D’abord, une gestion saine des fonds culturels

par pierre Dieme

Avec Abdoulaye Diop, la gestion des fonds culturels et d’appui à la presse, est plus que catastrophique, malsaine, gabégique et pratiquement non profitable aux artistes, acteurs de la culture et de la presse

Le ministère de la Culture et du patrimoine historique est désormais dirigé par Dr Aliou Sow nommé récemment suite au remaniement ministériel avec un nouveau gouvernement coordonné par le Premier ministre Amadou Ba. La réaction de la plupart des artistes, écrivains et acteurs culturels, conforte le choix du Président Macky Sall de relever le ministre Abdoulaye Diop du département de la Culture et de la Communication.

Pour certains, il n’avait pas le niveau intellectuel, pour d’autres, Abdoulaye Diop était pratiquement absent dans le paysage culturel. Et aussi, avec Abdoulaye Diop, la gestion des fonds culturels et d’appui à la presse, est plus que catastrophique, malsaine, gabégique et pratiquement non profitable aux artistes, acteurs de la culture et de la presse. Ce que des artistes et acteurs attendent du nouveau ministre de la Culture et du Patrimoine historique, c’est la bonne gestion des fonds culturels au profit des bénéficiaires du secteur de la culture.

Et non au profit d’un groupuscule spécialiste en lobbying et trafic d’influence et aussi au cabinet ministériel pour d’autres objectifs politiciens parce que administré par un agent du Département de la culture qui s’éternise à ce poste. Plus de 5 milliards d’appui direct sont consacrés, chaque année, aux artistes et opérateurs culturels.

Il s’agit du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica), du Fonds d’appui aux manifestations artistiques et du développement culturel, du Fonds d’aide à l’édition, du Fonds des cultures urbaines, d’appui à la Sodav (Société de droit d’auteur et de droits voisins) de ce que le président a décidé. Malheureusement, ce pactole ne jaillit pas sur le secteur culturel. «Pour le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle -Fopica- , il y a un comité de gestion du Fonds, malheureusement des décisions de sortie d’argent se prennent sans que le comité de gestion ne se réunisse.

Pis, ce sont de fortes sommes qui sont décaissées pour appuyer deux ou trois entreprises de production-cinéma au détriment de l’ensemble des projets de cinéastes, de réalisateurs de séries-télé. Les jeunes réalisateurs et organisateurs de festival de cinéma ou d’importantes sessions de formation ou d’activités autour de l’audiovisuel sont royalement ignorées» s’indigne M. Sy, acteur de cinéma avant d’ajouter : «nous demandons une gestion saine du Fopica pour développer davantage le secteur du cinéma et de l’audiovisuel».

Le collectif des rappeurs de Guédiawaye souhaite la démocratisation et la décentralisation du Fonds des cultures urbaines au lieu de le laisser aux mains des ténors-dinosaures du mouvement hip hop. Des écrivains s’indignent également de la manière dont le Fonds d’aide à l’édition est gérée pour le compte exclusif de certaines structures et des besoins du cabinet ministériel. Pour leur part, artistes danseurs et acteurs du théâtre réclament depuis longtemps leurs fonds.

Pour ce qui est de la Sodav, plusieurs sociétaires exigent depuis longtemps la mise en place et l’opérationnalité de la Commission permanente de contrôle pour la gestion saine des dus des ayant-droits, des redevances et des subventions de l’Etat. Cette commission est composée de représentants de la Cour des comptes, de la Cour suprême, du ministère en charge des Finances et de la Culture et du Patrimoine historique. Les artistes réclament cette commission permanente de contrôle et non un cabinet de complaisance. « Cette commission est un préalable pour la mise en œuvre de la copie privée. Sinon des milliards issus de la copie privée peuvent entrer à la Sodav, mais les artistes et ayants droit ne verront rien. Ce sera pour un groupuscule » assène un membre de l’association des cinéastes sénégalais.

Ce dernier réclame d’ailleurs le siège pour la culture au CESE qui revient de droit au secteur du cinéma. « Après la mort de Cheikh Ngaïdo Ba, ancien président des cinéastes sénégalais, il devait être remplacé par l’actuel président des cinéastes du Sénégal au Conseil Economique, Social et Environnemental – CESE-, mais quelqu’un d’autre a usurpé ce poste avec la complicité du Ministère de la Culture. Il faut réparer ce tort », peste-t-il.

Par ailleurs, la gestion des fonds du Mémorial Bateau Le Joola érigé à Ziguinchor est décriée par les associations des familles victimes du Joola. « Nous sommes outrés de la manière dont le processus et le budget du Mémorial sont gérés car on a voulu faire de nous des faire-valoir, mais nous n’accepterons jamais des forfaitures avec une dame d’une incompétence criarde du Ministère de la Culture qui gère ce projet », rajoutent-elles. Si le nouveau Ministre de la Culture et du patrimoine historique veille à la gestion rigoureuse des fonds culturels, cela fait partie de nos attentes les plus souhaitées.

Mariame DJIGO

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