Décidément, l’année 2022 aura été sombre pour Abdoulaye Diouf Sarr. Battu à la mairie de Yoff et à la ville de Dakar aux dernières élections locales, il est désormais ex-ministre de la Santé et de l’Action sociale, poste qu’il occupait depuis 2017
Exit Abdoulaye Diouf Sarr ! La pression populaire, renforcé par des faits de gestion calamiteuse des hôpitaux, a fini emporté le ministre et ancien maire de Yoff. Alors qu’il traversait une mauvaise passe en raison des drames qui se succédaient dans les structures sanitaires au Sénégal, il a été démis de ses fonctions de ministre de la Santé et de l’Action sociale et remplacé par la Directrice générale de la Santé publique, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye. Le décret du Chef de l’Etat est tombé avant-hier, jeudi 26 mai 2022, au lendemain du décès de 11 bébés à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy «Dabakh» de Tivaouane.
Décidément, l’année 2022 aura été sombre pour Abdoulaye Diouf Sarr. Battu à la mairie de Yoff et à la ville de Dakar aux dernières élections locales, il est désormais ex-ministre de la Santé et de l’Action sociale, poste qu’il occupait depuis 2017. Le président de la République, Macky Sall, a mis fin à ses fonctions avant-hier, jeudi 26 mai 2022 et sa remplaçante n’est autre que la Directrice générale de la Santé publique, Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye nommé par décret n°2022- 1171 du 26 mai 2022. «Le Président de la République, par décret n°2022-1171 du 26 mai 2022, a nommé Docteur Marie Khemesse Ngom Ndiaye, Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en remplacement de Monsieur Abdoulaye Diouf Sarr. Docteur Marie Khemesse Ngom Ndiaye était précédemment Directeur général de la Santé publique », lisait-on dans le décret. Son limogeage est intervenu au lendemain de la mort de onze (11) bébés dans un incendie survenu au service de néonatalogie de l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy «Dabakh» de Tivaouane. Ce sinistre l’a trouvé à Genève (Suisse) où il prenait part à la 75e assemblée annuelle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ayant écourté son voyage, Abdoulaye Diouf Sarr qui était rentré avant-hier, s’était directement rendu à Tivaouane. Quelques heures avant son limogeage.
RECURRENCE DE SCANDALES ET DYSFONCTIONNEMENTS
Les nuages s’amoncelaient au-dessus d’Abdoulaye Diouf Sarr depuis quelques semaines voire des mois, après la succession des drames dans les hôpitaux notamment l’affaire des bébés morts l’année dernière dans l’incendie de la maternité de l’hôpital de Maguatte Lô de Linguère, mais aussi celle du décès de la parturiente Astou Sokhna à l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga.
Ce dernier évènement a relancé la polémique sur l’organisation et le fonctionnement des structures sanitaires. Et des populations et des agents de santé sont montés au créneau pour réclamer sa démission. Ces derniers disaient ne plus accepter d’être «l’agneau du sacrifice», en pointant du doigt le «manque d’équipement et de personnel dans les hôpitaux». « Dans des circonstances comme celle-ci, on voit souvent des personnes, des syndicalistes réclamer la tête de l’autorité suprême. Il faut simplement répondre en filigrane et dire que les lignes ont énormément bougé. Quand on est responsable et qu’on sait ce qui nous attend, on n’écoute pas les individualités qui sortent des lots et réclament des têtes. On agit en toute légalité et c’est la démarche que nous avons adoptée dans cette affaire de la dame Sokhna», avait répondu Diouf Sarr, le 27 avril dernier, lors de la rencontre «Le Gouvernement face à la presse».
Abdoulaye Diouf Sarr s’était fait remarquer dans la gestion de la crise sanitaire au tout début de l’apparition des premiers cas de Covid-19. Mais il traversa une mauvaise passe avec les problèmes liés aux résurgences de a maladie, à la pénurie d’oxygène dans les CTE, à sa stratégie de communication. Les trois épisodes dramatiques précités laissaient entrevoir un système sanitaire à problèmes.
La gestion des structures sanitaires inquiétait plus qu’elle ne rassurait. A tout moment, on vit des scandales liées tantôt à des décès qu’on aurait bien pu éviter, tantôt à la non célérité de la prise en charge des patients, même quand il s’agissait des cas d’urgence, tantôt à une négligence des agents de santé. Etait-ce le résultat d’un manque d’agents, d’équipements ou de volonté chez le personnel ? Existait-il un système de sécurité fiable et fonctionnel permettant une bonne prise en charge des urgences sanitaires ? Le budget de la santé était-il utilisé avec efficience dans le but de l’amélioration du système sanitaire ?
Quoi qu’on puisse dire, les problèmes qui minent le secteur de la santé sont patents : déficit de personnel qualifié, d’équipements, vétusté des infrastructures, ruptures de consommables, absence d’eau etc. Et la dernière sortie de la Commission médicale de l’hôpital Aristide le Dantec de Dakar en disait long sur ces manquements. «Il y a une mauvaise gestion hospitalière avec la rupture fréquente des intrants et l’arrêt régulier de la prise en charge, l’absence d’un réseau de communication électronique et informatique entre les services, le paiement non permanent au comptant pour le diagnostic et le traitement pour les urgences et la réanimation, le dossier médical non informatisé et non partagé en temps réel», déploraient les travailleurs.
Et d’ajouter : «Dans ce contexte, la prise en charge des patients est devenue un exercice hasardeux voire périlleux et la santé des Sénégalais d’aujourd’hui et de demain est plus que jamais mise en danger». A ces dysfonctionnements du secteur de la santé, s’ajoutait la fronde sociale, même si un accord avait été trouvé avec les syndicalistes. Il faut noter qu’avant d’être ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr a été, en 2014, ministre du Tourisme et des Transports aériens du Sénégal.
Mariame DJIGO