Depuis la publication du décret du Ministre de l’intérieur, la démocratie sénégalaise est dans tous ses états.
Enviée pour sa stabilité senghorienne, elle a assumé sa mue en 2000 avec l’alternance du Sopi.
Puis, de nouveau menacée, la démocratie sénégalaise s’est opposée, avec succès, au 3ème mandat en 2012.
Et voilà que, depuis quelques années, la démocratie sénégalaise ne progresse plus. Le parrainage et les éliminations politico-judiciaires sont devenus le nouveau visage de la démocratie sénégalaise. On joue avec la démocratie sénégalaise comme un jongleur avec ses balles.
A quelques semaines de l’élection législative, une nouvelle trouvaille vient d’émerger. Sincèrement, il fallait être très inventif pour la trouver celle-là, niveau polytechnique et énarque : on élimine des listes de suppléants pour BBY et des listes de titulaires pour YAW ! A l’arrivée, cela revient à éliminer le plus sérieux opposant au pouvoir en place.
La démocratie sénégalaise est devenue technique et illisible. Je mets au défi les électeurs sénégalais de comprendre le mixage entre le scrutin majoritaire et proportionnel d’une part, et les listes nationales et départementales d’autre part. Quand vous y ajoutez à cette bouillabaisse politique la parité et le parrainage, autant dire que le décryptage devient impossible. Même Jean-François Champollion a eu plus de facilité avec les hiéroglyphes !
Dans ce contexte, l’instabilité est à craindre dès lors que les règles électorales sont abracadabrantes (on joue avec elles comme une jongleur et ses balles : on les fait tourner dans le sens qu’il vous convient le mieux). Une coquille vide, cela finit toujours par rompre !
Emmanuel Desfourneaux