Le gouvernement a annoncé l’interdiction des manifestations politiques de rue, deux jours après l’adoption par l’organe législatif qu’elle a mis en place d’une transition de trois ans avant le retour des civils au pouvoir
« Toutes manifestations sur la voie publique, de nature à compromettre la quiétude sociale et l’exécution correcte des activités contenues dans le chronogramme (de transition) sont interdites pour l’instant jusqu’aux périodes de campagne électorale », écrit le Comité national du rassemblement pour le développement (CNDR), dans un communiqué publié vendredi soir.
Le CNRD est l’organe dirigeant de la junte qui a renversé le 5 septembre le président Alpha Condé après plus de dix ans de pouvoir. « Pour mener à bien le chronogramme de la transition et de la politique de refondation enclenchés depuis le 5 septembre 2021, le CNRD invite l’ensemble des acteurs politiques et sociaux à circonscrire aux sièges de leurs formations toute forme de manifestation ou regroupement à caractère politique », affirme le communiqué du CNRD.
L’organe principal de la junte, dirigée par le colonel Mamady Doumbouya, « réitère à l’opinion nationale et internationale qu’il n’est ni candidat à une élection, ni proche d’un parti politique ». Il prévient que « tout manquement » aux décisions annoncées vendredi soir « entraînera pour leurs auteurs des conséquences de droit ».
Le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif mis en place par la junte, a fixé mercredi à trois ans la durée de la transition avant le retour des civils au pouvoir. Cette décision du CNT, qui fait office de Parlement de transition, doit être validée par le colonel Dombouya à une date non précisée. Une coalition formée du parti de l’ex-président Alpha Condé et de formations de l’opposition sous le pouvoir de ce dernier a dénié à l’organe législatif la prérogative de fixer la durée de la transition.
Le colonel Mamady Doumbouya s’est fait proclamer chef de l’Etat après avoir renversé le président Condé. Il s’est ensuite engagé à remettre le pouvoir à des civils élus. En septembre, après le putsch contre le président Condé, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait « insisté pour que la transition soit très courte », et que des élections soient organisées dans un délai ne dépassant pas « six mois ».
La Cédéao a suspendu la Guinée après le putsch du 5 septembre et lui a imposé des sanctions à la suite du refus de la junte de se conformer à ses exigences. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait déclaré le 1er mai souhaiter que la junte militaire en Guinée rende le pouvoir à des civils « dans les délais les plus brefs ». Comme la Guinée, le Mali et le Burkina Faso, deux autres pays de la région où les militaires ont pris le pouvoir, ont été suspendus des instances de la Cédéao.
AFP