Les démons de la scission guettent l’Alliance pour la République (Apr). Ces frondes dirigées par des hauts responsables de l’Apr, frustrés, risquent de perturber l’agenda de Macky Sall qui mène une bataille farouche contre l’opposition.
L’Alliance pour la République (Apr) est assise sur du sable mouvant. Au moment où Macky Sall mène une farouche bataille contre l’opposition, les frondes se multiplient dans son camp. Des frustrés, en l’occurrence de hauts responsables à l’image des anciens ministres Mary Teuw Niane, Mimi Touré et Abdoulaye Diouf Sarr, risquent de perturber son agenda, alors qu’il vient de lancer l’opération de remobilisation de ses troupes avec le placement annoncé de 1 500 000 cartes dans l’optique de la présidentielle de 2024. «Ils sont en train de faire les yeux doux aux populations. Cette fronde ne fait pas l’affaire de l’Apr. A l’interne, il y a certainement des partisans de Mimi, de Mary Teuw Niane et de Diouf Sarr. Des frictions sont notées aussi dans le Ps, dans l’Afp, etc. C’est un régime finissant», décortique Serigne Thiam, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp). «Ce sont des gens qui partiront bientôt créer leur propre mouvement. Diouf Sarr dit qu’il est toujours loyal au président Macky. Pourquoi a-t-il créé son mouvement Les amis de Diouf-Sarr», s’interroge notre interlocuteur.
Selon Serigne Thiam, leurs sorties médiatiques, similaires à une défiance au chef de l’Etat, indiquent leur degré de frustration. Leur position, dit-il, montre qu’ils ne sont pas en phase avec Macky Sall. C’est tout à fait normal, estime l’enseignant, au regard du contexte. «Nous sommes en fin de régime, d’un mandat. Le politicien a l’art du Phoenix, il renaît de ses cendres. Il n’aime pas disparaitre»
Pour le cas de Mimi Touré, fait savoir notre analyste, c’est plus qu’une fronde. C’est une rupture, dit-il. Car une fronde, selon lui, se fait à l’intérieur d’une formation politique. «Le président de la République fait face à une situation extrêmement difficile. Il doit faire face aux frictions et frondes dans son propre camp. Il doit également faire face à une opposition qui essaie d’être soudée», laisse entendre l’universitaire. Toutefois, il souligne que leurs sorties sont teintées d’une certaine subjectivité. «Ils ont été servis pendant un moment. Qu’est-ce qu’ils peuvent reprocher au chef de l’Etat? Ils avaient bénéficié des situations qu’ils dénoncent aujourd’hui», souligne l’enseignant chercheur.
Salif KA