Il ne fait pas bon d’être piéton à Dakar. Entre le désordre causé par les motos communément appelés «deux-roues», des rues impraticables surtout après la pluie, des trottoirs occupés, marcher dans la capitale sénégalaise relève d’un parcours d’un combattant pour ne pas dire les douze travaux d’Hercule. Les piétons affrontent des obstacles en permanence pour vaquer à leurs occupations. Du coup, la survie à ce capharnaüm reste un défi au quotidien.
Un énième accident évité de justesse ! Sur l’Avenue Bourguiba, une jeune femme a failli se faire percuter par une moto hier, mardi 30 août. Profitant de la file de véhicules qui roulaient lentement pour traverser la chaussée, elle se retrouve face-à-face avec une moto jakarta. Le conducteur n’a pas hésité à lui proférer des injures, lui incombant la faute. Ce genre de scène qui a suscité la curiosité des passants, se passe presque tous les jours à Dakar.
Ceux qui parcourent les rues de la capitale peuvent en témoigner. Le danger est permanent pour les passants à cause des motos qui se glissent entre les véhicules. En effet, il ne fait pas bon d’être un piéton à Dakar. Se déplacer à pied au quotidien dans la capitale relève de l’exploit. Un véritable parcours de combattant pour ne pas dire les douze travaux d’Hercule.
Au trafic automobile à travers les rues et ruelles de la ville devenu un obstacle que le piéton doit affronter, s’ajoute le désordre des deux-roues à l’origine des affres de la circulation. Ils roulent à des vitesses très souvent démesurées, dans tous les sens.
Certains ignorant les dangers et les règles du code de la route. «Vraiment, c’est très difficile de traverser la route à cause des motos. Parfois, un automobiliste ralentit pour te permettre de passer mais les motos surgissent de partout et ce n’est pas sûr. Elles peuvent vous tuer. Ça failli m’arriver plusieurs fois», témoigne une jeune fille du nom de Fatou Diouf. Les piétons subissent aussi la foudre des conducteurs. «Certains d’entre eux sont très indisciplinés. Même s’ils savent qu’ils ont tort, ils ne te demandent même pas pardon. Ils vous accusent de n’avoir pas bien regardé devant vous avant de traverser. Ils sont rapides les Jakarta-men. J’ai toujours peur quand je dois traverser les grandes artères », confie encore la jeune fille.
Le calvaire des piétons ne se limite pas seulement au désordre des deux-roues mais va plus loin. Les embouteillages des rues en font partie. Il n’y a presque plus de trottoirs à Dakar. Les piétons slaloment entre les garages des mécaniciens, les gargotes, les étals des vendeurs, les chevalets et les tables de café qui fleurissent sur les trottoirs. Ses propriétaires ont fini par prendre carrément possession de la chaussée au vu et au su de tout le monde. C’est le cas par exemple au rond-point Liberté 6 où vendeurs, automobilistes et passants se disputent le chemin à leurs risques et périls.
L’anarchie qui sévit dans le stationnement, rend aussi plus pénible la marche. Faute de parking, les automobilistes sont de plus en plus enclins à se garer sur les trottoirs. Du coup, les usagers sont obligés de se rabattre sur la chaussée pour les contourner et s’exposer ainsi au danger. «Il est difficile de marcher ici. Tu ne sais pas par où passer à cause de l’encombrement des rues et personne ne dit rien. On est obligés de marcher sur la route. Ce qui n’est pas sans danger car, à Dakar, il y a beaucoup de véhicules», regrette un jeune homme.
Après la pluie, c’est la gymnastique à Dakar. Ce n’est pas trop dire. Il faut s’exercer à marcher sur la pointe des pieds, tout en redoublant de vigilance pour voir où mettre le pied. Pour cause, la tombée des eaux empire l’état des rues déjà impraticables à cause des canaux qui déversent des eaux usées tout le temps ou encore des bouches d’égout béantes. Ce qui fait que la circulation dans les rues de Dakar n’a rien de plaisir pour les piétons après chaque pluie. Pas plus tard qu’hier, ceux qui étaient dehors, ont subi la loi et les caprices des eaux. Il faut surtout apprendre à naviguer entre les flaques d’eau qui jonchent le sol tout en évitant aussi de se faire aspergés d’eau par les véhicules qui passent. Comme pour dire que chaque sortie de son domicile devient un véritable cauchemar à Dakar.
Mariame DJIGO