Le Sénégal est parmi les pays à surveiller, selon le département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique. Il a publié avant-hier, mardi 19 juillet, son rapport sur la traite des personnes dans le monde
Le Sénégal est parmi les pays à surveiller, selon le département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique. Il a publié avant-hier, mardi 19 juillet, son rapport sur la traite des personnes dans le monde. La cause est l’absence de résultats conséquents dans la lutte contre la situation des enfants de la rue, en dépit des efforts fournis. Les remarques peu glorieuses des Américains, pour le Sénégal, sont aussi l’absence de suivi des abus sexuels dans les zones touristiques et aurifères.
Le département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique a publié avant-hier, mardi 19 juillet, son rapport mondial sur la traite des personnes à travers le monde. Pour le Sénégal, la remarque qui persiste est la situation des enfants de la rue. Le gouvernement américain trouve qu’en dépit des efforts déployés çà et là, le Sénégal n’est pas encore parvenu à éliminer la mendicité des enfants. Ces efforts comprennent l’augmentation des enquêtes sur la traite, des poursuites et des condamnations et la fourniture d’une formation anti-traite aux responsables judiciaires et chargés de l’application des lois.
Le gouvernement américain rappelle que le ministre de la Justice a publié une circulaire judiciaire exhortant les procureurs à demander des peines plus sévères, conformément à la loi de 2005 contre la traite. Cependant, le Sénégal n’a pas démontré d’efforts globalement croissants par rapport à la période de référence précédente, même en tenant compte de l’impact de la pandémie de COVID-19.
Le gouvernement n’a pas aussi enquêté, poursuivi ou condamné les trafiquants exploitant des enfants dans la mendicité forcée, conformément à la loi sur la mendicité de 2005. Pis, selon le rapport du département d’Etat, les autorités n’ont pas systématiquement utilisé cette loi pour poursuivre les trafiquants présumés.
Au contraire, elles ont continué à appliquer des sanctions incompatibles avec la loi. Pour les Etats-Unis, le gouvernement sénégalais a identifié beaucoup moins de victimes de la traite et a fait des efforts minimes pour les orienter vers les services dédiées à la lutte. Dans la notation américaine, le Sénégal stagne. «Étant donné que le gouvernement a consacré suffisamment de ressources à un plan écrit qui, s’il était mis en œuvre, constituerait des efforts significatifs pour respecter les normes minimales, le Sénégal a obtenu une dérogation en vertu de la loi sur la protection des victimes de la traite d’un déclassement autrement requis au niveau 3.
Par conséquent, le Sénégal est resté dans le lot des pays à surveiller pour la troisième année consécutive», peut-on lire dans le rapport. D’autre part, les Etats-Unis déplorent aussi l’inachèvement du processus de retrait des enfants de la rue initié par les autorités, l’existence de pratiques à travers lesquelles des parents envoient les enfants vivre avec la famille ou des connaissances afin que l’enfant ait un meilleur accès à l’éducation et aux opportunités économiques.
PEU D’ACTES CONTRE LES ABUS SEXUELS
«La corruption et la complicité officielle dans les crimes de traite sont restées des préoccupations importantes, inhibant l’action des Forces de l’ordre au cours de l’année», signale le document. Des observateurs ont allégué que les autorités refusaient parfois d’enquêter sur des cas de traite ou faisaient pression sur le système judiciaire pour qu’il abandonne des affaires, en particulier des cas impliquant des maîtres coraniques, et certains responsables de la sécurité auraient facilité le franchissement illégal des frontières par des migrants.
Le gouvernement a fait des efforts pour réduire la demande de trafic sexuel d’enfants, mais il n’a pas fait d’efforts pour réduire la demande de commerce du sexe en général. Les Forces de Police du tourisme du groupe de travail ont continué de surveiller les zones de villégiature de Saly et de Cap Skiring à la recherche d’indicateurs de tourisme sexuel impliquant des enfants et d’autres abus, bien qu’elles n’aient signalé aucun cas de tourisme sexuel impliquant des enfants, note la source. Et de relever que le gouvernement a dispensé une formation anti-traite à ses troupes avant leur déploiement en tant que soldats de la paix ; cependant, une organisation internationale a signalé qu’il y avait sept (7) allégations ouvertes d’exploitation sexuelle avec des indicateurs de traite par des soldats de la paix sénégalais déployés dans des missions de maintien de la paix des Nations Unies en Haïti, en RCA et en République démocratique du Congo, entre 2009 et 2021.
Les trafiquants d’êtres humains exploitent les victimes nationales et étrangères au Sénégal, et les trafiquants exploitent les victimes sénégalaises à l’étranger. Les trafiquants exploitent les femmes dans le trafic sexuel dans toute la région aurifère du Sud-est de Kédougou ; la plupart des victimes viennent du Nigéria. Mais les trafiquants exploitent également des victimes du Sénégal, du Ghana, du Mali, de la Guinée et de la Sierra Leone. Des réseaux de trafiquants recrutent frauduleusement ces femmes et utilisent de faux papiers pour les transporter au Mali puis de l’autre côté de la frontière, dans les régions minières du Sénégal.
Fatou NDIAYE