Le président Macky Sall souhaite une mobilisation massive de financement afin de lutter contre les inondations. Les causes notamment l’occupation des zones non habitables, continuent.
Le président Macky Sall souhaite une mobilisation massive de financement afin de lutter contre les inondations. Seulement plusieurs centaines de milliards sont déjà dépensées pour la construction d’infrastructures sans qu’une solution ne soit trouvée. Les causes notamment l’occupation des zones non habitables, continuent.
L ’Etat du Sénégal veut des investissements conséquents pour faire face aux inondations. En conseil des ministres du mercredi, 10 août 2022, le chef de l’Etat, a engagé son gouvernement à formuler avant décembre 2022, un nouveau programme d’investissements massifs en matière d’assainissement des eaux pluviales. Il a aussi demandé la finalisation du Plan décennal de lutte contre les inondations (2012-2022). Et pourtant, le plan décennal en finalisation, n’a pas donné de résultats convaincants. L’impact des inondations continue d’être ressenti en dépit des investissements à milliards.
Dans son rapport en 2020, l’Assemblée Nationale a indiqué que le document remis à sa mission d’enquête parlementaire par le ministère des Finances et du Budget, comptabilise une dépense totale de 291.338.984.746 F CFA soit un taux de réalisation de 38 % à deux ans de la fin du programme.
Lors de la restitution de ce dit document en 2021, le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo avait donné une autre estimation, «le programme décennal a fait l’objet de plusieurs évaluations notamment en 2017 et 2018 qui ont permis de mettre en évidence les réalisations et performances de plusieurs entités de l’Etat dans le cadre de la connaissance des territoires, de leur restructuration, du relogement et du drainage des eaux de pluies.
La présente évaluation montre que le programme initial de 766 milliards 988 millions 450 mille 362 F Cfa est présentement exécuté à hauteur de 511 milliards 231 millions 298 mille 456 F Cfa, soit 66,65 %». En plus de ces financements, rappelons que dans des zones comme Keur Massar, l’Etat du Sénégal a été obligé de faire un plan d’urgence de 15 milliards à la suite des inondations de septembre 2020. Des quartiers étant toujours impactés, il a été décidé un projet qui sera connecté au bassin de Mbeubeuss.
En visite de prospection avant l’hivernage des ouvrages réalisés, à quelques semaines de cet hivernage 2022, le ministre de l’Eau et l’assainissement, Serigne Mbaye Thiam, a fait l’annonce que 28,5 milliards ont été investis dans ce département. La cause des inondations n’est pas seulement l’absence d’infrastructures de drainage qui, selon le rapport de l’Assemblée Nationale, pose également un problème de gestion et d’entretien.
En effet, signale-t-il, les ouvrages d’assainissement construits dans le cadre ou non du Programme décennal de lutte contre ne sont pas entretenus convenablement. Cette remarque est perceptible sur le terrain. Pendant l’hivernage, le manque d’entretien des infrastructures souvent obstruées, influe sur l’infiltration de l’eau.
L’origine des inondations à Dakar toujours expliqué par ce document officiel est l’occupation des bas-fonds consécutive au fort accroissement urbain de Dakar qui polarise une très grande partie des activités commerciales, industrielles et de services du pays.
Les inondations qui ont fait suite à la pluie du vendredi, 5 août 2022 avec le déversement des eaux de la station de la zone de captage, montrent que l’occupation des zones non aedificandi est source de problème.
Malgré les cas notés, le Sénégal n’arrive pas à avoir une gestion harmonisée des sols. En exemple, la technopole une zone non habitable fait l’objet de morcellement et d’usage autre que son objectif initial.
Le département de Rufisque continue son expansion incontrôlée. L’étude des parlementaires avait aussi montré que l’assainissement ne semble pas être érigé en priorité dans le cadre des projets de lotissements et dans la procédure de mise à disposition de parcelles aux populations (cas de Keur Massar) et même dans les programmes de relogement (Jaxaay, Tawfex) ou de construction de nouvelle ville comme Diamniadio.
Pour rappel, avant ce vœu de mobiliser de financements consistants, l’Etat avait manifesté le souhait d’avoir un plan décennal (2022-2033). En septembre 2021, en conseil des ministres, le président de la République Macky Sall, avait souligné, «la nécessité, pour le gouvernement, de préparer la formulation d’un nouveau programme décennal de gestion des inondations (2023-2033), en cohérence avec le Plan national d’aménagement et de développement des territoires (PNADT) et dans une dynamique de développement de la politique d’assainissement». Avec ce souhait de l’Etat, ce nouveau plan annoncé sera-t-il beaucoup consistant que celui en phase de finalisation ?
Fatou NDIAYE