Prix des denrées non contrôlés :les consommateurs abandonnés aux commerçants  

par pierre Dieme

Depuis plusieurs mois, la tendance observée sur le marché ne varie guère ! Les prix des denrées ne cessent d’augmenter, alors que l’Etat semble impuissant et que les politiques, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, en sont à leurs manœuvres. Abandonnés aux commerçants qui dictent leur loi, les consommateurs souffrent dans une totale indifférence.   

S’agit-il d’un réel abandon des consommateurs par les autorités ? Les commerçants font-ils preuve de cupidité en imposant les prix qu’ils veulent sur le marché ? Ces questions se posent avec acuité au regard de la situation actuelle sur le marché. Il ne se passe pas un jour sans qu’un ou plusieurs produits de première nécessité ne voient leur prix prendre l’ascenseur.

S’il est vrai que le Gouvernement, à travers le département du Commerce, a essayé de proposer des prix homologués pour contenir l’inflation à un niveau acceptable, force est de constater qu’il existe un réel problème de suivi. Et, à tous les niveaux.

Entre le poisson, la viande de mouton et de bœuf, les prix sont intouchables. «Pour ce qui est du poisson, il faut désormais être un nanti pour en manger. Actuellement, c’est la plus mauvaise qualité de poisson qui s’achète par les ménages sénégalais. Même le prix du ‘’yabooy’’ a triplé. Ce qui était vendu à 300 francs CFA est passé à 1.500 francs CFA. Pour ce qui est de la viande, c’est le même constat. Pour le kilogramme de la viande de mouton, il faut 6500 francs et pour le bœuf, c’est à 5500 francs CFA. Pour manger de la viande grillée, il faut entre 8500 francs et 10.000 francs selon les dibiteries», renseigne Matar, boucher à la Sicap.

A l’en croire, la situation va aller de mal en pis car, aucune mesure n’est prise par les autorités pour trouver des solutions et soulager les ménages. «Le ministère du Commerce a donné des numéros pour dénoncer certaines pratiques sur le marché. Mais, quand tu appelles, tu te rendras compte que les gens s’amusent dans ce pays. Il n’y a rien de sérieux. Nous sommes abandonnés à notre propre sort. C’est bien cela la réalité», dénonce encore Matar.

« Macky Sall est en train de tuer les Sénégalais à petit feu »

Non loin de son point de vente, le décor est constitué par une rangée de boutiques où le constat reste le même. L’huile est passée du simple au triple. Les cinq litres qui étaient vendus à moins de 10.000 francs CFA sont passés à près de 16.500 francs CFA. Idem pour le sachet de lait qui coûtait entre 1300 francs CFA et 1500 francs CFA. Actuellement et selon la marque, il faut au minimum débourser pas moins de 2100 francs CFA. Pour l’oignon, le kilogramme est à 1000 francs CFA. «Le sac d’oignon valait près de 8000 francs CFA. En un temps record, il est passé à 17000 francs CFA. Récemment, on a même parlé de 50.000 francs CFA le sac d’oignon. Il a fallu que le porte-parole du Khalife général des Mourides fasse une sortie pour que l’on revienne à un prix normal. Cela est une preuve flagrante que les autorités ont totalement abandonné les consommateurs. C’est honteux. Macky Sall est en train de tuer les Sénégalais à petit feu. Ses ministres ne travaillent pas et ses directeurs généraux dorment, voyagent et jouent au tennis», crie Fatou, mère de famille.

D’ailleurs, elle affirme qu’au niveau des marchés, tout est devenu intouchable. «Vous voulez des légumes, il faut multiplier la dépense par trois. Vous voulez de la viande et du poisson, c’est la même chose. Avant, je venais avec moins de 100.000 et je retournais avec tout ce dont j’avais besoin. Aujourd’hui, je viens au marché avec 150.000 francs CFA, je n’ai pas la moitié des denrées dont j’ai besoin. C’est vraiment grave et pourtant, notre Président dit qu’il travaille. Ces gens-là qui dirigent le pays font dans la comédie

», se désole-t-elle encore.   

Abdoulaye MBOW 

Tapha Diallo, boutiquier-détaillant : «Personne ne va tenir…»  

«Si la tendance se poursuit, personne ne va tenir. Nous qui sommes des détaillants et nous subissons aussi le diktat des grossistes. Tu achètes quelque chose à 1000 francs, le lendemain, on te dit que cela coûte 3000 francs CFA. Le plus grave, c’est que les clients croient que nous augmentons volontairement les prix. Ce qui est loin d’être le cas. Très souvent, il y a même des empoignades avec des clients qui n’hésitent pas à s’emporter. Certains te traitent de voleur, d’autres balancent des insultes. La situation est encore plus tendue quand tu refuses de faire du crédit. Je vous assure qu’il y a des mères de famille qui demandent un kilogramme de riz et un sachet d’huile à payer dans quelques jours. Donc, vous voyez que la situation est très compliquée. Nous essayons de faire des efforts, mais nous aussi, sommes menacés de faillite. Donc, si cela continue, personne ne va tenir.»      

Amath Diop, notable : «L’Etat doit nous aider»  

«L’Etat doit nous aider. Les autorités ne doivent pas nous abandonner. La situation actuelle est très difficile. Les pères de famille n’arrivent plus à s’en sortir. Personne ne comprend pourquoi les prix des denrées ne cessent d’augmenter. Il n’y a aucun contrôle. Les commerçants font ce qu’ils veulent. Mais, je dois dire que si rien n’est fait, les Sénégalais ne pardonneront pas au Président Macky Sall. D’ailleurs, qu’il sache que parler d’un troisième mandat, serait nous provoquer. On ne mange plus à notre faim alors que lui et ses ministres sont des milliardaires. On vole des centaines de millions chez son griot et il ne dit rien. Ce pays-là, est bizarre. Nous ne voulons plus d’amateurs à la tête de notre pays. Avec Macky Sall, nous sommes des morts-vivants, tout simplement ».   

Le Vrai Journal

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