Depuis sa création, la compagnie Air Sénégal est confrontée à des difficultés qui risquent de mener à sa faillite. Le pavillon national n’arrive pas à tirer son épingle du jeu, malgré l’espoir qu’avait suscité sa création
Depuis sa création, la compagnie Air Sénégal est confrontée à des difficultés qui risquent de mener à sa faillite. Entre changements de responsables de sa gestion et griefs récurrents de ses usagers, la compagnie aérienne n’arrive pas à tirer son épingle du jeu, malgré l’espoir qu’avait suscité sa création.
Air Sénégal est une compagnie aérienne qui se cherche. Depuis le lancement de ses activités en 2016, la compagnie peine vraiment à prendre son envol. Les difficultés ne manquent pas. Les responsables se succèdent à la tête de la compagnie, mais cela n’y fait rien, ou presque. En atteste la dernière nomination du Général de Division Aérienne, Joseph Mamadou Diop, comme président du Conseil d’administration, en remplacement de l’ancien Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, arrivé au poste en novembre 2018. Avant cela, en avril 2022, le directeur général, Ibrahima Kane, qui a succédé à Philippe Bohn, démissionnaire après 20 mois de service, avait été démis de ses fonctions. Il est remplacé par El Hadj Badara Fall nommé, le mardi 12 juillet 2022, par le Conseil d’administration de la compagnie. M. Fall a été pilote et conseiller du ministre des Transports aériens.
Mis à part cette instabilité institutionnelle, Air Sénégal c’est également des couacs répétitifs. Pertes de bagages, retard dans les vols, des déprogrammations, absence d’interlocuteurs, des passagers laissés en rade dans les aéroports… sont autant de griefs que les usagers reprochent aux services de la compagnie aérienne nationale. On se souvient que lors de la finale de la Coupe d’Afrique des nations (Can 2021) au Cameroun, les familles des joueurs avaient protesté contre la situation infligée par la compagnie aérienne, en les laissant à Dakar à quelques heures du coup d’envoi.
En juillet 2022, un avion appartenant à sa flotte a été endommagé par les opérations de manutention à l’aéroport Roissy Charles De Gaulles de Paris. Une paroi d’un de ses avions a été percutée et abîmée pendant son chargement sur le tarmac de l’aéroport, du fait d’une mauvaise manipulation. Auparavant, déjà en juillet 2018, une collision avec des oiseaux de son ART600 au départ de Ziguinchor avait obligé la compagnie à suspendre ses rotations entre Dakar et ladite ville. La compagnie qui a commencé à prendre son envol en assurant la desserte de pays limitrophes, se projetant en plus vers les EtatsUnis et en Afrique Centrale, n’a pu gérer cette ascension.
Pis, elle a annoncé la suspension de sa desserte vers la région Afrique Centrale. «La compagnie Air Sénégal annonce la suspension de ses vols entre Dakar et Cotonou-Douala-Libreville à compter du 30 octobre 2022. Cette décision est justifiée par les faibles performances financières de cette ligne en triangulaire depuis le lancement en mars 2021», a indiqué Air Sénégal à travers un communiqué publié le 10 décembre 2022.
Pourtant, au démarrage de la compagnie aérienne, l’annonce faite est que les avions appartiendraient à la compagnie. Plus tard, il a été établi que les appareils sont loués. En avril de cette année, le site d’information Jeune Afrique avait révélé un déficit de près de 4 milliards pour la compagnie. C’est dire donc qu’Air Sénégal risque de subir le même sort que les anciennes initiatives de ce genre mises en place par l’Etat du Sénégal comme la compagnie Air Sénégal international (Asi), créée par le président Abdoulaye Wade après la liquidation de la compagnie continentale et panafricaine Air Afrique.
Fatou NDIAYE