Dakar est le point de ralliement de ressortissants de pays de la sous-région qui s’adonnent à la mendicité. Le constat est que certains d’entre eux sont forcés à la pratique. Leur activité sert de gagne-pain à des individus qui profitent de leur vulnérabi
Dakar est le point de ralliement de ressortissants de pays de la sous-région qui s’adonnent à la mendicité. Le constat est que certains d’entre eux sont forcés à la pratique. Leur activité sert de gagne-pain à des individus qui profitent de leur vulnérabilité.
L es 25 et 26 mars, deux vols affrétés par le gouvernement nigérien ont ramené de Dakar 478 enfants, 413 femmes et 162 hommes, tous ressortissants de Kantché et Magaria, deux départements de la région de Zinder, au Niger. Tout est partie d’un reportage de la télévision du groupe Emedia Invest. Le constat étant une cohorte d’individus, composée majoritairement de femmes et des enfants qui ont élu domicile dans la rue, leur refuge après des journées de mendicité.
Le gouvernement nigérien, qui a décidé de ramener ses fils au bercail, a expliqué cette vague de migration par un réseau de trafic organisé. «Ce n’est pas la misère qui est à la base de ce phénomène, mais des réseaux mafieux organisés qui procèdent à la traite et au trafic de ces êtres humains», avait déclaré le ministre nigérien de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, à l’accueil de ses compatriotes de retour au pays, dans une déclaration transmise par Voa Afrique. La source ajoute aussi que le gouvernement nigérien s’est engagé à poursuivre, devant les juridictions compétentes, tous ceux qui entretiennent ce réseau criminel. La télévision nationale nigérienne, expliquant toujours les causes de cette ruée vers le Sénégal, a donné l’exemple d’un chef de famille qui, après chaque récolte, prend une nouvelle épouse et envoie les autres à l’aventure et à la quête de pitance à l’étranger. Ce rapatriement n’est qu’une preuve de la forte présence de personnes qui s’adonnent à la mendicité dans la capitale.
Sur les grandes artères, au niveau des intersections/ronds-points, feux-rouges… les mendiants ont fini par s’imposer au décor. Ils sont majoritairement des femmes et des enfants. Ces enfants, mêmes malades, sont trainés sous le soleil. Ils viennent des pays de la sous-région. Alors que le Sénégal peine encore à endiguer le mal, la pratique prend une proportion importante. Les mesures prises par les autorités n’ont jamais été à la hauteur du phénomène. L’on se rappelle des premières heures de la Covid-19, période pendant laquelle les instructions du président de la République, Macky Sall, avait suscité une vaste organisation de rapatriement d’enfants dans leurs pays d’origine.
En effet, lors du Conseil du ministre du mercredi 6 mai 2020, il avait donné l’ordre au ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, Ndeye Saly Diop Dieng, d’accélérer le retrait des enfants des rues. Mieux, il avait aussi donné instruction à son gouvernement de travailler avec les autorités diplomatiques concernées afin que le rapatriement de toute la cible soit effectif. Seulement, le résultat engrangé n’a jamais été à la hauteur de l’ambition fixée. Et dire que la Covid-19 n’a pas été l’unique opportunité pour l’Etat d’annoncer des mesures pour mettre fin à l’errance dans les rues.
Déjà en 2016, le président Macky Sall, lors d’une déclaration après la prière de la Korité, avait dit : «j’ai donné des instructions très fermes au gouvernement pour mettre un terme à cette image insoutenable d’enfants abandonnés dans la rue. Ce n’est pas parce qu’ils sont issus de milieux pauvres ou modestes qu’on doit les laisser à la merci de la rue». D’ailleurs, avec Macky Sall, le Sénégal n’est pas à son coup d’essai. Une vive polémique avait suivi la volonté du président de la République, Abdoulaye Wade, d’en finir avec la mendicité en 2010.
Fatou NDIAYE