La grève lancée hier par le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps) pour soutenir Dr Aïcha Goundiam Mbodji, propriétaire de la Grande pharmacie dakaroise, a exaspéré plusieurs malades. De 8h à 15h, ils ont valsé entre de nombreuses officines, frappés par les urgences mais privés de médicaments.
C’est un vendredi pas comme les autres. Le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps) a observé une grève générale de 8h à 15h, en baissant leurs rideaux, en guise de soutien à Aïcha Goundiam Mbodji, propriétaire de la Grande pharmacie dakaroise depuis 40 ans, poussée à la démission. A la pharmacie Front de terre, vers 12h, un groupe d’élèves occupent les marches. La quiétude inhabituelle des lieux est frappante.
«Il y a certains qui ne sont pas au courant de la grève. C’est sur place qu’ils ont été informés de la situation par le vigile qui est à côté», explique l’un d’eux. A la pharmacie Thierno Tyléré de Grand-Yoff, le mot d’ordre est aussi respecté comme le montre l’avis du Spps affiché sur le mur, entre les deux portes, au niveau de la petite fenêtre : «Grève des pharmaciens ce vendredi 22 avril 2022 de 8h à 15h pour le rétablissement des droits de Dr Mbodji, pharmacienne titulaire de la Grande pharmacie dakaroise depuis 40 ans.»
De Castors en passant par Dieupeul, Derklé et jusqu’à Liberté 5, Liberté 6, le mot d’ordre de grève du Spps a été suivi par les pharmaciens. Leurs portes étaient fermées. On ne pouvait trouver que les vigiles sur les lieux. A la pharmacie «La Miséricorde» de Derklé, la grève est également observée. Une dame d’une trentaine d’années, qui préfère taire son nom, vient expressément d’une clinique pour acheter son ordonnance.
Mais, elle s’est retrouvée en face d’une porte fermée. Elle soutient qu’elle n’avait pas eu écho de ce mot d’ordre de grève. «Je viens de l’autre pharmacie mais elle n’a pas ouvert. Ils sont en grève, tous les pharmaciens. C’est dangereux. Si les gens sont malades, comment ils vont faire ?», a-t-elle demandé. Elle a ajouté qu’il fallait au moins laisser une pharmacie de garde dans chaque quartier. «Mais fermer toutes les pharmacies et dire qu’on est en grève, c’est de l’irresponsabilité. Un taximan peut aller en grève, pas de problème les gens vont se débrouiller mais les pharmaciens, c’est une catastrophe», a-t-elle déploré.
Les pharmacies «El Hadji Ibrahima Niass», «Bagdad Khar Yalla», «Diaraaf Mbor Ndoye» et «Madiba» avaient baissé leurs rideaux de fer.
A 500m de la pharmacie «La Miséricorde», se trouvent d’autres officines. Parmi elles, il y a la pharmacie Diaraaf Mbor Ndoye, qui a baissé aussi ses rideaux. C’est le calme plat. Vêtu d’une tenue bleue, casquette sur la tête, un vigile informe les clients : «Qu’est-ce que vous voulez ? On est en grève.» «Depuis ce matin, des gens viennent ic,i mais on leur dit de repasser vers 15h», précise-t-il.
Choqué par ce mouvement, un homme ne cache pas sa colère : «Au nom de Dieu, tous les scenarios sont possibles. Tout le monde peut aller en grève sauf le secteur de la santé.
2h de temps même c’est trop, alors je ne parle même pas de 8h. On doit revoir le système et les raisons qui les ont poussés à aller en grève, afin que pareille situation ne puisse plus se reproduire dans ce pays.» Un homme renchérit : «Personne ne peut tolérer, dans une capitale comme Dakar, avec combien de millions d’habitants, que toutes les pharmacies soient fermées.» Selon Dr Assane Diop, président du Syndicat des pharmaciens, la grève a été respectée à 90% dans les 14 régions du Sénégal.
Par Ousmane SOW