L’Administration territoriale dans le dur

par pierre Dieme

Entre le chef de l’Etat, Macky Sall, et les administrateurs civils de Dakar, on ne semble pas parler le même langage au sujet des priorités des populations.

Entre le chef de l’Etat, Macky Sall, et les administrateurs civils de Dakar, on ne semble pas parler le même langage au sujet des priorités des populations. En effet, alors que le chef de l’Etat met le focus sur sa nouvelle trouvaille « Jokko ak Macky » pour draguer les jeunes de la région, à travers de nouvelles promesses de programmes et projets à coût de milliards, les administrateurs civils de la capitale sont plutôt préoccupés par la non-effectivité des précédents engagements de l’Etat. Lesquels pourraient déboucher sur de situations de crise, surtout pour ce qui est des engagements anti-inondations.

Décidément, entre le président de la République, Macky Sall, et les administrateurs civils (gouverneurs et préfets qui sont ses représentants officiels dans toutes les collectivités territoriales sur l’étendue du territoire national), il semble qu’on n’a pas la même lecture de la situation qui prévaut actuellement dans le pays. La preuve, dans la région de Dakar qui avait été fortement impactée par les inondations lors de l’hivernage de l’année dernière, au moment où le chef de l’Etat déploie toutes ses forces de séduction dans le cadre de sa nouvelle trouvaille « Jokko ak Macky » (une stratégie déplorée à la veille ses législatives pour draguer les jeunes de la région à travers de nouvelles promesses de programmes et projets à coût de milliards), les administrateurs civils de la capitale sont plutôt habités par un sentiment mitigé voire une sorte de peur bleue provoquée par la non-effectivité des précédents engagements de l’Etat.

Le mercredi 20 avril dernier, loin des nouvelles promesses du chef de l’Etat de doter Keur Massar d’un «  Programme spécial d’Aménagement et de Développement » et d’un « plan spécial de développement  » pour Pikine, formulées lors de ses échanges par visioconférence avec des jeunes de ces départements dans le cadre des rencontres «  Jokko Ak Macky », le gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall, a convoqué une rencontre sur le problème des inondations dans la capitale. Ils étaient ainsi nombreux, les administrateurs civils de la capitale, à prendre la parole pour exposer les priorités de l’heure de leur localité. Ainsi, prenant la parole, le sous-préfet de Dakar-Plateau, Djiby Diallo, après avoir demandé une prise en compte parfaite des points bas sur le long des projets d’infrastructures comme le Bus rapide transit (BRT), a été le premier à hausser le ton contre l’abandon des actions entreprises dans le cadre de la lutte contre les inondations, une fois l’hivernage écoulé, et que d’autres soient initiées à chaque saison des pluies ». Abondant dans la même dynamique, son collègue sous-préfet de Yeumbeul, Khadim Guèye, qui a déploré le fait que les aménagements annoncés à Yeumbeul n’ont pas été réalisés, a tenu à alerter sur le risque des troubles en cas d’inondation cette année dans sa localité.

RUFISQUE, KEUR MASSAR : LA PEUR BLEUE

 Il en est de même pour le département de Rufisque où le préfet, Serigne Babacar Kane, après avoir lui-aussi dénoncé le fait que des engagements de l’année dernière de l’Etat pour son département ne sont toujours pas respectés, dit craindre le pire pour sa localité en cas de fortes pluies. Ce fut le même sentiment d’inquiétude chez le représentant du chef de l’Etat dans le dernier né des départements. Prenant la parole lors de cette rencontre tenue à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture (CCIAD), le préfet de Keur Massar, Sahite Fall, a tout simplement mis en garde contre d’éventuels troubles à cause, selon lui, de l’indisponibilité de certains ouvrages qui étaient prévus pour le drainage des eaux pluviales. Il faut dire que cette crainte de voir la situation basculée à tout moment à cause de la non-disponibilité de certaines ouvrages promis par l’Etat pour soulager les populations de la capitale préoccupe également le directeur de l’Agence de promotion des investissements et des grands travaux de l’Etat (APIX), Mountaga Sy. En effet, prenant la parole lors de cette rencontre, le Dg de l’Apix a listé 13 points critiques qui doivent, selon lui, être pris en charge rapidement pour éviter des inondations de la plateforme et des riverains du TER. C’est dire à quel point l’administration territoriale risque de retrouver dans le dur et/ou sous le feu des populations si jamais la situation devenait critique dans la région de Dakar, avec un hivernage pluvieux.

Nando Cabral GOMIS 

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