L’Intersyndicale des travailleurs du Centre hospitalier régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga (Chrasml) n’est pas d’accord avec la suspension de 8 agents dudit hôpital, non plus avec le limogeage du directeur. Elle réclame la démission de Abdoulaye Diouf Sarr. Face à la presse hier, les différents syndicats expliquent que c’est à la suite des mesures conservatoires prises aujourd’hui par la tutelle à l’endroit du personnel impliqué, qu’il devient pour eux un devoir impérieux de rompre le silence.
Cela face aux « sanctions prématurées » entreprises, alors qu’une enquête suit son cours et que surgissent des manipulations qui jettent à la vindicte populaire, d’honnêtes personnels de santé, qui ont voué leur vie entière à soigner, à guérir et à alléger les peines de leurs concitoyens. « Il n’est pas commode de nous désigner comme boucs-émissaires au niveau local, pour des manquements endémiques qui engagent l’Etat et dont nous savions tous qu’ils produiraient immanquablement des tragédies de ce genre », a prévenu Souleymane Loucar.
Le porte-parole de l’intersyndicale estime que comme tout justiciable de ce pays, « nos sages-femmes et gynécologues doivent bénéficier d’une présomption d’innocence » que leur garantit la loi, jusqu’à ce que l’enquête prouve leur culpabilité ou leur innocence. « Cette mesure est d’autant plus aberrante, que malgré cet événement tragique, l’hôpital continue de fonctionner et nous continuons de délivrer nos soins à des milliers de nos concitoyens », a déploré le syndicaliste. Or, cette sanction précipitée handicape lourdement le fonctionnent déjà précaire de la maternité qui ne compte actuellement que 2 gynécologues contractuels et 15 sages-femmes réparties en 5 équipes, qui se relaient aux gardes et astreintes de la salle d’accouchement. « Il apparaît clairement que dans cette atmosphère émotionnelle propice aux surenchères et à la manipulation, il existe une volonté manifeste de nous jeter en pâture », a défendu M. Loucar.
« Une enquête situant les responsabilités à tous les niveaux »
« Le président de la République vient de limoger notre directeur. Dans un pays où la justice place tous les citoyens au même niveau, le ministre de la Santé et de l’Action Sociale devait alors être démis de ses fonctions, s’il n’a pas daigné lui-même présenter sa démission », a-t-il fustigé. Plus que quiconque, estiment les syndicalistes, il est « responsable » de la situation actuelle, qui fait de nos concitoyens, patients comme personnels de santé, des victimes de plusieurs années de manquements. « Toute faute doit être sanctionnée et nous demandons à ce qu’elle le soit, toutefois nous exigeons que cela soit fait de manière impartiale et au terme d’une enquête rigoureuse, situant les différentes responsabilités à tous les niveaux », disent-ils.
Enfin, en réponse aux mesures conservatoires prises et l’exigence légale et légitime de soins de qualité par la population qui passe nécessairement par des locaux adaptés, un relèvement du plateau technique et des ressources humaines suffisantes et qualifiées, l’intersyndicale du Chrasml décide de suspendre toutes participations aux activités de soins à la maternité qui ne répondent pas aux normes qualitatives requises à compter de ce jour en conformité avec l’article 4 du code de la déontologie médicale.