Le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a organisé, ce jeudi, un déjeuner de presse en prélude de la huitième (8è) édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité. Plusieurs sujets ont été abordés notamment la question des coups d’État et le financement des opérations militaires.
Cette année, le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité aura lieu les 24 et 25 octobre prochain. Le thème retenu est : « L’Afrique à l’épreuve des chocs exogènes : défis de stabilité et de souveraineté. » S’exprimant en marge d’un déjeuner de presse organisé à cet effet, Mme Aissata Tall Sall a abordé plusieurs questions qui concernent le Sénégal et l’Afrique en général. « L’Afrique doit faire face aux questions sécuritaires. Plus de 60 ans après les indépendances, il suffit de voir ce que nous n’avons pas encore fait et qu’on doit faire. Ce que nous avons mal fait et qu’il faut bonifier pour arriver à cette souveraineté. Et quand je dis cette souveraineté je voudrais parler des souverainetés au pluriel : la souveraineté alimentaire, la souveraineté politique et diplomatique, la souveraineté économique et financière, la souveraineté de comment on va arriver à relever tous ces défis », a indiqué le ministre.
« La sécurité c’est d’abord politique avant d’être militaire »
Selon elle, on n’oublie que la sécurité c’est d’abord politique avant d’être militaire. Parlant de la question des coups d’État en Afrique, elle a soutenu que la solution elle doit d’abord être politique. « Parce que ce sont les politiques qui gouvernent et qui commandent les militaires. Donc, avant d’envisager une solution militaire il faut d’abord envisager une solution politique (…). Cette année, il y’a un kit anti coup d’Etat. Pour ce qui concerne la souveraineté par la sécurité, nous avons beaucoup d’efforts et d’engagements politiques à faire », a-t-elle déclaré. Avant de continuer : « tous ceux qui font le coup d’Etat nous disent que c’est une solution pour régler le terrorisme. Avec tout ce qui s’est passé est-ce qu’il y’a un coup d’Etat qui a réglé le terrorisme ? Nous sommes au regret de constater que c’est encore non ».
La Cedeao doit des milliards au Sénégal
En réponse à quelques interpellations, le ministre des Affaires étrangères a attiré l’assistance sur le fait que la Cedeao doit des milliards au Sénégal.
« Parce que, dit-elle, le Sénégal a pris sur lui la décision d’engager ses forces, de prendre son budget, son argent pour aller participer à une force de la Cedeao et qu’il n’est pas encore payé. C’est vrai nous avons reçu 12 milliards, mais ce n’est pas encore fini d’être payé ». S’exprimant en marge du déjeuner de presse, elle a rappelé que pour faire l’intervention il faut la force humaine. « Il faut une armée organisée. Dans l’espace Cedeao quel est le pays qui est capable de lever une armée professionnelle prête à intervenir sur le terrain ? Je dis qu’il y’a peu d’Etats qui peuvent le faire. Et que le financement relève d’une autre dimension », a-t-elle ajouté. Abordant justement la question du financement, elle dit que : « nous devons le traiter avec un mécanisme pérenne. Mais, ça ne suffit pas de dire qu’on va prendre 3% du PIB ou 2% des exportations, etc. Pour financer, il suffit d’avoir des mécanismes contraignantes qui vont permettre au-delà d’avoir défini le mécanisme de pouvoir imposer aux Etats de payer. Mais aussi, assurer un bon financement des mécanismes. Donc, la question du financement nous y réfléchissons pour essayer de trouver des solutions idoines. Ce n’est pas facile mais si on se rappelle d’où est-ce que nous sommes partis on ne va pas être malheureux. On va dire que le mécanisme va en marchant et peut-être dans deux ans nous allons discuter de prévention que d’intervention ».
« Le Sénégal est un pays libre, souverain, indépendant »
S’agissant de la souveraineté diplomatique, elle a dit que le Sénégal a une diplomatie souveraine. « Ça signifie quand il arrive le moment de se déterminer le Sénégal se détermine en fonction de ses intérêts (…). C’est seul le Sénégal qui peut décider de comment le Sénégal va être. Aucun pays ne peut dicter notre marche. Ça vous pouvez en être certain. (…) Le Sénégal ne fait rien pour l’Afrique mais le Sénégal fait tout pour le Sénégal. Nous sommes un pays libre, souverain, indépendant. Nous nous protégeons et nous le faisons plus que d’habitude. Parce que notre souveraineté sécuritaire nous devons la tenir entre nos mains. Et Dieu merci ça se passe bien », a-t-elle dit. Toutefois, elle est d’avis que tous les problèmes des africains viennent de l’exploitation de nos ressources naturelles. « C’est à partir de nos richesses qu’on nous déstabilise. Donc, l’Afrique a besoin que sa voix soit entendue », a-t-elle aussi déclaré.
Cheikh Moussa SARR