Les députés de la majorité ont rejeté, en douceur mais fermement, le projet de loi sur l’augmentation du nombre de députés de 165 à 175. Les motivations avancées, c’est qu’avec l’augmentation du nombre de départements, il fallait aussi faire de même avec le nombre de députés pour se conformer à la loi. L’argumentaire était apparemment bien huilé, exactement comme d’habitude.
La majorité nous avait habitués à poser des arguments, à les défendre et ne pas céder d’y iota surtout quand il s’agit de projet de loi. Mieux, les différentes commissions s’étaient aussi réunies et jusque-là, le projet a survécu et ce qui voulait dire que la majorité mécanique allait avaliser ce qui a été décidé par l’Exécutif. Mais là, coup de théâtre, il n’en est rien. Un député introduit un amendement et propose de laisser le statu quo ante en procédant cependant à un réaménagement technique consistant à augmenter le nombre de députés élus au niveau de la liste majoritaire et en diminuant celui des députés de la liste nationale. Une excellente idée qui permet d’intégrer l’idée d’introduire de députés pour les nouveaux départements sans pour autant devoir augmenter d’une façon absolue, les députés qui vont siéger à l’Assemblée nationale.
L’augmentation est ainsi relative c’est à dire qualitative sans pour autant être absolue. Une excellente idée sans doute qui satisfait tout le monde. En clair, les députés, pour une fois, n’ont pas aveuglément voté une loi et ont dûment réfléchi pour sortir le pouvoir d’une situation où ses détracteurs n’hésiteraient pas à parler de forcing.
La réalité est qu’il y a eu beaucoup de pression sur les réseaux sociaux notamment et à travers la presse pour montrer qu’une bonne partie de l’opinion est contre le projet. Là aussi, les arguments avancés tenaient la route : cherté de la vie, augmentation tout azimut des prix des denrées, récession mondiale, chômage, pauvreté, etc. En clair, il se posait un problème de priorité et de nécessité de diminuer les charges de l’Etat. Pis, ils sont nombreux les sénégalais à s’interroger sur l’utilité réelle des députés du fait de leur propension à accepter tous les désidératas des autorités politiques. Le Parlement n’a pas ainsi une bonne presse au sein de l’opinion publique. Loin s’en faut.
C’est dire que ce qui s’est passé la semaine dernière devrait souvent se reproduire.
Même si nous ne connaissons le degré d’implication du Chef de l’Etat s’il a été mis au courant, nous estimons que l’Assemblée ne saurait être une simple chambre d’enregistrement, une caisse de résonance. Elle a un rôle de contre-pouvoir certain et de contrôle de l’action gouvernementale qui devraient être mieux assumés. Le geste ainsi posé est appréciable même si un seul acte posé ne suffit pas pour parler de tournant. Mais, on peut toujours rêver.
Assane Samb