Un an après le coup d’État militaire : La Guinée, de l’espoir à l’incertitude…

par Dakar Matin

« Après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous,  nous avons décidé de dissoudre la constitution en vigueur, dissoudre aussi, les institutions, le gouvernement et la fermeture des frontières terrestres et aériennes. La situation socioéconomique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, le non-respect de principes démocratiques, la gabegie financière et la corruption ont amené le CNRD à prendre ses responsabilités pour venir au secours du peuple guinéen » : Ce sont les premiers mots du chef de la junte militaire Mamadi Doumbouya, après le coup de force en Guinée Conakry.

Tout est allé très vite le dimanche 5 septembre 2021 en Guinée quand des tirs ont été entendus aux environs de 8 heures du matin, sur la presqu’île de Kaloum, centre de Conakry, la capitale, où siègent la présidence, les institutions ainsi que plusieurs bureaux d’affaires. C’était bien une tentative de coup d’État perpétrée par les forces spéciales guinéennes. Dans une vidéo qui devient très rapidement virale, est visible l’ancien président Alpha Condé assis sur un canapé dans le palais présidentiel vêtu d’une chemise entrouverte et d’un pantalon en Jeans.

Des militaires étaient aussi visibles sur la vidéo et à leur tête, le colonel Mamady Doumbouya. Ils confirment avoir capturé le président Alpha Condé.  « Nous allons engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée. Les guinéens ne doivent plus mourir pour la politique. Tous ensemble, nous allons mettre en place un système pour trouver la voie du salut pour les guinéens. » Ainsi rassurait le chef de la transition au début de la prise de pouvoir militaire.


Mamady Doumbouya devient président de la transition le 1er octobre qui suit le coup de force. Un Premier ministre civil, Mohamed Béavogui, a été nommé le 6 octobre et la constitution du gouvernement de transition s’est achevée le 5 novembre 2021. Le Conseil national de transition (CNT), organe législatif de la transition, a été constitué le 22 janvier. Il rassemble 81 membres, nommés par la junte, composés de représentants de partis politiques, de la société civile etc…, d’un président et de deux vice-présidents.

Le 11 mai 2022, le Conseil national de transition a adopté une résolution pour approuver un chronogramme de 36 mois avant un retour à l’ordre constitutionnel. L’annonce d’une transition de 3 ans et la décision des autorités de transition d’interdire les manifestations jusqu’à la fin de la transition ont suscité de nouvelles tensions entre le CNRD et plusieurs représentants de la classe politique et de la société civile, qui dénoncent une absence de dialogue avec le président de la transition et le gouvernement.
En effet, après des consultations nationales avec les forces vives de la nation, une période de transition de 39 mois a été proclamée par le chef de la Junte militaire, Mamadi Doumbouya. Une durée bien supérieure aux six mois de transition réclamée par la CEDEAO.

L’institution avait sommé les autorités guinéennes à une durée acceptable sous peine de nouvelles sanctions. Mais les démarches de la Cedeao n’ont pas empêché les manifestations anti-junte dans le pays. L’Union des forces démocratiques de la Guinée et d’autres forces politiques décident de tordre la main aux putschistes pour presser le pas vers un retour à l’ordre constitutionnel. Malgré l’annonce aussi de la dissolution du Front national pour la défense de la constitution, des manifestations ont éclaté dans le pays causant plusieurs dizaines de morts. La junte est pointée du doigt par les organisations de la société civile, elle a même été interpellée par le Haut conseil des Nations Unies aux droits de l’Homme.

Mais c’est toujours le statu quo alors le peuple guinéen s’attendait à une véritable rupture. Désormais face à de nombreuses critiques, le président du Comité national de rassemblement pour le développement semble engagé dans cette posture qui selon lui, est la voie pour faire revenir l’ordre constitutionnel, même si, Umaro Sissoco Embalo, président de l’organisation de la Cédéao estime  avoir convaincu les militaires de réduire la transition politique de trois à deux ans.
Face au Fndc et aux autres forces politiques du pays, Mamadi Doumbouya devra donc trouver la bonne formule, comme il l’avait souligné lors de la prise du pouvoir, pour la sauvegarde de la dignité des guinéens…

Dakaractu

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