On en avait le sentiment ; ce qui s’est passé hier au tribunal le confirme. Adji Sarr a tout d’une justiciable pas comme les autres. Protégée en permanence par trois policiers, libre de s’exprimer sur le dossier et même de l’internationaliser via les médias occidentaux, elle a aussi bénéficié de tous les égards lors de sa convocation par le Doyen des juges pour confrontation avec son ex-patronne. Cerise sur le gâteau, ses bruyants souteneurs ont été admis jusque devant le tribunal. Le parti-pris est manifeste. Et la mise en scène flagrante. De quoi alimenter à nouveau toutes les suspicions quant au traitement impartial de ce fameux dossier.
Décidément, plus on avance dans ce dossier, plus son traitement apporte de l’eau au moulin de ceux qui crient au complot contre le leader de Pastef, Ousmane Sonko. Et le déroulé de la convocation d’adji Sarr hier pour être confrontée à son ex-patronne, Ndèye Khady Ndiaye, n’a pas échappé à la règle. Depuis que cette affaire a éclaté, il y a un peu plus d’un an, Adji Sarr, manifestement n’est plus libre de ses mouvements, encore moins de ses propos. Accroché à ses basques à chacune de ses apparitions publiques, c’est son avocat Maître El Hadji Diouf, dont l’animosité envers le leader de Pastef est de notoriété publique, qui lui indique ses faits et gestes et lui dicte la teneur de son propos. Et la mise en scène est aussi grotesque que maladroite.
Une si flagrante mise en scène
La toute première apparition publique d’Adji Sarr avait annoncé la couleur. Apparaissant secouée, hésitante et cherchant systématiquement ses mots, elle avait à ses côtés Me El Hadji Diouf qui lui soufflait à l’oreille le moindre de ses propos. C’est à peine s’il ne s’était substitué à elle pour parler à la presse, en son nom.
Autre fait marquant : aussitôt sa plainte déposée à la gendarmerie contre Ousmane Sonko pour « viols répétés », l’ex-masseuse est éloignée de sa famille, placée sous protection policière et vivant dans divers endroits tenus dans le plus grand secret. Blanchie, logée et nourrie, elle est la toute première victime supposée de viols à bénéficier de tant d’égards. Comme si, pour avoir accusé le leader de Pastef de viols, elle était la pièce-maîtresse d’un dossier en béton qui pourrait précipiter la chute de celui qui apparait comme le mouton noir de l’actuel régime.
En tout cas, elle est choyée comme jamais aucune victime de viol ne l’a été. Elle est aussi instrumentalisée et ses sorties médiatiques minutieusement préparées comme lors du premier anniversaire des faits de viol dont elle accuse Ousmane Sonko. Pour rappel, elle a eu l’insigne honneur d’être interrogée presque simultanément par le journal « Le Monde », « France 24 » et « Jeune Afrique ». Excusez du peu ! Un privilège que peu de célébrités peuvent se permettre. Autant dire que tout cela parait très bien orchestré. Tout comme ses apparitions publiques font l’objet de mises en scène tellement manifestes qu’elles finissent par être trop maladroites. C’est le cas de son passage hier au tribunal. Tout se payant un petit bain de foule et marchant aux côtés de Me El Hadji Diouf, elle est apparue décontractée, entourée par ses gardes du corp et le sourire aux lèvres en entendant des voix féminines scander : «Justice pour Adji Sarr. Justice pour Adji Sarr». Moment choisi par Me El Hadji pour l’inviter à placer un mot. Et comme une automate, elle s’exécute : «Je dis oui à un procès». Et d’entrer dans le tribunal en compagnie de son conseil Me El Hadji Diouf.
Ses soutiens admis devant le tribunal : quid des souteneurs de Sonko ?
On aura surtout remarqué qu’il s’est passé hier quelque chose d’inédit pour un procès de cette nature. Les pro Adji Sarr ont eu en effet tout le loisir de lui manifester leur soutien jusque devant le tribunal. Du jamais vu pour un dossier sensible comme celui-ci. Ni Barthélémy Dias, ni Guy Marius Sagna, encore moins Khalifa Sall et Karim Wade n’ont jamais eu pareil privilège. En dépit de la volonté de leurs partisans de leur apporter leur soutien en se rendant au tribunal. Systématiquement, les abords du palais de justice ont été barricadés et ils ont été tenus éloignés du tribunal, contrairement à la mansuétude affichée hier à l’endroit des souteneurs d’Adji Sarr. Or, il s’agit manifestement là d’un précédent grave. Car, Ousmane Sonko devant se rendre lui aussi prochainement chez le Doyen des juges, on peut imaginer que ses partisans veuillent bénéficier du même traitement que les souteneurs d’Adji Sarr. Ce qui parait très improbable. Et le cas échéant, ils auront naturellement tendance à dénoncer un « deux poids, deux mesures » et à nourrir davantage de suspicions quant au traitement impartial de ce dossier au sujet duquel, seule la vérité doit triompher.
Momar DIONGUE