L’Unacois règne en maître absolu sur les circuits de distribution, au risque de tuer, le consommer local, le produire local, sans aucune régulation du ministère du Commerce, qui devrait pointer son nez dans ces facturations hasardeuses
« L’indépendance n’est pas l’acte isolé d’un jour, mais un combat permanent, qui se gagne également sur le front de la sécurité alimentaire. C’est ce qui ajoute à la souveraineté nationale un surcroit de liberté ». Macky Sall
Le diable a déserté les rues du Sénégal, non pas à cause de la puanteur qui les a envahies, mais du fait qu’il se cache des Sénégalais qui tous s’évertuent désespérément à vouloir le tirer à eux par la queue. Les complaintes sont unanimes et sans détours, la vie est chère, trop chère et tous les commerçants expliquent aux populations cette cherté de la vie par la faute à Poutine. Ben voyons !
Le président Macky Sall lui-même a dû monter au créneau pour dire que ça suffisait comme ça, de tout mettre sur le dos du locataire du Kremlin, vu que cela avait d’ailleurs commencé bien avant, au moment de la pandémie du Covid-19, période qui avait fait exploser les prix, notamment des transports de nos produits importés.
Certes, les produits comme le ciment, l’huile, le sucre, la farine de blé, considérés comme homologués, ont des prix fixés, surveillés, mais n’échappent pas à des inflations artificielles, au détriment des consommateurs, à la faveur de pratiques injustes, illégales, voire mafieuses, du fait d’un consortium de commerçants souvent regroupés dans l’Unacois et qui n’apportent aucune valeur ajoutée à notre économie, et ne favorisant surtout la création d’ aucun emploi dans les secteurs agroalimentaires.
Le pire, c’est qu’à la faveur de décisions étatiques aux injonctions paradoxales, ces mêmes commerçants importateurs participent à asphyxier des entreprises qui durant ces trois années, ont donné plus que leur part pour soutenir le pouvoir d’achat des Sénégalais. Les importations de concentré de tomates en provenance de la Chine ont certes enrichi le paysan chinois, mais ont fait mourir naguère la fructueuse SOCAS qui faisait vivre 500 000 personnes dans le Walo et ses alentours. Tant pis si cette faillite a pu enrichir quelques opportunistes planqués dans les couloirs des ministères attributaires de certaines lignes de crédit à leur profit.
Aujourd’hui, une entreprise comme la Compagnie Sucrière Sénégalaise fait face à l’importation de ce qui représente parfois des mois de production de sucre, qui leur reste sur les bras et dont l’impossible commercialisation menace des milliers d’emplois et la mort d’un tissu social patiemment construit et devenu exemplaire. On continue pourtant à distribuer des autorisations d’importation de sucre, en échange parfois de rétrocommissions… politiciennes dirons-nous. L’essentiel en l’occurrence étant justement de pouvoir se…sucrer !!!
Les capacités de nuisance de ces commerçants devront être jugulées et combattues par la puissance publique, qui ne peut plus accepter que des prix de certaines denrées augmentent de 50 à cent pour cent, sans que l’on sache d’après quel calcul et selon quel contrôle cela s’est justifié. L’Unacois règne en maître absolu sur les circuits de distribution, au risque de tuer, le consommer local, le produire local, sans aucune régulation du ministère du Commerce, qui devrait pointer son nez dans ces facturations hasardeuses, remplies de faux frais qu’il convient d’entourer de guillemets. Le contrôle des prix, qui existait naguère, est redevenu nécessaire, pour que ces commerçants sans foi ni loi, ne puissent plus en faire qu’à leur guise et selon leurs seuls intérêts, et il faut prier pour que la création d’une brigade de plus de 1 000 contrôleurs des prix ne soit pas que de la cosmétique et les ramène, s’ils en sont capables, à plus de patriotisme économique. Les aides devront aller vers ceux qui créent et des emplois et de la valeur ajoutée. Le « consommer local » et le « produire local » ne doivent plus seulement relever que de l’incantation, parce que ce serait criminel économiquement que de ne pas les soutenir.
Maintenant que le diable est identifié… Il ne reste plus qu’à lui tirer la queue… Pardon ! Les oreilles !
PAR JEAN PIERRE CORRÉA