L’inflation des prix de denrées de première nécessité a atteint, ces derniers jours, des proportions inquiétantes sur le marché sénégalais. L’un de ces produits à savoir l’huile de cuisson indispensable dans les plats locaux, est vendue à des coûts jamais égalés.
« La bouteille de 5L coûtait 6. 900Fcfa en début de mois et là je la vois 7.950Fcfa (…) vous vous rendez compte de comment les prix grimpent en si peu de temps », a tweeté Jaly Badiane pour attirer l’attention de l’opinion sur la cherté du produit. Chez un boutiquier interpellé au marché Tilène de Dakar, le prix de l’huile grimpe de jour en jour.
« Maintenant, la bouteille de 20 L qui coûtait moins de 20. 000Fcfa est vendue à 28.000 Fcfa. Désormais, le produit coûte très cher », a-t-il répondu.
Même si l’huile raffinée ne manque pas dans le marché, elle n’est pas accessible aux ménages qui cherchent à joindre les deux (2) bouts pour faire face à la conjoncture mondiale.
LES RAISONS DE LA CHERTÉ DE L’HUILE.
En raison de la crise ukrainienne, l’Indonésie a suspendu, depuis le 28 avril, toutes ses exportations d’huile de palme. Cette décision est motivée par le cours du produit brut qui a connu un bondissement de près de 10% quelques jours avant le début de l’embargo à la Bourse de Kuala Lumpur, soit un bond de 63% sur un an. Cette suspension de l’huile de cuisson risque de se répercuter dans plusieurs pays du monde, notamment en Afrique du fait que l’Indonésie demeure le premier producteur mondial du produit avec une production mondiale de 60% dont 1/3 est consommé sur son marché intérieur.
Au Sénégal, cette suspension a interpellé les acteurs du commerce qui ont tenu une rencontre avec le ministre du commerce et des PME, Aminata Assome Diatta pour étudier des alternatives.
Le directeur du commerce intérieur, Oumar Diallo, laisse croire à des craintes sur un éventuel chamboulement au niveau du marché local.
« C’est évident de s’attendre à des perturbations parce que l’Indonésie est notre premier fournisseur extracommunautaire du produit. C’est elle et la Malaisie. L’Indonésie nous assurait 2.000 à 3.000 tonnes d’huile par mois. Il va falloir chercher ailleurs et c’est cet ailleurs qui n’existe pas », a précisé l’autorité. Il mise, par ailleurs, sur les ressources du pays pour une alternative.
« Nous avons des besoins de 15.000 tonnes. Il faudra compter sur nos propres ressources, nous avons assez de quantité d’arachide. Des mesures fortes ont été prises par le président de la République et nous savons que les huiles brutes d’arachide ne sont plus exportées », a renseigné Oumar Diallo.
De son côté, l’Union Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal (Unacois Yessal) place ses espoirs sur le stock disponible pour permettre aux ménages de se ravitailler.
« Nous nous sommes rendu compte qu’il y a assez d’huile disponible dans le pays en plus d’une commande qui est en cours de livraison. Ce sont seulement les emballages de 20 L qui manquent », a confié le directeur exécutif de l’Unacois Yessal, Alla Dieng joint par Dakaractu.
LA SONACOS COMME ALTERNATIVE ?
Le Sénégal est un grand consommateur d’huile raffinée importée. Pourtant chaque mois, il produit pas loin de 14 000 tonnes d’huile raffinée d’arachide par le biais des huiliers de la Sonacos et de Oleaosen, mais le marché locale pourrait faire face à des difficultés sur le coût du produit si la suspension des exportations de l’huile par l’Indonésie persiste, de l’avis de Alla Dieng.
« Ça ne suffit pas. Il ne faudra pas se limiter à l’huile d’arachide, il faut voir d’autres matières, notamment l’huile de Soja ou l’huile de Tournesol. Ce qu’il y a lieu de faire c’est de promouvoir la production locale en dehors de la Sonacos », a-t-il fait savoir.
Par contre, Oumar Diallo croit à un gel des exportations de l’huile d’arachide pour limiter les difficultés.
« La Sonacos est notre offre locale. Nous allons veiller à ce que l’huile d’arachide ne soit pas exportée », a promis le directeur du commerce intérieur.
L’Indonésie a exporté, l’an dernier, 34,2 millions de tonnes d’huile alimentaire.
Dakaractu