Traquenards en série contre les automobilistes : Terreur sur la VDN3

par pierre Dieme

Inaugurée en 2016 par le chef de l’État, la section 3 du prolongement de la VDN s’étend sur 17 kilomètres. Ce tronçon qui relie Golf (Guédiawaye) à Tivaouane Peulh est une aubaine pour la banlieue et permet à la route nationale n°1 de souffler. « Vu que j’habite à Malika, c’est la voie qui m’arrange le plus », confie un usager. Mais cette infrastructure de deux fois deux voies est en train de devenir le pire cauchemar de ses pratiquants. Des malfaiteurs y sont en roue libre.
Moins de trois ans après son inauguration en grande pompe, un administrateur de société se souvient d’une mésaventure sur cette route. « Étant donné que j’ai des terrains à Tivaouane Peulh, j’emprunte souvent cette route. Mais un jour, alors que je revenais de Dakar, j’ai heurté un panneau de détresse juste après la descente du pont de Gadaye. Un scooter qui était devant moi l’avait déjà touché. Les pneus du véhicule ont été endommagés mais j’ai pu stationner quelques mètres plus loin pour pouvoir appeler un dépanneur. C’est sur ces entrefaites qu’un jeune est sorti des filaos pour s’enquérir de ma situation. Je lui ai dit que j’attendais un mécanicien, il m’a proposé d’aller en chercher dans les parages. Lorsqu’il est parti, un taximan est arrivé à mes pieds et m’a demandé ce que je faisais là. Quand je lui ai déroulé le film de ce qui s’est passé, il m’a déconseillé d’attendre le retour du jeune qu’il soupçonne d’appartenir aux bandes d’agresseurs qui écument la zone. Pendant qu’on discutait, un groupe de personnes est sorti des filaos et se dirigeait vers nous, armés de machettes. Nous sommes entrés dans le taxi et le chauffeur a démarré en trombe », raconte-t-il. Un épisode qui a des similitudes avec l’expérience d’un autre automobiliste.
« Dimanche dernier, juste après la rupture, je revenais de Dakar et je roulais à vive allure. Après la passerelle de Wakhinane Nimzatt, j’ai subitement remarqué des briques sur la route. Sentant un piège, je ne me suis pas arrêté. J’ai continué à rouler jusqu’au rond-point de Gadaye où je me suis senti en sécurité pour mettre la pédale douce », rembobine-t-il, en sourire. Il s’en sort indemne. On ne peut pas en dire autant pour les pneus du véhicule qui ont été lacérés par ces tas de pierres soigneusement placés sur le bitume.
Si ce ne sont pas des briques, les malfaiteurs qui sont en embuscade usent aussi d’œufs qu’ils jettent sur le pare-brise, attendant que le conducteur déclenche l’essuie-glace. « C’est l’erreur qu’il ne faut pas commettre », déconseille notre interlocuteur qui se remet peu à peu de cette agression ratée. Il y a deux ans, un de ses amis s’est fait froidement assassiner. Abdou Razak Kane était avec son amie lorsqu’ils ont été attaqués à hauteur de la passerelle entre Malika et Gadaye. Le sérigraphe ne s’est pas laissé faire. Ses bourreaux ne l’ont pas ménagé et lui ont assené plusieurs coups de couteau qui lui ont été fatals. Ses agresseurs ont été retrouvés par la police des Parcelles Assainies.
Cependant, leur arrestation n’a pas mis fin à l’insécurité qui prévaut dans cette zone. « Des amis de mon beau-frère l’ont échappé belle sur cette route. Ils ont failli se faire molester par deux agresseurs. Heureusement pour eux, le mari de ma sœur qui était en voiture est tombé sur la scène, de même qu’un car Ndiaga Ndiaye qui était derrière lui. Les agresseurs qui sont retrouvés en infériorité numérique ont pris la poudre d’escampette », témoigne un étudiant qui habite à Keur Massar.
« Ce n’est pas uniquement la VD3 qui est devenue un repaire de malfrats. C’est toute cette localité », généralise un étudiant.  « Le 11 avril dernier, je rentrais chez moi à moto. J’ai été agressé par deux personnes qui se déplaçaient à bord d’un scooter. Ils ont tenté de me déséquilibrer et ils ont réussi à emporter ma sacoche », rapporte l’étudiant qui affirme avoir ramassé quelques égratignures lors de cette mésaventure.
L’une des explications qu’il trouve à cette fréquence des agressions, c’est « l’absence d’éclairage public ». L’automobiliste qui a échappé à l’embuscade juste après la passerelle de Wakhinane Nimzatt va dans la même direction. « De Malibu à Tivaouane Peulh, il n’y a pas de lumière », dénonce-t-il. Quant à l’administrateur de société, il accuse le défaut de construction des autoponts.

À côté de ces « causes », l’ « invisibilité des forces de sécurité » dans cette agglomération est pointée du doigt.  « Pourtant, il y a un commissariat à Wakhinane et à Malika », s’étonne l’un des interviewés. Qui espèrent que des corrections seront apportées pour un meilleur usage de cette infrastructure routière dont l’utilité n’est plus un débat…

Dakaractu

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