Contrôle des parrainages : le dispositif mis en place connait plusieurs limites, révèle Alioune Tine

par pierre Dieme

Le fondateur de Afrikajom Center, Alioune Tine, a  exprimé sa vive préoccupation, par rapport aux tensions récurrentes liées à l’application de la loi sur le parrainage à chaque élection au Sénégal, appelant une « réflexion et un recul » de la part de tous les acteurs impliqués dans le processus électoral et « soucieux de préserver les acquis démocratiques qui ont garanti jusqu’à ce jour la paix civile et la stabilité que beaucoup de pays africains nous envient ».

Selon Alioune Tine, depuis l’adoption de la loi « très controversée » sur le parrainage et contestée par l’opposition, une partie de la société civile sénégalaise, critiquée par l’Union européenne qui recommande une réflexion approfondie sur le sujet et enfin bannie par la Cour de justice de la CEDEAO qui la considère comme attentatoire au principe de la libre participation aux élections, le parrainage au Sénégal doit « absolument être repensé aujourd’hui, surtout quand il vient percuter brutalement notre jeune et fragile système démocratique ».

En dépit de l’installation d’une Commission ad Hoc pour l’étude du système du parrainage, poursuit-il, le résultat est là : « notre système de parrainage est complexe, aléatoire avec ses contradictions internes et ses incohérences qui rendent difficiles et incompréhensibles sa mise en œuvre par les acteurs, mais surtout les difficultés liées au règlement des contentieux pré-électoraux qu’il engendre ».

A cela s’ajoute souvent l’absence de bonne foi des acteurs politiques, souligne-t-il, dans un communiqué. Il rappelé que les controverses sur la question du parrainage qui opposent les acteurs politiques, les experts électoraux et les constitutionnalistes, si elles sont suivies logiquement aboutiraient à l’annulation des listes les plus représentatives et les plus légitimes de l’opposition et du pouvoir, du moins au regard des résultats des élections passées.

Ce qui serait, selon lui, « une catastrophe pour la démocratie sénégalaise, car cela aboutirait à un chaos ou à une disruption du système politique et démocratique du pays ». M. Tine dira que « le dispositif de contrôle des parrainages par la commission de réception des candidatures mise en place par le Ministre de l’Intérieur connait plusieurs limites.

« À chaque élection nationale, depuis 2019, les conditions dans lesquelles sont recueillies et contrôlées les parrainages suscitent toujours des polémiques, des controverses et parfois des violences verbales et physiques. La première difficulté du parrainage dans le cadre d’une élection, c’est le fait d’être un mécanisme qui ne fait pas consensus au sein des acteurs politiques et de la société civile et perçu comme un filtre qui empêche souvent les moins nantis sur le plan politique de participer aux élections, à l’instar des suffrages censitaires », a-t-il déclaré.

Salif SAKHANOKHO

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