Nouvelle ministre de la Santé, Marie Khémesse Ngom doit soigner un système qui a mal partout. Macky Sall lui a assigné tellement de missions montrant les urgences de l’heure : une réforme hospitalière pour remettre la santé sur un cadre de performance.
Pour sa première réunion hebdomadaire, Marie Khémesse Ngom a été bien servie. L’actualité sanitaire a occupé au moins les 2/3 du temps réservé au Conseil des ministres. Plus de 10 jours après le décès tragique de onze nouveau-nés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy de Tivaouane. Depuis quelques jours, une mission d’enquête et d’audit (construction, équipement, sécurité sous tous ses aspects, processus, ressources humaines, etc.) des services de néonatologie et des établissements publics de santé «est actuellement conduite sur le terrain par l’Inspection générale d’Etat». Et Macky «attache beaucoup de prix à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire, dans les meilleurs délais, afin de situer toutes les responsabilités». En attendant, deux dames de garde ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête menée par la Division des investigations criminelles à Tivaouane, qui aura un nouvel hôpital de niveau 3 dont le lancement est prévu «d’ici la fin de l’année».
Cette tragédie survenue à l’unité néonatologie de l’hôpital de Tivaouane montre la vétusté des édifices sanitaires à l’image du Centre hospitalier universitaire Aristide Le Dantec, qui va être reconstruit «sur son site actuel à partir de septembre 2022». Ce qui permettra de réduire les risques. Pour Macky Sall, «les accidents, incidents et dysfonctionnements récurrents constatés dans les cliniques privées et établissements de santé révèlent, malgré les investissements importants réalisés par l’Etat, l’urgence de moderniser nos hôpitaux et de transformer la gestion de notre système de santé». Que faire ? Le Président Sall a demandé à la ministre de la Santé «de faire le point sur la situation des services de santé et l’évaluation primaire de la gestion des établissements publics de santé», en attendant la disponibilité prochaine de tous les rapports d’enquête et de missions d’audit.
Ces défaillances montrent que la crise est profonde. Macky Sall veut une nouvelle réforme hospitalière dont les bases stratégiques doivent être lancées d’ici la fin du mois de juin. Le chef de l’Etat conseille à sa ministre de la Santé de veiller notamment à «l’optimisation et la complémentarité de la carte sanitaire (évoluer vers des pôles d’excellence hospitaliers spécialisés), l’évaluation et la professionnalisation des personnels de santé». Sans oublier la fonctionnalité des constructions et équipements requis, le renforcement et la maintenance du plateau médical, la mise à niveau des services d’accueil et d’urgence, l’efficience du modèle économique des hôpitaux, prenant en compte la dette et la facturation maîtrisée des prestations, la bonne gouvernance et les performances des structures.
Aujourd’hui, les défis pour soigner le système sanitaire sont nombreux : comme il le dit, il y a la généralisation des processus de management qualité dans toutes les structures sanitaires du pays «en vue d’améliorer l’accueil des patients», les offres de soins et la gouvernance sanitaire, le «recrutement de personnels de santé professionnels, disponibles, efficaces et dévoués, au service des patients et des performances du système de santé» et la qualité de la formation. Sur ce dernier point, le Président Sall espère un meilleur contrôle alors que les instituts de formation attirent des centaines d’étudiants. Selon Macky, le ministre de l’Enseignement supérieur va «coordonner avec toutes les parties prenantes, un audit général des écoles de formation (publiques et privées) dans le secteur de la santé». Ce n’est pas tout : il annonce la mise en place à la Présidence, d’un Comité stratégique de suivi des réformes et processus de transformation du système de santé.
Par Ousmane SOW