Quand L’Etat défaille !

par pierre Dieme

Ces derniers jours, la cherté de l’oignon sur le marché national a ému plus d’un. Une situation inédite dans certaines localités du pays notamment à Touba où les prix sont ressortis exorbitants passant ainsi du simple au triple.

Le Sénégal enregistre d’année en année des tensions sur un certain nombre de denrées alimentaires comme l’huile, le riz et le sucre pour des raisons fallacieuses, faute d’une régulation du marché. Une situation préoccupante à laquelle il urge d’apporter des solutions adéquates. Et ce, en mettant autour d’une table les producteurs, les commerçants, les consommateurs et l’Etat pour réguler le marché de la consommation.

Ces derniers jours, la cherté de l’oignon sur le marché national a ému plus d’un. Une situation inédite dans certaines localités du pays notamment à Touba où les prix sont ressortis exorbitants passant ainsi du simple au triple.

Au marché Occass de Touba, le kilogramme se vendait entre 1500 et 2000 FCFA, voire plus à certains endroits par des commerçants véreux, qui ne pensent qu’à eux même. Alors qu’une semaine avant cette tension créée et savamment planifiée par des adeptes du dessèchement, le kilogramme d’oignon s’offrait entre 600 et 800 FCFA sur le territoire national. Et ce, peu avant et après la fête de tabaski. A la base de ce gain inacceptable, le Magal de Darou que certains commerçants vicieux ont saisi pour stocker l’oignon le temps de voir le marché connaitre la tension pour ensuite vendre au plus cher, le tout au détriment du consommateur, tenaillé par sa foi de commémorer son guide religieux. Mais, cette situation était bien plausible parce que connue de tous que durant les grandes fêtes et autres événements religieux la consommation de denrées alimentaires est en nette hausse. A partir de ce moment, se pose légitimement la question de savoir si toutes les dispositions ont été prises en amont pour éviter cette spéculation ?

En tout état de cause, c’est la énième fois que les consommateurs sont laissés pour compte lorsqu’il s’est agi d’approvisionner correctement le marché en denrées alimentaires notamment en huile, en riz, en sucre ou encore d’appliquer correctement les tarifs arrêts ou fixés par le ministère du Commerce. Les commerçants ont toujours prétexté que leurs stocks payés à prix d’or ne sont pas encore épuisés. Lesquels d’ailleurs, ne s’épuiseront jamais ! Du reste, le niet catégorique des commerçants d’appliquer les nouveaux tarifs sur le riz, le sucre, et l’huile, ordonné par le chef de l’Etat Macky Sall n’a pas eu tout l’effet escompté jusqu’à ce jour.

Au demeurant, c’est le citoyen qui continue de payer les pots qu’il n’a d’ailleurs pas cassés. L’Etat et les commerçants (grossistes et détaillants), continuent toujours de se sucrer sur les maigres revenus d’honnêtes citoyens. Et ce, en se livrant à leur jeu de ping-pong. D’un côté, l’Etat asphyxie les commerçants par des taxes et autres impôts pour recouvrir le maximum de recettes devant lui permettre de faire face à ses charges publiques et de l’autre côté, les grossistes comme les détaillants qui cherchent vaille que vaille des marges de manœuvre pour compenser les pertes. Ce qui n’est d’ailleurs toujours évident puisque certains commerçants véreux en profitent pour réaliser les bénéfices excessifs. Dans une telle situation, l’Etat tout comme les commerçants sont coupables de leur gourmandise. La première cité qu’est l’Etat est en mauvaise posture d’infléchir les commerçants en ce sens qu’il a beaucoup tirer du lait et du fromage d’eux sans en contrepartie se soucier de leur survie.

Face à cet état de fait, les commerçants trouvent le malin plaisir de justifier leur forfaiture par le non épuisement de leurs stocks, par le trop de taxes et autres impôts, par la prise de décision sans concertation en amont entre autres. Pour y remédier, il s’impose à présent d’aller vers les premières assises de la consommation pour une politique d’ensemble visant à renforcer la protection des consommateurs.

Jean Pierre MALOU 

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