ceci : «nul, je dis bien nul. Je répète la phrase trois fois. Nul, nul, nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs…» 

Malgré tout, des faucons du cercle présidentiel veulent à tout prix forcer le passage pour une troisième candidature. Quitte à exposer le pays à toutes formes de secousses, ils s’affirment, s’affichent, clament et proclament l’impératif pour le Président Macky Sall de postuler pour une troisième candidature, quoi qu’il en coûte.  

Cheikh Kanté : Artisan d’une plateforme pour une 3ième candidature

Ancien directeur général du Port autonome de Dakar, puis ministre en charge du suivi du Plan Sénégal Emergent (Pse), Cheikh Kanté, milite pour un Macky Sall à nouveau candidat en 2024. D’ailleurs, récemment, il a effectué une sortie pour faire savoir qu’il va mettre sur pied une plateforme pour réclamer une troisième candidature en faveur de son mentor. «J’invite les Sénégalais qui croient en lui et qui sont persuadés de la pertinence de son programme économique et social, à descendre sur le terrain politique et à se prononcer pour qu’on l’amène à briguer un second mandat de 5 ans. Il y va de l’intérêt supérieur de la nation», a-t-il soutenu. Il est clair que Cheikh Kanté ne fait allusion à aucun principe de droit tiré de la Constitution pour appuyer son plaidoyer pour un troisième mandat. Quitte à l’arracher au forceps, il faut tenter le coup, pense très certainement Cheikh Kanté.

Cheikh Oumar Anne : Théoricien du « second mandat de cinq ans » 

Ancien ministre de l’Enseignement supérieur et actuel patron du département de l’Education nationa le, Cheikh Oumar Anne s’érige en véritable mathématicien de la troisième candidature. Il persiste et signe. Il a fait ses calculs et soutient mordicus que le Président Macky Sall en est à son premier mandat de cinq ans. Autrement dit, s’il se présente en 2024, il en sera à son second mandat en cas de victoire. Malgré les nombreuses déclarations qui ont précédé la réélection du Président Macky Sall, M. Anne, s’emmêlant les pinceaux entre addition et soustraction, balaie d’un revers la thèse d’une troisième candidature et s’accroche à son idée d’un éventuel « second mandat de cinq ans » à compter de 2014.  

Mame Mbaye Niang : Position caméléon 

Redevenu ministre à la faveur de la formation du dernier Gouvernement, Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme a manifestement des positions changeantes à propos de la troisième candidature. Et pour cause, en octobre 2020, il affirmait que le Président Macky Sall ne se présentera pas pour un troisième mandat. Une première position qu’il a rangée aux oubliettes, car depuis un certain moment, il crie urbi et orbi que son mentor a le droit de se présenter en 2024. «Ceux qui posent le problème du 3ème mandat ne le posent pas par rapport à un problème de loi. Ils le savent. Ils l’ont déjà dit. Il n’y a pas de problème de légalité par rapport à ce sujet. La constitution s’est déjà prononcée sur cette question depuis le référendum, quand le chef de l’Etat a voulu diminuer son mandat. Il faut aller voir l’arrêt du Conseil constitutionnel. Ceux qui veulent en débattre, ils peuvent continuer. Je pense qu’ils ne sont pas motivés par une sincérité. Ce problème est déjà réglé constitutionnellement et juridiquement. C’est un problème politique, il faut des réponses politiques», a-t-il défendu, il y a tout juste quelques jours.  

Racine Tall : Prêt à tordre le bras à Macky Sall

Directeur général de la RTS, Racine Talla a fini de se transformer en un véritable satellite du troisième mandat. Il n’hésite plus à franchir le Rubicon et se signale par des déclarations les unes aussi surprenantes que les autres. Ce qu’il a d’ailleurs réitéré ce week-end lors d’un meeting tenu à Guédiawaye. «Si aujourd’hui, le Président Macky Sall cherche à renoncer au troisième mandat, nous allons lui tordre le bras pour qu’il se présente par force. Parce que là où nous sommes, c’est le peuple qui le réclame», a-t-il défendu. Une manière pour lui de démontrer qu’il reste et demeure un militant du forcing, comme cela se voit à travers sa gestion de la chaine de télévision nationale. 

Aïda Ndiongue : la transfuge zélée 

L’ancienne sénatrice n’est pas bien loin de la troisième candidature. Ayant connu toutes les formes de déboires sous le régime du Président Macky Sall, elle a rejoint malgré tout le camp présidentiel et se montre très zélée. Elle a affirmé sans détours que si le Conseil constitutionnel valide la troisième candidature, elle serait la première à soutenir le Président Sall. En termes moins équivoques, elle milite clairement pour que le Président Macky Sall se présente en février 2024 et l’encourage à faire acte de candidature.  

Aïssata Tall Sall : Macky ad vitam æternam 

La président du mouvement ‘’Osez l’avenir’’ est allée bien plus loin que tous ceux qui plaident pour une troisième candidature du Président Macky Sall en 2024. La ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, milite purement et simplement pour une présidence à vie de Macky Sall. Une déclaration des plus surprenantes par rapport à son cursus politique, surtout qu’elle était porte-parole du Parti socialiste (Ps) qui a beaucoup lutté contre une troisième candidature du Président Abdoulaye Wade et pour le respect de la Constitution. Ce qui avait valu au Sénégal la mort de près de onze personnes dont l’étudiant Mamadou Diop, tué à la place de l’Obélisque par un véhicule de la Police dénommé ‘’dragon’’. A vrai dire, elle crache le feu sur la Charte fondamentale et n’hésite pas à faire revenir le Sénégal à l’ère du parti unique de Senghor.  

A. MBOW 

You may also like

Web TV

Articles récentes

@2024 – tous droit réserver.