Nous assistons à des jeux de chaises musicales depuis l’envol de ce joyau plébiscité par les sénégalais : Trois directeurs ont été nommés en six ans et la suite n’est pas encore écrite.
La compagnie nationale créée en 2016, suite à la faillite de Sénégal Airlines, avait comme objectif de devenir un acteur majeur du transport aérien de l’Afrique de l’ouest. L’Etat sénégalais propriétaire de la compagnie par le biais de la Caisse des Dépôts et de Consignation (CDC), avait accueilli les premiers Airbus d’Air Sénégal avec faste pour lever une anomalie. En effet, le Sénégal qui vient de construire un aéroport qui a l’ambition d’être un «HUB», ne pouvait pas rester sans une flotte nationale digne de ce nom.
Nous assistons à des jeux de chaises musicales depuis l’envol de ce joyau plébiscité par les sénégalais : Trois directeurs ont été nommés en six ans et la suite n’est pas encore écrite.
Air Sénégal a démarré en grande pompe et les passagers semblaient épanouis dans ses vols, malgré un personnel sénégalais encore en formation. Les agents au sol avaient un sourire exagérément sympathique et les passagers sénégalais étaient fiers d’entendre les annonces de l’équipage en français, anglais et surtout en Wolof (une des langues nationales du Sénégal).
A l’instar des autres compagnies, le fleuron est confronté à des retards et surtout sa communication devient inaudible et hasardeuse. La compagnie était aux abonnés absents : injoignable au téléphone pour la diaspora et d’autres passagers en provenance d’Europe.
Suite aux différentes plaintes des usagers relayées par les réseaux sociaux, la compagnie annonce laconiquement sur son site que Monsieur Kane n’est plus Président de la compagnie sans que ce dernier ne soit remercié du travail accompli. Il convient de rappeler que Air Sénégal dispose de 9 avions pour 24 destinations.
Les années «COVID» ont fait apparaitre sa fragilité. Beaucoup de passagers qui n’ont pas pu prendre leurs vols ne sont ni remboursés, et aucun avoir leur est proposé, contrairement aux compagnies européennes. Air Sénégal a fait la sourde oreille, considérant peut-être à tort, que ses passagers floués, finiront par abandonner. Il n’en est rien : Un cabinet d’avocats français vient de l’attaquer au tribunal de Paris pour non-respect du contrat qui la lie à ses usagers.
Notons qu’une directive européenne oblige les compagnies, en cas de retard de plus de 3 heures, à indemniser leurs passagers à hauteur de 250 € (160 000F CFA) pour les moyens courriers et 600€ (400 000Ff CFA) pour les longs courriers.
Des mensonges grossiers cousus de fil blanc font légion : A titre d’exemple, ce vol Paris-Dakar qui a atterri avec 3 heures de retard, a coïncidé avec l’atterrissage de la compagnie belge, Brussel Airlines. Une annonce de l’aéroport indique aux passagers d’Air Sénégal que leurs bagages n’ont pas pu être embarqués par la compagnie, par conséquent, les personnes concernées pourront revenir le lendemain pour les chercher.
Face à la révolte, à l’incompréhension et des esprits qui commençaient à s’échauffer, il est annoncé que finalement les bagages sont bien arrivés. Que signifie ce mensonge ? Y a-t-il eu une confusion entre la gare routière de Dakar et l’aéroport internationale Blaise ? La compagnie nationale sénégalaise est dans un grand flottement. A-t-elle- démarré précipitamment ? A-t-elle voulu desservir plusieurs destinations internationales sans en avoir les moyens ? Elle est irréprochable, lorsque tout tourne: Personnel à bord très dévoué et professionnel, Airbus Néo confortable…
Néanmoins, dès qu’il y a un imprévu, c’est la panique et les bonnes décisions claires ne sont jamais prises. Il est plus important pour les passagers de transmettre aux clients des vérités difficiles à entendre que les mensonges qui finiront toujours par être dévoilés.
Air Sénégal joue encore avec ses clients fidèles. Il vaut mieux une perte d’argent conjoncturelle pour conserver ses clients que de les voir fuir et se diriger vers d’autres compagnies qui rencontrent aussi des difficultés mais qui l’assument. Je crains qu’Air Sénégal puisse tenir à long terme car elle ne semble avoir des reins solides pour affronter une concurrence ardue qui nécessite une remise en cause en permanence.
Le changement perpétuel de Directeur n’est pas la bonne clef pour maintenir en vie ce joyau qui fait la fierté des sénégalais. Peut-être que l’Etat du Sénégal n’est pas mieux indiqué pour gérer une compagnie aérienne ?
Alassane THIAM