Le Mali, par communiqué, a décidé de se retirer du G5 Sahel, c’est-à-dire de toutes ses instances et organes y compris de la force conjointe.
Bien entendu, la France a été accusée, sans être nommée, d’être derrière le fait que certains États de l’organisation ne veulent pas de la présidence tournante du Mali, du fait de la situation qui y prévaut.
Les autorités de ce pays reprochent clairement à l’organisation d’être contrôlée et même manipulée par l’ancienne puissance coloniale.
C’est ainsi la guéguerre qui se poursuit d’une autre façon, mettant même en danger une organisation qui, depuis sa création, a du mal à être opérationnelle faute de moyens nécessaires.
Eh bien, il se trouve en effet que la France est certainement l’un des rares États du Nord à croire au G5 Sahel.
Elle s’est d’ailleurs activée tout récemment pour son élargissement. La France, avant la brouille avec le Mali, a surtout souhaité que le G5 Sahel puisse servir d’alternative à sa présence qui commençait à perdurer.
Malheureusement, entre-temps, il y a eu cette guéguerre avec Bamako et la rupture subséquente des relations diplomatiques et militaires.
Si donc les accusations du Mali sont fondées, cela veut dire que les autorités du G5 Sahel ont commis une erreur stratégique. Car le principe de la présidence tournante ne doit souffrir d’aucune entorse. D’autant plus que le Tchad est dirigé par un militaire que la Constitution n’a pas désigné. Loin de là.
Mais, dans tous les cas, la France est apparue toujours dans le G5 comme ce sixième État dont la présence est certaine. Encore qu’il faudra prouver qu’elle est derrière cette décision.
Alors, le retrait du Mali va sans doute sonner le début de la fin de l’organisation. Car, la vraie difficulté de la lutte contre le terrorisme se trouve réellement dans la zone dite des trois Frontières. C’est là où doivent se concentrer tous les efforts. Il s’agit de la frontière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Or, si un de ces États, notamment le plus vaste, ne participe pas aux actions, il sera difficile à la force de rester active et opérationnelle. Il s’y ajoute le fait qu’un autre Etat, la Mauritanie, ne se sent pas vraiment menacée et aura du mal à justifier une mort éventuelle de ces soldats dans cette plus ou moins lointaine zone.
Alors, il ne reste que le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Or, leur engagement ne suffira pas d’autant plus que le Tchad a annoncé ou déjà diminué ses troupes sur le terrain.
C’est dire que certes le Mali s’isole davantage avec cette décision, mais affaiblit considérablement le G5 Sahel. Une organisation qu’on ferait mieux de dissoudre parce que jusqu’ici, elle n’a pas réussi à endiguer la menace djihadiste dans le Sahel.
En clair, le G5 Sahel est condamné.
Assane Samb