Nébuleuse, micmac, boulimie foncière. Aucun des mots n’est de trop pour qualifier ce qu’il conviendra d’appeler Le Dantecgate ou le feuilleton d’été au Sénégal.
La pression ne baisse pas dans l’affaire de la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec pour cause de réhabilitation. Le collectif pour la Défense et la Sauvegarde de l’Hôpital Aristide Le Dantec d’un côté, l’Etat de l’autre, se livrent une bataille sans merci par presse interposée. Pendant ce temps, des patients en détresse sont laissés sur le carreau. Un véritable feuilleton de l’été 2022 qui est loin de connaitre son épilogue parce qu’entouré d’un voile plus qu’épais qui laisse paraitre un parfum de scandale sur trois hectares.
Nébuleuse, micmac, boulimie foncière. Aucun des mots n’est de trop pour qualifier ce qu’il conviendra d’appeler Le Dantecgate ou le feuilleton d’été au Sénégal. Et pour cause, l’Etat du Sénégal n’est toujours pas officiellement monté au créneau pour expliquer à l’opinion les tenants et aboutissants de la délocalisation des services et de la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec pour la réhabilitation qui défraie la chronique et fait couler beaucoup d’encre et de salive depuis quelques jours.
D’un côté, un collectif qui semble défendre ses intérêts personnels, des patients désemparés qui ne savent pas à quel saint se vouer, des contractuels qui voient leur horizon bouché ; et de l’autre des techniciens visiblement envoyés par le département de la santé qui peinent à convaincre. Le président du Collectif pour la Défense et la Sauvegarde de l’Hôpital Aristide Le Dantec, Abdoulaye Dione parle d’un «acte criminel perpétré par l’Etat du Sénégal» et même de «non-assistance de personne en danger».
En cause, dit-il, «les malades sont laissés à eux-mêmes, les hémodialysés, les cardiaques ne pouvant pas être transportés dans les hôpitaux qui sont déjà malades». Allant plus loin, Abdoulaye Dione soutient que le ministre de la Santé et de l’Action sociale refuse même de garantir les dix-huit mois de salaires (durée de reconstruction de la structure) pour le personnel soignant. Hier, mardi 16 août, alors que la délocalisation se poursuivait, le Collectif ne désistait toujours pas. Les travailleurs ont été interdits d’entrer dans la structure sanitaire à cause de la mise en place d’un impressionnant dispositif sécuritaire. Ils annoncent une rencontre avec la presse dans les jours à venir.
«LES TRAVAILLEURS INVITÉS À RESTER CHEZ EUX EN ATTENDANT…»
Dans une note de service datée du 16 août, la direction de l’hôpital Aristide Le Dantec invite les travailleurs à rester chez eux. «Comme suite à l’arrêt progressif des activités depuis la date du lundi 15 août 2022, la Direction invite le personnel, à bien vouloir rester chez eux dans l’attente de la publication imminente des notes d’affectation dans les structures d’accueil», rapporte le document. Ce qui semble donner raison aux travailleurs qui ont toujours dénoncé une «précipitation» de la délocalisation des services.
S’exprimant sur le plateau de la Sen Tv, le directeur de l’hôpital Aristide Le Dantec, Dr Babacar Thiandoum visiblement mal à l’aise, s’est contenté de retracer l’arrivée des Espagnols en citant le refus de la Banque mondiale d’homologuer le premier projet qui a avait été confié à l’architecte Malick Mbow. Il soutient qu’il a eu à signer plusieurs contrats avec des Sénégalais qu’il appelle «convention de recherche et de financement» pour trouver des bailleurs.
Faisant la genèse de l’arrivée des Espagnols, il a aussi soutenu que ces derniers ont eu à travailler avec l’architecte Malick Mbow. C’est ainsi que le Président de la République, Macky Sall a décidé de confier le finalement au Fonds souverain d’Investissements stratégiques (FONSIS). Alors que des Espagnols avaient été cités dans la reconstruction de l’hôpital suite à un appel d’offre, nous dit-on, un autre communiqué est publié dans le site de FONSIS qui prouve que trois hectares sont mis en vente sans pour autant qu’on précise le prix du mètre carré et autres. «Dans le cadre du projet de reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec, l’Etat du Sénégal met en vente une partie du foncier, d’une contenance de trois hectares», lit-on dans un avis de vente du FONSIS.
L’hôpital Aristide Le Dantec a fermé ses portes au public avant-hier, lundi 15 août mais quelques services étaient encore fonctionnels le temps que leurs sites d’accueil soient opérationnels. Il s’agissait notamment des services de néphrologie avec les deux centres d’hémodialyse pour les malades dialysés, de l’oncologie pédiatrie et de cancérologie adulte avec la radiothérapie et la chimiothérapie le temps que les sites d’accueil soient opérationnels.
En effet, dans le cadre de la construction de l’hôpital Aristide Le Dantec, un schéma de redéploiement des services et du personnel, différents hôpitaux et centres de santé sont choisis pour abriter les différents services. Il s’agit de «Dalal Jamm, Fann, Idrissa Pouye (HOGIP), Roi Baudoin, hôpital militaire de Ouakam, hôpital d’enfant de Diamniadio, Institut d’hygiène sociale, hôpital de Pikine (Camp Thiaroye), Abass Ndao, Ahmadoul Khadim de Touba, Centre de santé de Ngor, les Maristes, Yeumbeul, Colobane, Nabil Choucair, Baye Talla Diop (ex-Dominique de Pikine), Sicap Mbao, Keur Massar, PMI de Médina et le Hangar des pèlerins (unités d’hémodialyse)», selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale. L’hôpital Aristide le Dantec devra être reconstruit pour un coût de 60 milliards de F CFA. La durée des travaux est de dix-huit mois.