Dakar, une pluie et des dégâts

par pierre Dieme

Entre routes inondées et transformées par endroits en bassins de rétention ou lacs artificiels, maisons, commerces et autres établissement marchants envahies par des eaux, le spectacle est désolant, le calvaire des populations énormes

Après les deux alertes, avec les faibles précipitations du mercredi 14 juin dernier et quelques jours après, qui avaient déjà fini de réveiller la psychose des inondations chez les populations, Dakar enregistre sa première forte pluie depuis le début de l’hivernage et patauge. Il a suffi de quelques dizaines de millimètres enregistrés dans la capitale pour que les eaux dictent à nouveau leur loi dans la banlieue. Entre rues et routes inondées et transformées par endroits en bassins de rétention ou lacs artificiels, maisons, commerces et autres établissement marchants et services envahies par des eaux, le spectacle est désolant, le calvaire des populations et usagers énormes et des activités bloquées. Grand Yoff et Keur Massar, où les dégâts sont énormes, sont entre autres exemples.

80 millimètres (mm) de pluie à Gédiawaye, 60 mm à Keur Massar et vers Dalifort, plus de 50 mm à Mbao Km 19 et «tout» flotte ou presque à Dakar et sa banlieue. Il a suffi d’une première forte pluie, tombée dans la matinée d’hier, mercredi 20 juillet 2022, dans la capitale du Sénégal et re-bonjour les dégâts ! Comme il est souvent de coutume depuis plusieurs années, chaque hivernage, les premières précipitations riment avec de gros problèmes et de nombreux désagréments dans Dakar et sa banlieue. Entre inondations de maisons, des routes et établissements scolaires et mêmes de véhicules, voies coupées, c’est le début d’un calvaire qui dure des semaines voire des mois pour nombre de populations/ménages et travailleurs dans plusieurs quartiers de la capitale.

KEUR MASSAR : L’AUTOPONT, UNE NOUVELLE CAUSE D’INONDATIONS

A Keur Massar qui cristallise les attentions, parce que devenu désormais l’épicentre des inondations à Dakar depuis quelques années, beaucoup de quartiers ont renoué avec les affres de cette catastrophe naturelle. Comme chaque année, les pluies ont provoqué d’énormes inondations dans plusieurs zones de ce nouveau département. En plus de la route des Niayes coupée par endroit à cause de bassins de rétention formés par les eaux au niveau de certains points bas de la voie principale, tout comme celle de la Cité Sotrac, entre autres zones inondables connues, ce sont les riverains de l’autopont qui payent désormais les frais des conséquences inattendues de l’ouvrage. Les premières gouttes de pluie tombées, hier mercredi matin, ont semé le désarroi à Cité Enseignant et Aïnoumady 1. Une semaine seulement, jour pour jour, après son ouverture à la circulation, le mercredi 14 juillet dernier, l’autopont de Keur Massar, dont la finalité est d’améliorer la mobilité urbaine de ce département populeux, est indexé par habitants de ces deux quartiers qui se sont retrouvés prisonniers des eaux, après ces pluies diluviennes.  «Ils ont construit le pont sans prévoir de canalisations pour nous. Conséquence, les eaux de ruissellement provenant de l’ouvrage se déversent directement dans nos maisons. Vous voyez, il y a de l’eau partout, les rues impraticables», déplore un jeune riverain, visionnant une vidéo sur les dégâts causés par la pluie dans son quartier. Très remonté contre cette situation, il ajoute  : «pourtant, on avait alerté dès la construction de cet autopont. Et l’histoire nous donne raison, car les eaux ruissellent du pont et envahissent abondamment notre quartier». Les populations exigent des autorités des solutions pour réparer les impairs nés des travaux de l’autopont à l’origine de leur sinistre. (Voir par ailleurs).

GRAND YOFF : UN PAN DE L’AUTOROUTE S’EFFONDRE A HAUTEUR DU PONT DE L’EMERGENCE

Plus loin de là, à Grand Yoff, le spectacle est déchirant. Entre des gens munis de seaux et tous autres récipients pouvant évacuer des eaux de pluie des maisons, des véhicules engloutis notamment au niveau de la station de pompage submergée du quartier et des charretiers qui offrent leurs services pour le transport de personnes dans les endroits où les voies sont inondées sur des dizaines voire centaines de mètres, les images et vidéos sur les réseaux sociaux se passent de commentaires.

Pis, à quelques encablures de là, les fortes précipitations ont causé d’énormes dégâts matériels sur l’autoroute. Une partie de la chaussé, juste au sortir du pont de l’émergence Aliou Sow, non loin de l’hôpital Nabil Choucair de la Patte D’oie s’est effondrée. Rendant ainsi l’axe aéroport militaire Léopold Sédar Senghor-rond-point Patte d’Oie impraticable. Des agents, équipées de gros engins de travaux publics, sont à pied d’œuvre pour réparer les dégâts. D’ailleurs, la route étant complètement barrée, les automobilistes sont obligés de dévier bien avant. Ce qui est à l’origine d’embouteillages monstres sur ce tronçon. Déjà, il y a de cela quelques semaines, cette partie de la route a été coupée pour les besoins des travaux du Bus rapid transit (Brt). De là à lier cet effondrement aux travaux de réhabilitation «mal faits» de cette partie, il y a un pas que certains n’hésitent pas à franchir. En attendant, en prolongeant le trajet, l’autopont de Yoff, situé à hauteur de l’Hôpital Philippe Maguilène Senghor n’est pas épargné par la furie des eaux qui ont envahi l’emprise ; rendant impossible le passage à ce niveau.

Ibrahima Diallo 

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