Cancer de la peau, mortalités récurrentes, problèmes sociaux, dermatologiques et de vision, Mouhamadou Bamba Diop, président également de la FPVASA (Fondation des personnes vivant avec l’albinisme au Sénégal et en Afrique) parle.
C’est une complainte de désespoir jaillie du cœur que les personnes vivant avec l’albinisme au Sénégal ont émise, ce week-end à Thiès, au cours d’une conférence de presse organisée parla FPVASA (Fondation des personnes vivant avec l’albinisme au Sénégal et en Afrique), pour s’offusquer de « l’illettrisme inquiétant des albinos(98%), de nos problèmes de santé et d’accès adéquat (cancer de la peau), des mortalités récurrentes, nos problèmes sociaux, dermatologiques et de vision (ophtalmologie) ».
Elles sont plusieurs dizaines de femmes albinos qui se font violer tous les ans au Sénégal du fait de certaines croyances qui recommanderaient d’« entretenir des relations avec une albinos ». En période électorale, la psychose s’empare de beaucoup de familles du fait des tentatives d’enlèvement d’albinos. « En effet, leurs cheveux et leurs organes (langue, tête, doigt…) seraient très prisés dans certaines pratiques occultes », s’indigne le président de l’Association nationale des Albinos du Sénégal (ANAS), Mouhamadou Bamba Diop, président également de la FPVASA (Fondation des personnes vivant avec l’albinisme au Sénégal et en Afrique), qui évoque « les agressions et enlèvements dont font l’objet les albinos, et même parfois l’exhumation de leurs cadavres ».
Et de signaler des « cas d’assassinat et d’enlèvements survenus en période électorale ». La lutte contre la discrimination des enfants albinos et l’amélioration des conditions de vie des personnes atteintes d’albinisme ont été au centre des discussions, qui ont surtout permis de passer en revue « toutes les problématiques liées à la situation de ces ‘’opprimés’’ vivant dans un supplice corporel et moral horrible, qui souffrent dans leur chair et endurent l’expulsion d’une société prise en piège dans ses mythes et ses répugnances imprudentes ».
L’albinisme étant très peu connu au Sénégal, beaucoup d’ignorance et de fausses croyances ont pour effet une discrimination des personnes atteintes, souvent marginalisées, isolées, victimes d’abus. Aussi du fait qu’il reste « tabou », l’accès à l’éducation et à la santé leur est très difficile. « Nos droits sont bafoués », s’étrangle le président de l’Association des albinos du Sénégal, qui souffre le martyre comme tous les autres membres de cette communauté. Selon Mouhamadou Bamba Diop, « il existe très peu de professionnels de santé spécialisés dans ce domaine au Sénégal ».
Aussi de remarquer qu’« actuellement, aucun recensement des personnes albinos n’a été effectué au Sénégal, ce manque d’information freine la mise en place des projets et empêche une juste appréhension du phénomène ». L’Association nationale des Albinos du Sénégal s’indigne du fait que « beaucoup de mythes, le plus souvent discriminatoires, soient attachés à l’albinisme, ce, du fait de gens qui méconnaissent cette anomalie congénitale, dans une société qui tarde à briser le tabou ».
Dans les transports publics, certains refusent de s’asseoir à côté de nos « opprimés » qui souffrent de n’avoir pas joui convenablement de l’affection dont ils ont besoin au sein de la société. Parfois même on les pousse à la mendicité, ce entre autres formes de stigmatisation. La journée a aussi été mise à profit par l’Association nationale des Albinos du Sénégal pour procéder à la distribution, sous forme de dons, de nourritures, de crèmes solaires et hydratantes aux personnes albinos. Egalement des informations ont été partagées sur la construction et la situation du Centre pour la promotion et la réinsertion nationale des personnes vivant avec l’albinisme au Sénégal, dont l’objectif consiste à « résorber notamment l’extrême pauvreté de cette communauté et le défaut d’accompagnement de l’État (300.000 FCFA annuel) ».
Cheikh CAMARA, correspondant permanent à Thiès