Accueillie par des brassards rouges : Marie Khémesse face au personnel de santé de Tivaouane

par pierre Dieme

Le personnel de l’hôpital El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane est très remonté contre les autorités. Il l’a manifesté hier en accueillant, avec des brassards rouges, la nouvelle ministre de la Santé et de l’action sociale, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, en visite dans la structure sanitaire.

L’état de grâce aurait-il été de courte durée pour Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye ? Un mois après sa nomination surprise au ministère de la Santé, les nuages sont toujours présents au-dessus de l’hôpital El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane. Les travailleurs de la structure sanitaire l’ont accueillie hier avec des brassards rouges. «Non à la chasse aux blouses blanches», ont-ils décliné devant la nouvelle patronne de la santé. A l’origine du courroux du personnel de Dabakh, l’emprisonnement de trois de leurs collègues dans le cadre de l’enquête de l’incendie au service néonatalogie de l’hôpital Dabakh qui a coûté la vie à 11 bébés. Aux yeux des agents de santé, l’arrestation de leurs collègues est une «injustice». Ainsi, ils ont lancé un appel à la ministre pour qu’«une telle injustice soit réparée». Pour eux, «la place d’une blouse blanche n’est pas en prison mais à l’hôpital». «Nous voulons donc que nos camarades soit libérés parce qu’ils ne sont pas des pyromanes. Ils ne sont pas formés à sauver des gens en cas d’incendie. Même s’il y a des choses à éclairer, on devrait les libérer, en attendant le procès et le juge dans son intime conviction pourrait décider de la sentence. C’est ce que nous attendions, mais malheureusement, ils sont jusqu’à présent dans les liens de la prévention», estiment les travailleurs.

La ministre de la Santé : «On ne peut pas forcer la main à la Justice»
Nommée dans un contexte de crise, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye essaie de dépassionner tout ça. Elle dit : «Le temps de la Justice n’est pas le temps du justiciable. On ne peut pas forcer la main à la Justice. Il faut les laisser faire leurs enquêtes et leurs évaluations. Mais tout ce qu’on peut faire c’est aller vers un plaidoyer pour qu’ils puissent être libérés, mais également prier pour que nos collègues et collaborateurs qui sont là-bas puissent vraiment revenir dans cet hôpital.» Accompagnée de tout la task-force du ministère, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye est revenue sur sa visite à l’hôpital Dabakh pour, dit-elle, «évaluer», suite à l’incendie qui a coûté la vie à 11 bébés au service néonatologie. «Quand il y a eu cet incident, il y a eu des évaluations et des constats. A un premier niveau avec la Direction de l’hôpital et toute la tutelle qui l’entoure, mais également avec le ministère de la Santé et les autorités administratives, religieuses et coutumières. Tout le monde est en train aujourd’hui d’évaluer. Il y a également une grande évaluation sous forme d’audit de tout ce qui est unité de néonatalogie, commanditée à l’Inspection générale d’Etat (Ige), par le Président Macky Sall», rappelle l’ex-directrice de la Santé. En clair, «ce qui est important aujourd’hui c’est d’évaluer les risques et proposer des solutions à tous les niveaux. Et nous pensons que les résultats qui sortiront de ces différentes enquêtes permettront d’aller vers un avenir meilleur, en essayant de réduire au maximum le risque tout en sachant que le risque zéro n’existe pas». Ainsi et pour réduire les risques, elle a demandé un test pour tous les matériels qui seront dotés aux hôpitaux. «Quelle que soit la gamme de matériel, il va falloir désormais qu’on soit en coordination avec la tutelle qui dispose d’une unité qui s’occupe de tout ce qui est équipement et infrastructure», dit-elle.
A sa suite, Mballo Dia Thiam, coordonnateur de l’Alliance And Gueusseum, annonce qu’en perspective du centenaire de El Hadji Maodo Malick Sy qui sera célébré à Tivaouane du 24 au 27 juin, le directoire national, en accord avec la délégation exécutive régionale, a décidé de surseoir au mot d’ordre durant toute la période. «Les personnels vont travailler pour couvrir correctement la manifestation. Et après, il y aura un allègement des journées de grève. Mais 48 heures seront décrétées les 29 et 30 juin et un sit-in national le 1er juillet. Ceci, dit-il, pour demander la libération de leurs collègues.»

Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante)

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