Qui l’eût cru ! Depuis que les sénégalais de la diaspora ont eu droit de choisir leurs députés, jamais un parti au pouvoir n’a perdu les élections en France. Je sentais ce mouvement de colère silencieuse envahir les « FRANCENABE ».
Qui l’eût cru ! Depuis que les sénégalais de la diaspora ont eu droit de choisir leurs députés, jamais un parti au pouvoir n’a perdu les élections en France. Je sentais ce mouvement de colère silencieuse envahir les « FRANCENABE ».
Le 21 mai 2020, j’intitulais ma chronique : Macky arrose la diaspora, je ne dis pas : Merci. J’étais stupéfait de voir durant la pandémie du COVID que chaque sénégalais résidant en France pouvait recevoir jusqu’ à 300€ (200 000F CFA) de l’état du Sénégal. Or, les « sénégalais du Sénégal » souffraient davantage de l’impact de la maladie. J’insistais sur le fait que l’état français avait mis tout en œuvre pour atténuer la souffrance de ses citoyens et je rappelais que les étrangers avaient les mêmes droits sociaux que les français.
Le pouvoir a utilisé un « logiciel » qui date et qui ne fait plus recette pour attirer le vote des sénégalais. La sociologie des immigrés sénégalais en France a beaucoup évolué.
En effet, les « anciens » très légitimistes ont fait valoir leurs droits à la retraite et n’ont plus, comme on pourrait le penser l’emprise sur leurs familles restées au pays. C’était le « Ndiguel » (recommandation) qui était recherché pour faire basculer les élections dans leurs villes ou villages d’origine. Il faut se rendre compte qu’en France, beaucoup de jeunes binationaux n’ont pas le même rapport à la politique que leurs aînés.
Lors des élections présidentielles de 2019, j’ai pu constater que certains venaient en nombre pour dire publiquement qu’ils ne voteront pas comme leurs darons. (Leurs pères). L’argent a encore coulé à flot, à perte. Les sénégalais ont choisi l’opposition pour être représentés à la future assemblée nationale.
Cette défaite du parti au pouvoir pourrait aussi s’expliquer par la grosse colère de certains membres dirigeants de leur parti. En effet, l’éviction de Demba Sow, compagnon du Président de la république, dès la première heure, a heurté beaucoup d’adhérents et de sympathisants. Ce dernier n’a pas été associé à la confection des listes et n’a appris son éviction que lors de la diffusion de la liste de BENNO BOK YAKAAR (coalition de partis au pouvoir) par les médias sénégalais.
Cette inélégance a donné lieu à des débats houleux et s’est traduit par des appels de certains adhérents à un vote sanction contre le gouvernement. La perte de la « France » fait tâche, car il était imaginable que l’opposition puisse chavirer le pouvoir en place.
Dans la diaspora, les choses ont également beaucoup évolué, les achats de conscience ne fonctionnent plus, des convictions commencent à apparaitre pour dénoncer le délaissement de leurs régions d’origine. Il appartiendra aux partis politiques d’analyser finement le vote des citoyens sénégalais de la diaspora pour mieux comprendre son message. La tranche d’âge des électeurs, les catégories -socio professionnelles, la localisation des régions d’origine des électeurs sont des facteurs non négligeables pour cerner ce vote sanction.