Mourir en garde à vue ?

par pierre Dieme

Un citoyen peut donc se « suicider » pendant treize longues minutes à l’intérieur même des locaux des forces de défense et de…sécurité. Serions-nous tous en danger…de mort ?

« Garde à vue… ». Cette notion en elle-même accuse les tortionnaires de François Mancabou. Elle pose, dès le départ, l’impérieuse nécessité de situer les responsabilités et de sanctionner, de manière exemplaire, ceux qui ont failli à leur devoir de le garder, à vue, c’est-à-dire à la portée de leurs regards. La garde à vue est, en fait, une sécurité prise pour garder, en vie (!) un contrevenant. Ce, en attendant que les faits qui lui seraient reprochés aient suffisamment de consistance pour passer à la phase judiciaire.

En français facile, « garder à vue » signifie donc, aussi, sécuriser un individu et le présenter, en bon état, devant les autorités judiciaires compétentes.

Or, le Procureur de la République, pour accréditer la thèse officielle disposerait, dit-il, d’une vidéo de 13 minutes, film du « suicide » de François Mancabou. 13 longues minutes de suicide ! Sous le regard du préposé à la surveillance vidéo ? En son absence ? Dans tous les cas, une faute lourde est avouée par la détention même de cette vidéo ! Cela est inadmissible dans un pays qui se prétend démocratique et respectueux des droits humains. Et je me demande encore comment une énormité pareille à pu être prononcée par le maître des poursuites de notre pays, dans l’indifférence quasi générale !

Nous serions donc tous en danger…de mort ? Et je pèse mes mots : un citoyen peut donc se « suicider » pendant treize longues minutes à l’intérieur même des locaux des forces de défense et de…sécurité ! Sans assistance à personne en danger… Sans alerte générale !

L’écrivain guinéen, feu William Sassine, avait raison de dire que « En Afrique, la réalité dépasse la fiction ! » Le Sénégal vient de remporter un Oscar en la matière !

À la veuve de François Mancabou, à ses enfants, à toute sa famille, à toute la nation éplorée, je présente mes condoléances sincères et très attristées.

Il reste que nous devons, à la mémoire de François Mancabou, une mobilisation exceptionnelle afin que toute la vérité éclate au grand jour. Mais nous nous devons aussi, à nous-mêmes, à tous et chacun, de nous mobiliser afin que les tueurs, par intention ou par négligence, tapis dans nos institutions soient démasqués et attraits devant les cours et les tribunaux.

Car, la liste des morts pour rien commence à vraiment s’allonger au pays de la Teranga !

 #JUSTICE POUR MANCABOU !

Amadou Tidiane Wone 

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