Comme on joue à se faire peur… Exit, les rebelles, bienvenue aux affreux terroristes ! Ceux qui se sont « shootés » à la littérature congolaise avec « La vie et demie » du percutant Sony Labou Tansi ou qui ont fréquenté les Guinéens Williams Sassine et Thierno Monénembo, ou encore qui sont férus de littérature nord-américaine… tous ceux-là ne vont certainement pas être dépaysés à la lecture des développements de confrères sur ces vilains apprentis terroristes au nom de guerre « Force spéciale ».
Des pratiques des premières heures de nos glorieuses indépendances que l’on croyait révolues avec des chefs d’Etat qui ne faisaient même pas confiance à leur ombre. Des dictateurs qui voyaient partout des complots. Et sans état d’âme, ils éliminaient ceux qu’ils considéraient comme des conspirateurs. Pour asseoir la culpabilité de ces traitres à la patrie le mot terroriste n’était pas encore d’usage, il fallait des récits rondement écrits par des scénaristes inspirés de la police d’Etat afin de faire avaler ces « complots » au grand public. Naturellement, dans ces complots permanents, il y avait toujours des traitres qui tiraient les ficelles depuis l’extérieur.
Et c’est justement ce à quoi on assiste ces jours-ci, hélas en plein 21ème siècle, avec ces récits burlesques de « complots » contre la sécurité de l’Etat livrés gracieusement à la presse pour une grande consommation. On se croirait à l’époque du « complot permanent » de Sékou Touré ! Des terroristes incapables de confectionner des cocktails Molotov et dont les bombes font pschitt !! Un incendie sur un poste électrique que même les techniciens de la Senelec n’ont pas constaté. Fort heureusement, un garagiste qui tient pignon sur rue a vu les câbles du poste prendre feu. Belle pièce à conviction. Un rebelle casamançais déniché derrière les fagots et opportunément arrêté à la veille d’une manifestation de l’opposition. Et ces journaux, toujours les mêmes, qui y vont de leurs « révélations » abracadabrantesques…
Bon, il faut que l’on cesse de jouer à se faire peur. Surtout que des terroristes de vrais ceux- là – sont à nos portes. Il est de bon ton d’éliminer des adversaires en les accusant d’un tableau imaginaire avec des ramifications extérieures. Ça rend toujours le scénario crédible pour la consommation locale. Gageons que les enquêtes en cours mèneront indubitablement vers celui que l’on présente comme un rebelle. Quel suspense ! Mais comme l’écrit l’Algérien Mazouz Hacène, quand le mensonge détrône la vérité, les hypocrites sont les premiers à se prosterner devant le roi menteur.
KACCOOR BI (LE TEMOIN)