Momar Diongue, analyste politique : « Le concert de casseroles, un véritable baromètre du niveau d’adhésion des Sénégalais au projet de Yewwi »

par pierre Dieme

Le mot d’ordre lancé par Ousmane Sonko, leader du parti Pastef et membre de la coalition Yewwi Askan-Wi a été bien suivi sur toute l’étendue du territoire national. Hier mercredi, peu avant 20 heures et bien au-delà, Dakar a vibré au rythme d’un méga concert de casseroles et de klaxons. Des scènes de concerts étaient visibles et bien perceptibles partout dans la capitale sénégalaise. Femmes, hommes et jeunes se sont adonnés à cœur joie à battre les ustensiles de cuisine contre les casseroles pendant plus de 10 minutes. Ceci pour exprimer leur ras-le-bol sur la gouvernance de Macky Sall à la tête du pays. Analysant ce concert de casseroles, le journaliste Mamor Diongue estime que cette manifestation est une réussite totale soutenant ainsi que le contexte était favorable à l’opposition.

Selon l’analyste politique , les Sénégalais sont assaillis par les difficultés du pays. Sous ce rapport, le journaliste souligne que ce concert de casseroles est un véritable baromètre pour Yewwi Askan Wi notamment Ousmane Sonko . Précisant au passage que cette sortie massive des Sénégalais témoigne de l’impopularité de la part du pouvoir.

Quelle est votre analyse sur le concert de casseroles bien suivi dans plusieurs localités au Sénégal ?

Je pense que le concert des casseroles a été globalement une réussite. Un peu partout quand même, les populations ont suivi le mot d’ordre , je pense c’est lié au contexte aussi . Au-delà de la revendication politique , nous sommes dans un contexte social économique assez compliqué avec le renchérissement du coût de la vie, il y a beaucoup de secteurs sociaux professionnels également en crise ce qui fait donc que c’est un terreau fertile pour ce genre de revendication et de manifestation. Maintenant, il faut reconnaître que ça était une réussite de ce point de vue là . Je pense c’est une assez bonne trouvaille pour l’opposition, ça leur permet de contourner les interdictions préfectorales pour tenir ce genre de mobilisations sans avoir donc de problèmes. La deuxième chose est que contrairement à certaines manifestations qui peuvent être réprimées comme ce qu’on a eu à déplorer le vendredi 17 juin avec au final trois morts, ça ne peut être réprimé. Le troisième avantage c’est que c’est un type de manifestation que l’opposition peut mener qui peut être efficace sans déploiement de moyens, ni logistiques ni financiers.

Qu’est-ce qui explique cette adhésion massive des populations à ce concert ?

Le contexte est très favorable à la contestation, nous sommes dans une période très difficile, de paupérisation élargie de la population, il y a les difficultés du quotidien qui assaillent les Sénégalais. Et d’ailleurs, quand vous interrogez certains Sénégalais , ils ne vous disent que nous manifestons pas par ce que il y a eu l’appel de Ousmane Sonko. Nous manifestons certes parce que la démocratie est menacée et que ,il y a une certaine injustice à l’endroit de l’opposition, mais nous manifestons également pour dire au président de la République et son gouvernement ça ne va pas et que nous sommes assaillis par les difficultés du pays. Ce qu’il faudrait retenir c’est qu’en termes de stratégie cela entre dans le cadre de ce que l’opposition appelle le rapport de force à établir avec le pouvoir en place. Et c’est ce qui s’est passé hier, et ce qui s’est passé est un baromètre pour vraiment mesurer le niveau d’adhésion des populations vis à vis de la revendication portée par Yewwi Askan Wi. Mais de l’autre côté également la cote de sympathie du pouvoir en place de Macky Sall ne cesse de baisser.

Quel sera l’impact du concert des casseroles sur la tenue des élections législatives ?

Le concert de casseroles peut avoir un impact. Il s’agit de la part de l’opposition de maintenir le maximum possible la pression sur le président Macky Sall et son gouvernement, sur l’Etat de faon générale pour les amener à reprendre le processus électoral . Or , il y a plusieurs façons de maintenir la pression : la première chose, c’est la bataille médiatique, la bataille de l’opinion et l’opposition en multipliant les sorties médiatiques sous forme de conférence de presse, de déclaration de certains leaders, maintient la pression. La deuxième façon de maintenir la pression ; c’est des rassemblements des sit-in. La troisième forme, c’est l’interpellation de l’opinion internationale parce que plus le discours de l’opposition atteint le niveau international, plus ça constitue également une force et une pression sur le gouvernement en place. Et enfin , il y a cette nouvelle trouvaille qu’ils ont eue le concert de casseroles , il ne faudrait pas lâcher non plus la population , il faut se montrer inventrice, imaginative, envisager plusieurs formes de lutter.  Ce qui fait qu’ils parviendront sur une durée assez longue à maintenir la pression. Je crois que tout cela à la fois peut finir par infléchir la position du président Sall et du pouvoir. Donc, il ne faudrait pas considérer uniquement le concert de casseroles, mais cela entre dans une stratégie globale qui est déployée sous la forme d’une sortie médiatique, de sit-in, de rassemblement, de marche et de saisines de l’opinion internationale et c’est tout cela qui peut avoir son impact et profiter à l’opposition.

Djiby Mbaye

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