Les sorties d’Aminata Tall soutenue par Mankeur Ndiaye combinées à la position de Maodo Malick Mbaye sur l’audience accordée à l’insulteur public Khaliphone à Paris, annoncent une certaine friction au sein du parti présidentiel
L’élimination au niveau national des leaders de Yewwi Askan Wi de la course pour les législatives du 31 juillet prochain, avec son corollaire de crispation du climat politique envenimé par l’arrestation de leaders de l’opposition pour leur participation supposée à une manifestation interdite, semble prendre une tournure à laquelle ne s’attendait pas le régime en place. Les sorties de Aminata Tall soutenue par Mankeur Ndiaye, sans oublier la position de Maodo Malick Mbaye sur l’audience accordée à l’insulteur public Khaliphone à Paris, annoncent une sorte de fissure qui risque d’être fatale pour l’Alliance pour la République et la coalition Benno Bokk Yaakar.
Qu’arrive-t-il à la majorité présidentielle ? Ou plutôt, qu’est ce qui explique ces positions soudainement «courageuses» et assumées de certains leaders de la mouvance présidentielle contre des actes posés par le locataire du palais? La question taraude les esprits des observateurs, surtout dans un contexte marqué par un climat politique délétère causé par l’élimination de la liste nationale des titulaires de l’une des coalitions de l’opposition les plus représentatives, au regard des résultats obtenus lors des élections municipales locales du 31 janvier dernier.
Suite à la décision du Conseil constitutionnel, des leaders comme Ousmane Sonko, présenté comme le chef de l’opposition par certains observateurs, Déthié Fall, Aïda Mbodj entre autres, ne prendront pas part aux joutes prochaines. D’où la crispation du climat politique en cette période de précampagne, envenimée par l’arrestation du maire de Guédiawaye Ahmed Aïdara, des députés Mame Diarra Fam et Déthié Fall. La vive tension ressentie dans l’espace politique sénégalais semble faire effet sur certains leaders de la mouvance présidentielle, qui paraissent voir la coupe prendre une goutte de trop. La sortie de l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) en dit long. Aphone depuis un bon moment, Aminata Tall a fait une sortie tant soit peu surprenante en estimant illogique d’accepter des suppléants à une élection, au moment où les titulaires de cette même liste sont invalidés, faisant ainsi référence à la liste de Yewwi Askan Wi. Mieux, prenant le contre-pied de son leader politique qui estime sur les ondes de RFI que «Une liste qui n’est pas paritaire, elle n’est pas recevable. Un point, un trait», Aminata Tall pense que «Nul ne doit accepter que notre démocratie soit écornée car celle-ci a été forgée non sans difficultés. Elle doit être consolidée et non piétinée…». L’ancienne ministre d’Etat, ajoutera d’ailleurs qu’il ne faudrait pas parler d’élections le 31 juillet prochain si les choses restent à l’état.
Que dire du soutien de taille que l’ancienne mairesse de Diourbel vient d’enregistrer en la personne de Mankeur Ndiaye ? Sur son compte Twitter, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal a pris le contre-pied des militants de l’Alliance pour la République (APR) qui dénoncent la déclaration de Aminata Tall Sall.
MANKEUR NDIAYE PARRAINE DES «ÉLECTIONS INCLUSIVES»
“Je viens de suivre la déclaration de ma sœur femme d’Etat Aminata Tall sur le processus électoral au Sénégal. Je salue sa lucidité et son courage politique et lui dis tout mon soutien. Travaillons pour les consensus pour la paix civile et des élections inclusives”, a déclaré sans sourciller l’actuel Consultant international qui marque ainsi tout son désaccord sur les décisions du Conseil constitutionnel et par ricochet, celles du ministre en charge des élections, non moins ministre de l’intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome qui déroule la politique du chef de l’État.
Bien avant ces positions qui prennent carrément le contrepied des positions du chef de l’État sur les décisions du Conseil constitutionnel, c’est le Directeur général de l’Anamo (Agence nationale de la maison de l’outil) qui s’est illustré de fort belle manière. En effet, au moment où la plupart des responsables de la mouvance présidentielle restent aphones sur l’audience accordée à l’insulteur public Khaliphone à Paris, Maoudo Malick Mbaye a pris son courage en deux mains pour marquer son désaccord total avec l’acte posé par le président Macky Sall qui a partagé un repas avec celui qui incarnait des contre-valeurs, à qui il a d’ailleurs accordé une interview de 20 minutes. Sur ce point, faudrait-il le rappeler, le Chef de l’Etat n’était pas à son premier coup d’essai. Les cas de Djibril Ngom, Fatoumata Ndiaye «Fouta tampi», Coura Macky Sall en sont, une parfaitement illustration. Par ailleurs, il faut relever que la défiance de l’autorité du chef de l’État semble avoir pris départ avec les responsables de la mouvance présidentielle qui avaient signifié publiquement leur opposition à une troisième candidature de Macky Sall et/ou marqué leur dissidence. Moustapha Diakhaté, Moustapha Cissé Lo, Sory Kaba, ou encore Me Moussa Diop en ont fait les frais.