Avis divergents d’experts en décentralisation sur les récentes nominations de Barth à la mairie de Dakar

par pierre Dieme

La controverse autour des nominations de l’activiste Guy Marius Sagna et de l’ex-capitaine, Seydina Oumar Toure au poste de conseillers techniques par le nouveau maire de la ville de Dakar est loin de connaitre son épilogue

Des experts en décentralisation livrent leur part de vérité sur la polémique autour de la nomination de Guy Marius Sagna et de l’ex-capitaine, Seydina Oumar Toure au poste de Conseillers techniques par le nouveau maire de la ville de Dakar. Interpellés par Sud quotidien, le Secrétaire général du Gradec, Ababacar Fall, Galo Samody Mbengue, consultant en décentralisation et l’expert en décentralisation, Amadou Séne Niang ont posé les conditions de validité de cette décision controversée du maire Barthélémy Toye Dias.

La controverse autour des nominations de l’activiste Guy Marius Sagna et de l’ex-capitaine, Seydina Oumar Toure radié du corps des officiers de la gendarmerie nationale au poste de conseillers techniques par le nouveau maire de la ville de Dakar est loin de connaitre son épilogue. Depuis le mercredi 20 avril dernier, date de l’officialisation de la signature du contrat d’embauche du militant anti-impérialiste et leader du mouvement Frapp-France Dégage !, Guy Marius Sagna, le maire Barthélémy Toye Dias ne cesse d’essuyer des critiques des gens du pouvoir en place et même de la part de certains opposants. Pour beaucoup, ces nominations violent les dispositions des décrets d’application du Code général des collectivités territoriales notamment le décret relatif à l’organigramme type des collectivités qui n’a pas prévu de postes de conseillers techniques dans la nomenclature des fonctions rattachées au cabinet du maire de la ville. Des arguments rejetés naturellement par les proches du premier magistrat de la ville de Dakar qui brandissent le principe de libre administration des collectivités territoriales instauré par l’article premier du Code général des collectivités territoriales. Toutefois, interpellés par Sud quotidien, des spécialistes de la décentralisation partant des dispositions du Code général des collectivités territoriales ont posé les conditions de validité de cette décision controversée du maire Barthélémy Toye Dias.

Premier à donner son avis, sur cette question, Ababacar Fall, Secrétaire général du Groupe de recherches et d’appui à la démocratie participative et la bonne Gouvernance (Gradec) citant l’article premier du Code général des collectivités territoriales a indiqué que cette disposition consacre le « principe de libre administration des collectivités locales ». Loin de s’en tenir là, le membre de la société civile a, par ailleurs, ajouté que l’article 171 de ce même Code général des collectivités territoriales, «donne également au maire de la ville le pouvoir de nommer à tous les emplois de la ville».

Pour sa part, Galo Samody Mbengue consultant en décentralisation a fait remarquer que nonobstant l’existence de ces dispositions évoquées par le Secrétaire général du Gradec, le maire Barthélémy Toye Dias ne peut pas à lui seul entériner les contrats de nominations de l’activiste Guy Marius Sagna et de l’ex-capitaine, Seydina Oumar Toure qui selon lui, sont soumis à deux conditions obligatoires pour leur validité. «Si les recrus émargent au budget de la ville, le maire est obligé de présenter leurs nominations en Conseil municipal de la ville pour son approbation. Le Conseil municipal de Dakar doit impérativement se prononcer sur ces recrutements sinon ça ne passera pas. Car, cela est susceptible d’influencer sur le budget de la ville. C’est le maire qui doit présenter la requête au Conseil municipal en donnant les raisons de leur recrutement et donner les gages de leur prise en charge financière sur le plan salarial. Ensuite, si le Conseil municipal de la ville confirme ces nominations, le compte rendu doit être maintenant approuvé par le préfet de Dakar».

Confortant cette position de Galo Samody Mbengue, l’expert en décentralisation, Amadou Sène Niang a souligné que ces «recrutements ne sont pas conformes au décret portant organigramme type des collectivités territoriales qui lui-même n’est pas conforme à la réalité dans les collectivités territoriales». «Dans le décret fixant le nouvel organigramme type des collectivités territoriales, le cabinet du maire a entre autres, le directeur de cabinet, l’inspecteur des services municipaux, le chargé de la communication et des relations publiques et en dernier lieu, l’assistant ou assistante du maire. Il n’y a que ces quatre postes au niveau du cabinet du maire», a martelé l’expert en décentralisation qui déplore toutefois, un décalage entre les dispositions du nouvel organigramme type et la réalité qui existent au sein des villes comme Dakar et Rufisque. «Le but du décret portant organigramme type des collectivités territoriales était de mettre de l’ordre dans le fonctionnement des collectivités territoriales ou on avait autant d’organigrammes que de collectivités. Il fallait réorganiser et harmoniser tout cela», a-t-il renseigné avant de faire remarquer. «Seulement, cela n’a pas été le cas puisque, dans le cadre du décret portant organigramme type des collectivités territoriales, on a donné à certaines villes comme Dakar et Rufisque des organigrammes qu’elles ont dépassé depuis longtemps».

Poursuivant son explication, Amadou Sène Niang affirme qu’au niveau de l’organigramme type de la ville de Dakar, «on parle de division de la santé alors que la ville de Dakar a déjà une direction de l’action sociale et de la santé». «Il en est de même pour Rufisque qui a déjà une direction de la culture au moment où on parle dans le nouvel organigramme type de division de la culture», a-t-il insisté encore avant de plaider la réforme du décret portant organigramme type pour l’adopter à la réalité des villes.

Nando Cabral GOMIS 

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