Restée silencieuse depuis la fermeture controversée de l’hôpital Aristide Le Dantec, Marie Khémesse Ngom Ndiaye est sortie de sa réserve pour voir l’état de déménagement des services du centre hospitalier. En dépit des critiques, la ministre de la Santé et de l’action sociale a assumé le schéma mis en place pour la poursuite des activités médicales.
Prise dans un tourbillon de critiques, Marie Khémesse Ngom Ndiaye était sortie de ses bureaux pour aller sur le terrain. Avec ses couacs, les complaintes, les discours contradictoires, le déménagement de l’Hôpital Aristide Le Dantec (Hald) s’est fait avec beaucoup de bruit. «Si on se dit la vérité, l’hôpital Aristide le Dantec est fini. C’est la fin de son histoire», avance la ministre de la Santé et de l’action sociale, flanquée du Gouverneur de Dakar, des autorités sanitaires, civiles et militaires, lors de sa tournée des établissements sanitaires qui accueillent des services de Hald. Sous un ciel menaçant, la ministre de la Santé débarque à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, qui accueille l’essentiel des services décentralisés de Le Dantec. Accueillie par Moussa Sam Daff, qui organise la visite guidée dans les bâtiments qui accueillent entre autres l’onco-pédiatrie, la cardiologie, la dermatologie, l’ophtalmologie, la chirurgie générale, elle constate la poursuite des installations des équipements. Elle est rassurée par le discours des médecins et professeurs, qui annoncent la reprise imminente du travail. Pr Abou Ba, pédiatre, assure : «Après un début difficile, le lundi, les automatismes se sont finalement installés.»
Au Hangar des pèlerins de Yoff, les travaux pour l’installation des unités d’hémodialyse se poursuivent. Le service sera opérationnel le 24 août prochain. Il est prévu 22 box pour les malades, rassure Pr El Hadji Fary Ka. Au Centre de santé Diogali Moussé Samb de Ngor, les services du bloc opératoire sont en cours d’installation. A l’Hôpital militaire de Ouakam, itou. Et au Centre hospitalier Abass Ndao, les services de la pédiatrie, de l’ophtalmologie sont déjà installés même s’il attend d’autres spécialités.
Evidemment, elle connait le poids que représente Le Dantec dans l’offre des soins. Face à la presse, Mme Marie Khémesse Ngom demande au personnel de santé de «se donner la main pour réussir avec brio ce travail de redéploiement des services de l’hôpital Aristide Le Dantec». Présent durant la tournée, le syndicaliste Mballo Dia Thiam, leader du mouvement And gueusseum, est apostrophé par l’ancienne directrice de la Santé : «Vous Mballo Dia Thiam, vous êtes parti au Palais à la rencontre du Président. A l’issue de cette rencontre, vous étiez tombés d’accord sur la démolition de l’hôpital. Alors pourquoi aujourd’hui jeter du sable dans le couscous ?» Sans mettre de gants, elle enchaîne : «Si on se dit la vérité, l’hôpital Aristide Le Dantec est fini. C’est la fin de son histoire. Et il faut que vous le sachiez. On va le démolir pour le reconstruire à un niveau 4. Et cela va diminuer les évacuations. Nous allons partir sur un nouvel élan.»
Malgré les critiques, la ministre de la Santé et de l’action sociale ne montre aucun signe de stress. Elle assume : «On construit sur 3 ha, le promoteur nous dit devant tout le monde qu’on ne peut plus aller par phasage. Mais plutôt détruire complétement la structure. Cela veut dire que les malades vont forcément sortir. Je n’ai pas attendu parce qu’ils nous ont donné rendez-vous le 1er septembre. On m’a donné 15 jours et j’ai pu rencontrer tout le monde, tous les chefs de services, pour voir comment s’organiser.»
Interpellée sur la polémique qui entoure la cession des 3 ha de l’hôpital, la ministre a préféré botter en touche. «Je ne suis pas une spécialiste foncière.» Toutefois, elle est prête à tout : «Ceux qui veulent porter plainte pour ces trois ha, ils n’ont qu’à aller porter plainte contre l’Etat. Et les plaintes seront nombreuses dans cette affaire. Nous appelons tout le monde à assister les malades.»
Il faut savoir que la durée maximale prévue pour les travaux de reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec, fermé le 15 août dernier, est de 20 mois et le coût, 60 milliards F Cfa. Ce budget prend essentiellement en compte les coûts de la reconstruction, l’acquisition des équipements, le suivi et l’évaluation des travaux. A terme, Le Dantec, qui sera de niveau 4, devrait avoir une capacité de 600 lits et 24 salles d’opération.
Par Abdou Latif MANSARAY