And Gueusseum organise un sit-in national le 27 avril prochain à Louga, en prélude à la grève des 4, 5 et 6 mai. Ce, pour demander la mise en liberté provisoire des sages-femmes de la maternité de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye, incarcérées suite au décès d’une femme enceinte.
Le secteur de la santé est en pleine ébullition. Après le mot d’ordre de grève de 72 heures (du 20 au 22 avril) qui a été décrété par l’Intersyndicale de l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga, les travailleurs poursuivent leur combat. Ils protestent notamment contre les poursuites judiciaires visant six sages-femmes, après le décès d’une parturiente qui a ému le pays.
Dans le cadre de son 4e plan d’action et en prélude de la grève des 4, 5 et 6 mai, le Directoire d’And Gueusseum a choisi de tenir un sit-in national le 27 avril prochain à Louga, de 10 h à 14 h, avec l’Assemblée générale de région.
Ainsi, il entend témoigner sa compassion à l’endroit de la famille éplorée et des sages-femmes de la maternité de l’hôpital incarcérées. En outre, poursuit le président Mballo Dia Thiam dans une note reçue à ‘’EnQuête’’, ‘’sans discours populistes, And Gueusseum se démarque de toute posture va-t’en guerre, parce qu’il ne s’agit pas de faire entrave à la justice ou d’une quelconque pression sur le tribunal, mais d’une action de solidarité envers nos collègues, en marge du combat juridique mené par nos avocats’’. C’est aussi l’occasion, poursuit-il, de solliciter solennellement de la part de l’autorité judiciaire, ‘’la mise en liberté provisoire de (leur) s camarades présumées innocentes’’, en attendant le verdict du tribunal, selon M. Thiam.
‘’Une indemnisation des dommages causés à la famille’’
Vice-président de l’Alliance des syndicats And Gueusseum, Sidya Ndiaye déclare : ‘’Dans la précipitation, on a pris des mesures iniques. Aujourd’hui, ce sont des sages-femmes qui ont été incriminées. Or, les sages-femmes ont des supérieurs hiérarchiques. Nous disons que la justice doit faire son travail. Nous sommes d’accord, nous sommes ouverts à ce qu’il y ait une enquête sérieuse et indépendante. Mais nous ne pouvons pas accepter qu’il y ait une justice à géométrie variable. Or, c’est ce qui se passe aujourd’hui. C’est pourquoi, il y a une révolte qui a été sonnée. Nous allons nous battre pour que force reste à la loi et qu’on respecte le droit des uns et des autres.’’
En tout cas, ce samedi, une manifestation citoyenne a été organisée à Dakar pour « réclamer justice », après l’incident qui s’est déroulé à Louga et qui a ému le pays. Pour le collectif, « le cas d’Astou Sokhna est illustratif de la longue liste de drames que vivent les patients, en particulier les femmes en grossesse » dans les hôpitaux publics au Sénégal. Les manifestants exigent ‘’une suite judiciaire et impartiale dans l’affaire Astou Sokhna, une indemnisation des dommages causés à la famille » de la victime et de meilleures conditions de travail dans les hôpitaux.
De leur côté, les travailleurs de la santé alertent sur la situation déplaisante que traversent bon nombre d’hôpitaux sénégalais dont l’hôpital Aristide Le Dantec. Cet établissement qui accueille entre 800 mille et 1 million de patients chaque année est, comme d’autres structures sanitaires, au bord du gouffre. Une situation qui se reflète sur le personnel et sur la prise en charge des malades. C’est pour cette raison que les grévistes ne veulent pas que l’on mette la faute sur le dos des sages-femmes seulement.
Chef du Service d’urologie et président de la Commission médicale de l’hôpital Aristide Le Dantec, Alain Khassime Ndoye déclare : ‘’On n’est plus dans les conditions de délivrer des soins de qualité, avec un retentissement important sur la prise en charge des malades, mais aussi sur le comportement du personnel.’’
Selon lui, il y a un peu plus de 1 000 agents dans Le Dantec qui cèdent le plus souvent, ‘’parce qu’ils vivent une situation de stress’’, de découragement. Ainsi, ils adoptent de »mauvaises habitudes’’. Les manquements sont nombreux : problèmes de travaux publics, de matériel, de fonctionnement, d’adduction d’eau. Il y a des problèmes d’électricité, sources d’incendie. D’ailleurs, le président Macky Sall a annoncé la reconstruction de cet hôpital. Une annonce confirmée par le ministre de la Santé. ‘’Le plateau technique des structures sanitaires va être renforcé. Dans ce cadre, il est prévu la reconstruction de l’hôpital Aristide Le Dantec, conformément aux instructions du chef de l’Etat. C’est un projet de l’Etat du Sénégal qui sera réalisé en accord avec le personnel de l’hôpital’’, a indiqué Abdoulaye Diouf Sarr, lors d’une conférence de presse.
Mais les crises sont multiformes. Ainsi, pour l’heure, la lutte continue pour la libération des camarades de Mballo Dia Thiam, mais aussi pour la signature du protocole gouvernement-And Gueusseum et l’ouverture de négociations sérieuses sur le système de rémunération des agents de la santé et de l’action sociale, d’une part. D’autre part, l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas) exige le rétablissement du secrétaire général régional de Matam, Amadou Lamine Sano, dans ses fonctions de chef de Service des soins infirmiers de l’hôpital de Ourossogui, de même qu’El Hadj Tidiane Thiane, Infirmier chef de poste de Sourah de Touba, mais aussi ‘’l’annulation, à défaut de la révision sans délai, du contrat hôpital de Mbour-Polymed qui constituent un gage de paix et de stabilité sociale dans un secteur fréquemment perturbé par des décisions impertinentes ou arbitraires de manageurs néophytes dont les costumes sont trop amples dans leurs nouvelles fonctions d’emprunt’’.
BABACAR SY SEYE