«LA RESPONSABILITÉ DE L’ETAT PEUT ÊTRE ENGAGÉE DANS L’AFFAIRE FRANÇOIS MANKABOU»

par pierre Dieme

Le professeur agrégé en droit, par ailleurs avocat et président de l’organisation nationale des Droits de l’Homme du Sénégal (onDH) a été l’invité hier de l’émission «jury du dimanche» sur «iradio». Ainsi, Samba Thiam a accepté de se prononcer sur l’affaire François Makabou décédé alors qu’il était en garde-à-vue. A l’en croire,la responsabilité de l’étata est engagée et ce dernier pourrait être poursuivi pour non-assistance à personne en danger.

Arrêté dans l’affaire supposée de «Forces spéciales», François Mankabou a finalement rendu l’âme le 13 juillet dernier dans des circonstances qui suscitent encore le débat dans le pays. De nombreuses forces vives de la nation réclament l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Et l’Organisation Nationale des Droits de l’Homme s’inscrit dans cette logique. «Le Sénégal n’a pas le choix. Il est obligé d’ouvrir une enquête», a indiqué le président de l’Ondh, Samba Thiam, hier lors de l’émission «Jdd» sur «iRadio». A l’en croire, l’Etat doit répondre même à une demande internationale et rendre compte à toute la communauté internationale puisqu’il s’agit d’une question de droits de l’homme. «Cette personne (Ndlr : François Mankabou) a été gardée à vue et l’Etat avait l’obligation de la protéger», a renchéri le professeur agrégé en Droit.

Poursuivant, il estime ne pas comprendre que le procureur parle de l’existence d’une vidéo de treize minutes. «Il devait s’arrêter à dire qu’une enquête a été ouverte. Je ne comprends pas qu’on aille jusqu’à parler d’une vidéo. S’il en parle alors qu’on est en phase d’enquête ; c’est comme si le jugement a déjà commencé et qu’on a déjà tranché», s’est désolé le Pr Samba Thiam.

Toujours selon l’avocat et président de l’Ondh, il faudrait impérativement faire la lumière sur cette affaire. «L’Etat doit mener une enquête très sérieuse, parce que c’est extrêmement grave», a-t-il martelé. Il précise dans la foulée qu’au cours de la garde à vue, on doit avoir la personne à l’œil. «On doit enlever à cette personne tout ce qu’elle possède et on veille sur elle. On le met dans un milieu humain», affirme le sieur Thiam. Tout compte fait, le président de l’Ondh estime que la responsabilité de l’Etat peut être engagée et qu’il peut être poursuivi pour non-assistance à personne en danger. «Quand on a le temps de filmer une personne pendant treize minutes, on a le temps de lui apporter aide et assistance», souligne-t-il.

Pour conclure avec ces affaires de morts à élucider, il souligne qu’une enquête doit également être ouverte dans l’affaire Idrissa Goudiaby pour savoir dans quelle condition l’arme qui l’a tué a été utilisée. En dépit de tout cela, le Pr Thiam estime ne pas avoir de doute par rapport à l’Etat de droit au Sénégal. «Les institutions sont bien là ; ce sont ces personnes qui sont chargées de les faire fonctionner qui présentent des comportements, des attitudes, des discours, des incompréhensions, des décisions qui amènent à faire exprimer ce doute», clame-t-il. Il pense en effet que ceux qui détiennent le pouvoir doivent avoir une attitude qui inspire le respect vis-à-vis l’institution de la justice. «Il ne faut pas qu’il y ait un moindre doute. Ceux qui veulent également arriver au pouvoir doivent aussi se montrer respectueux des institutions de la République», ajoute-t-il.

Même si la décision n’est pas correctement rendue, Monsieur Thiam recommande aux acteurs politiques particulièrement de l’opposition de faire semblant de la respecter. «Quand je dis faire semblant, je veux dire qu’il ne faut pas designer du doigt cette institution. Malheureusement, les populations n’auront plus de confiance. Or, cette décision est rendue au nom du peuple», indique-t-il.

You may also like

Web TV

Articles récentes

@2024 – tous droit réserver.